Cameroun: Fotokol, ville cruelle

Ceux qui ont connu Fotokol auparavant, savent que c’était une ville chaude, conviviale.Le business y prospérait. L’argent circulait. La contrebande s’est installée et a été incorporée dans les habitudes à un point où certains la confondait à une activité légale. Les policiers, douaniers et gendarmes payaient le prix fort pour se faire affecter dans cette ville qu’ils ont surnommé «le miel». En effet, Fotokol est un arrondissement situé dans le département du Logone et Chari, à l’Extrême-Nord. Cette contrée est par ailleurs frontière à Gambaru, ville nigériane située juste en face, de l’autre côté de la rivière El Beid asséchée une bonne partie de l’année.
Un pont sépare les deux villes. Sociologiquement, de part et d’autre de la frontière, on rencontre les mêmes groupes ethniques. Des familles se sont constituées le long de la frontière. L’expansion du groupe terroriste d’un territoire pour un autre est bien possible. Les différents officiers opérationnels rencontrés dans la région de l’Extrême-Nord, sont parfois embarrassés lorsqu’on leur demande le rôle de la population dans la restauration de l’ordre sécuritaire dans cette zone. Les réponses sont hésitantes. Relativisées quelquefois. Une source sécuritaire confirme bien qu’il est possible d’avoir des sympathisants de Boko Haram au sein de la population. On sait aussi que l’unité de renseignement de ce groupe terroriste est dissimulée parmi les habitants du coin. Là-bas, on est sur ses gardes. Le maire de Fotokol est actuellement en détention à Kondegui, pour complicité avec l’ennemi. Plusieurs autres arrestations on été faites en silence. Cette ville est infectée. La précision des attaques apportent des précisions pertinentes. Fotokol a plusieurs fois été la cible d’attaques terroristes. Des roquettes ont été lancées à maintes reprises en direction de cette ville. Mais l’attaque la plus spectaculaire et la plus sanglante sur le sol camerounais a eu lieu le 4 février dernier. Ce jour-là, aux alentours de 5h30, des adeptes de Boko Haram ont fait une incursion dans la ville. Pendant que certains égorgeaient des villageois dans leurs maisons, d’autres ont pris d’assaut une mosquée. Ils ont rassemblé les fidèles qui s’y trouvaient et ont ouvert des rafales d’armes automatiques. Des corps calcinés ont été également découverts dans des maisons. C’était le spectacle de la violence, fait-on savoir. Entre-temps, une autre unité s’est contentée de contrecarrer la riposte des éléments du Bir de Fotokol. Les combats étaient rudes. Fotokol constitue l’un des points d’échanges commerciaux entre l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest. Cette position fait de cet arrondissement un enjeu important pour Boko Haram.

[b]I.H[/b]

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