L’affaire est d’importance majeure pour l’économie camerounaise. Au port de Douala, 665 conteneurs appartenant à Congelcam SA, le leader de la commercialisation de poisson au Cameroun, sont bloqués depuis février 2023. Un différend commercial avec la Régie du Terminal à Conteneurs (RTC) en est la cause, entravant l’activité et causant une saturation sans précédent du port.
La Responsabilité du RTC et des Transporteurs Maritimes
Selon Congelcam SA, dirigé par le milliardaire Sylvestre Ngouchinghe, le RTC et les transporteurs maritimes sont à blâmer pour ce désastre logistique. Ceux-ci auraient manqué à leurs obligations, causant la détérioration de la marchandise. Plus précisément, la RTC aurait déchargé les conteneurs de produits halieutiques sans les connecter à l’alimentation électrique nécessaire à leur conservation, provoquant ainsi leur avarie.
Des Conteneurs Avariés
L’entreprise a déjà détecté des produits avariés dans plusieurs conteneurs, ajoutant à la tension du conflit. Selon Congelcam, la RTC a mis de côté 27 conteneurs jugés avariés. Toutefois, une inspection immédiate de 10 conteneurs a révélé que 7 étaient effectivement avariés. Cette situation renforce la demande de Congelcam d’inspecter tous les conteneurs avant leur enlèvement.
Rupture de la Chaîne de Froid
Une enquête interne de Congelcam a révélé que plusieurs conteneurs sont restés débranchés pendant des jours, voire des semaines. Cela a entraîné une baisse drastique des températures et une rupture de la chaîne de froid, ce qui est particulièrement préjudiciable pour le poisson, une denrée hautement périssable.
L’Accusation de la RTC
De son côté, la RTC accuse Congelcam d’avoir utilisé le Terminal à Conteneurs comme lieu de stockage, provoquant ainsi une saturation du port. Elle affirme également que Congelcam a importé près de 3000 conteneurs de poisson au cours des quatre premiers mois de l’année 2023, dépassant ainsi largement ses capacités d’accueil et d’écoulement.
Impasse et Arbitrage Nécessaire
Malgré plusieurs réunions avec les responsables des douanes, de l’environnement et de la santé, l’impasse persiste. Le RTC et les transporteurs maritimes s’opposent toujours aux contrôles de qualité qui auraient permis d’évacuer les conteneurs en stock. À ce stade, un arbitrage est nécessaire. Le ministre du commerce, Luc-Magloire Mbarga Atangana, a d’ailleurs convoqué une réunion pour le 7 juin, dans l’espoir d’arriver à une conciliation.
Ce conflit illustre l’importance cruciale de la gestion de la chaîne du froid dans l’industrie du poisson, ainsi que les conséquences potentiellement désastreuses de sa rupture. Le poisson avarié non seulement entraîne des pertes financières énormes, mais présente également un risque sanitaire majeur pour les consommateurs. C’est un rappel crucial de la nécessité d’une logistique et d’un stockage appropriés, ainsi que d’une coopération efficace entre les différents acteurs de la chaîne d’approvisionnement.
Les Enjeux Économiques
Ce conflit a des implications économiques importantes, pas seulement pour Congelcam et le RTC, mais pour l’ensemble de l’économie camerounaise. Congelcam étant le principal fournisseur de poisson du pays, la perturbation de ses opérations pourrait avoir des conséquences sur les prix des produits halieutiques, sur l’emploi et plus généralement sur la sécurité alimentaire du pays.
Les Conséquences sur la Réputation du Port de Douala
La réputation du port de Douala, qui est un maillon clé dans le commerce de la région de l’Afrique Centrale, est également en jeu. Les conflits commerciaux de cette envergure peuvent décourager les entreprises de travailler avec le port, ce qui pourrait avoir des conséquences à long terme sur le commerce régional et la position du Cameroun en tant que centre de transit.
Quelle Solution pour Sortir de la Crise ?
Pour résoudre cette crise, une approche multifacette est nécessaire. Il faut non seulement résoudre le conflit immédiat, mais aussi mettre en place des mesures pour éviter que de tels problèmes ne se reproduisent à l’avenir. Cela pourrait comprendre des améliorations dans la gestion du terminal à conteneurs, des garanties supplémentaires concernant la chaîne du froid et une meilleure coordination entre les acteurs impliqués.
Au final, il est clair que ce conflit a révélé des problèmes systémiques qui nécessitent une attention sérieuse. Les solutions doivent non seulement répondre aux problèmes immédiats, mais aussi prendre en compte la nécessité d’un développement durable et résilient du secteur de la pêche et de l’économie camerounaise dans son ensemble.
TTSO / 237online.com