Ibrahim El Rachidine et les membres de sa cour sont accusés par les autorités administratives de la région du Nord d’avoir assassiné un adolescent dans la soirée du lundi 31 janvier 2022. Le corps sans vie d’Ali Youssouf a été exhumé mercredi 2 janvier 2022.
C’est le branle-bas dans le lamidat de Garoua, département de la Bénoué, région du Nord. Dans un message porté signé du gouverneur de la région du Nord informant le préfet de la Bénoué, le procureur général près la cour d’appel du Nord et le commandant de la légion de gendarmerie de l’ouverture d’une enquête à la suite d’un meurtre déguisé au lamidat de Garoua et dont la victime, Ali Youssouf, âgé de 16 ans a été enterré précipitamment dans la matinée du 1er février 2022 au cimetière musulman de Garoua.
Le mercredi 2 février 2022, le préfet du département de la Bénoué a, par un arrêté, autorisé l’exhumation du corps. Chose qui s’est faite aux environs de 17h ce même mercredi en présence du Procureur de la République près les Tribunaux de Garoua, accompagné des forces de maintien de l’ordre et des autorités administratives de la Bénoué. Le corps de l’adolescent présentant des sévices corporels visibles, ainsi que des traces de torture à la machette est mis sous scellé à la morgue de l’hôpital régional de Garoua. Selon les premiers éléments de l’enquête que dirige le Procureur de la République près les Tribunaux de Garoua, l’adolescent a succombé après avoir été torturé à coups de machettes et privé d’eau et de nourriture pendant 24h. Selon diverses sources proches de l’enquête, Ali Youssouf serait le neveu d’Ibrahim El Rachidine, le lamido de Garoua. Le fils unique de sa sœur consanguine. Il a été conduit au lamidat à la suite d’une plainte de sa génitrice demandant à son frère cadet le Lamido de Garoua de l’aider dans la récupération de son fils, élève au lycée technique bilingue de Garoua devenu un peu turbulent ces derniers temps.
Dans l’entourage du lamido de Garoua, l’argument donné est celui de la tentative d’assassinat avec poignard, de la mère du jeune Ali Youssouf, par son fils unique devenu drogué. Elle va l’enfermer dans une chambre avant de faire appel à son petit-frère, le commandant Ibrahim El-Rachidine, lamido de Garoua. Sur place, les dogari vont le conduire au lamidat où il va succomber à une overdose de chanvre. Argument battu en brèche par certains membres de la Faada du monarque de Garoua qui témoignent que le jeune Youssouf a été enfermé dans une cellule où il était torturé à tour de rôle par un groupe de cinq notables (Dogari) sous la conduite du lamido de Garoua. Le jeune élève de classe de Terminale au lycée technique bilingue de Garoua va succomber après avoir reçu de nombreux coups de machettes. Sorti de la salle de torture, le lamido va faire appel à certains proches pour informer sa sœur ainée de la disparition de suites d’overdose de son fils. Il ordonnera son inhumation le mardi 01 février 2022 en matinée.
Approché par le Jour, le procureur de la République près les Tribunaux rassure que la lumière sera faite sur cet assassinat et que les complices et commanditaires seront poursuivies. Une autre source à la légion de gendarmerie du Nord à Garoua a confié sous anonymat que le lamido Ibrahim El Rachidine et trois personnes sont gardés à vue à la brigade de recherche de Garoua sur instruction du Procureur de la République près les Tribunaux de Garoua.
Né en 2003 à Garoua, Ali Youssouf était un brillant élève du lycée technique bilingue de Garoua, qui porte le deuil. Inconsolables, ses camarades de classe se sont rendus au domicile de sa mère sis au quartier Laïndé au lieu-dit carrefour hôtel Quilombo pour apporter leur réconfort à la maman qui n’avait pour seul enfant que leur camarade Ali Youssouf. À son domicile, la pauvre maman ne cesse de répéter comme un refrain, ces paroles en pleurant : » El Rachidine a tué mon Papi. Qu’il me tue aussi une fois. Je n’ai plus de raison de vivre ». Depuis la soirée de mercredi, la mère de la victime est gardée à vue dans une cellule de la gendarmerie à Garoua.
Dans un communiqué rendu publique hier jeudi 4 janvier 2022, le Lamidat de Garoua affirme que le jeune Ali Youssouf est mort d’un arrêt cardiaque. Et que des hommes tapis dans l’ombre veulent ternir l’image du Lamido Ibrahim El Rachidine.
En attendant les conclusions de la double enquête administrative et judiciaire, cet autre drame vient une fois de plus ternir l’image du lamidat de Garoua écorné depuis l’intronisation du commandant de l’armée Ibrahim El Rachidine, qui a fait sa tasse de thé, la torture des Djaouros (chefs de 3e degré) et Lawanes (chefs de 2e degré) de sa cour.
