Cameroun: La Côte d'Ivoire parle au Cameroun

La chaleur suffocante de cette après-midi du 10 janvier 2014 à Abidjan n’empêche par la myriade de journalistes africains venus de plusieurs pays du continent noir d’être quelque peu baba face au spectacle qu’on leur présente. Nous sommes à la base de la Socoprim, entreprise chargée de construire le pont Henri Konan Bédié. Les travaux sont herculéens. Inutile d’en faire une description: l’on sent bien qu’ici, la volonté de conduire à terme l’ouvrage y est. Au loin, l’on distingue parfaitement le pont qui a déjà bien avancé sur la lagune Ebrié. Les deux journalistes camerounais présents sur les lieux échangent un coup d’œil rieur lorsqu’ils observent la maquette de l’ouvrage: rien à voir avec les « échangeurs » ou les ponts dont on parle au Cameroun. La maquette fait plutôt penser à une vue aérienne de Las Vegas. Difficile en réalité de penser que ce pays vient à peine de sortir d’une guerre de près de 10 ans.

En fait, pour ces représentants des médias dont la plupart débarquent pour la première fois en Côte d’Ivoire, c’est un émerveillement de découvrir la principale ville du pays. Et l’on ne peut ne pas comparer ce que l’on voit ici avec ce qui se passe au bled. Tout camerounais soucieux du développement de son pays devrait rougir, lorsqu’il emprunte plusieurs artères d’Abidjan. Les routes, pour ne citer que cet exemple, sont en réalité de grands boulevards. Très souvent, ce sont les 2 fois 3 voies. A Douala et Yaoundé, on en compte presque pas. Les échangeurs aussi sont très nombreux: environ une dizaine que nous avons traversée lors d’une visite guidée des chantiers. Et là encore, n’allez pas comparer avec les «échangeurs simplifiés » pour lesquels les officiels camerounais se bombent le torse à Yaoundé.

Tout n’est pas beau, certes, à Abidjan. Mais, il y a de quoi émousser le chauvinisme légendaire des Camerounais. Prenons un autre exemple: la compagnie nationale de transport aérien. Un an après ses activités, ses résultats semblent encourageants. Air Côte d’Ivoire a déjà 4 aéronefs et est en train d’en acquérir deux autres, pour avoir d’ici la fin d’année 7 à 8 avions. Camair-Co, qui est vieille de deux ans plus qu’elle n’en a que trois: le troisième avion a été «gracieusement » offert par la Chine; à condition qu’on emprunte de l’argent à Exim Bank of China pour en acquérir trois autres. A bord des avions d’Air Côte d’Ivoire, on a du mal à imaginer que l’on voyage en classe économique. Le diner, par exemple, est servi au choix, accompagné d’une boisson également de votre choix: vin rouge, whisky, champagne, bière, jus ou de l’eau. Menu complet.

Mais, revenons aux aéroports. Celui dénommé Félix Houphouët Boigny, le plus important de la Côte d’Ivoire, est loin, très loin en avance sur Douala, la principale plateforme camerounaise. Pendant l’attente, ne vous inquiétez pas de la chaleur: tous les espaces sont climatisés. Au débarquement à Douala, les deux journalistes camerounais n’ont pas manqué, encore une fois, de rigoler sur le contraste. Alors qu’il est 23 heures, l’air chaud envahit les poumons des passagers. La policière chargée de signer le ticket de débarquement se sert d’un ventilateur pour avoir un peu d’air frais. On pourrait bien regretter le retour au bercail. Encore que, quand l’Homme-Lion reviendra de son Mvomeka natal où il s’est retiré pour quelques jours, les habitants de la capitale camerounaise souffriront pendant une demi-journée à cause des embouteillages dus au barrage imposé pour son passage. Lorsque Ouattara sortait de son palais pour aller accueillir le premier ministre japonais, en visite officielle, les abidjanais n’ont pas souffert de cela. En beaucoup de points, la Côte d’Ivoire parle au Cameroun…

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