Cameroun: Etoudi fait main basse sur les maisons des pauvres

Logement sociaux

Elle vient de préempter, au bénéfice de la direction de la sécurité présidentielle, la moitié des 120 logements sociaux témoins du camp SIC d’Olembe à Yaoundé.
Ceux qui ont assisté, hier à Olembe, à la remise symbolique de 60 logements sociaux à la Direction de la sécurité présidentielle (DSP) peuvent s’interroger sur le sens de l’expression « logements sociaux ». 237online.com D’abord à cause du profil du client. Ensuite sur la nature de la marchandise. Enfin, le montant déboursé. C’est donc à « un corps d’élite de l’armée », selon les mots même du ministre de l’Habitat (Minhdu), Jean Claude Mbwentchou, maître de ladite cérémonie de remise symbolique des clés, qui a acquis 60 logements sociaux sur les 120 déjà disponibles. Soit exactement la moitié des maisons à l’origine dédiés au social, et donc aux pauvres. Montant de la transaction: 1 milliard 248 millions 185 FCFA. Ce qui revient à peu près à 20,8 millions de FCFA l’unité. Un prix social ? CQFD. Le Minhdu a aussi expliqué comment la présidence de la République a préempté ces immeubles. « Sur les 160 logements d’Olembe de la première phase, la présidence de la République en a acquis 60. Je dis bien acquis. Pour un montant 1 248 000 185 FCFA. Et elle a donc décidé d’affecter ces 60 logements au secrétariat général de la présidence [de la République] qui l’a mis à la disposition de la Sécurité présidentielle. Et nous avons constaté que les travaux de concession traînaient. C’est-à-dire l’eau, l’électricité et le téléphone. Avec un partenariat avec la DSP nous avons dons signé une convention avec le génie militaire qui intervient ici comme prestataire de service. Et il se trouve que cette enceinte a été attribuée à un corps d’élite de l’armée. Ça été une bonne occasion pour le génie militaire de montrer son savoir-faire », a révélé Jean Claude Mbwentchou. La DSP bénéficie également d’un traitement princier à Olembe. Car le directeur général de la Société immobilière du Cameroun (SIC), Gabriel Bengono, a révélé au cours de la même cérémonie que dans l’enceinte de la première tranche des 120 logements il n’y a que les 60 logements de la DSP qui se trouvent dans la barrière. « Chaque immeuble comprend 20 logements. En face de moi, les bâtiments BA, et BB, contiennent des logements de quatre pièces dont la surface varie entre 111 et 115 mètres carré. Et derrière moi, ce sont les appartements qui comprennent les logements T5, de l’ordre de 130 mètres carré », a-t-il indiqué. Avant de faire une autre révélation de taille sur ces logements dits « sociaux » : « D’emblée je préfère vous dire que, lorsque le ministre Mbwentchou a pris service, on est tombé d’accord que ces logements étaient trop grands pour des logements sociaux. Donc au jour d’aujourd’hui, dans la suite du projet nous avons pensé recalibrer les surfaces pour pouvoir proposer effectivement des logements sociaux ». Comme pour équilibrer son propos, Jean Claude Mbwentchou a promis que les autres logements sociaux seront acquis par tous les Camerounais qui le souhaitent. D’autant plus que le reste des 380 habitations du site d’Olembé devrait être achevé cette année 2016. Ce qui fera au total 500 logements faisant partie du projet de construction de 10 000 logements sociaux dans les principales villes du pays. Ce programme de 10 000 logements comprend pour le moment 500 à Olembe, à Yaoundé, et 1175 à Mbanga-Bakoko, à Douala. Quoi qu’il arrive par la suite, la DSP a déjà ses logements.

Les riches habitent les maisons des pauvres
Aussi curieux que cela puisse paraître, la Société Immobilière du Cameroun soutient qu’elle fait du logement « social ». Par exemple, elle propose en vente clés en main, des logements de 4, 5 et 6 pièces (villas et duplex) au lieu-dit Nkolondom, Yaoundé 1er, des logements disponibles à partir 37,6 millions FCFA. A Olembe, il faut débourser entre 17 et 23 millions de FCFA pour un logement. Entre temps, ceux pour qui sont destinées les logements sociaux ont un salaire minimum garanti par la loi est de 36 270 FCFA. Tout calcul effectué, pour qu’un citoyen camerounais payé au Smig puisse acquérir les logements « sociaux » de minimum 17 millions de FCFA, il lui faut garder tout son salaire pendant près de 468 mois. Soit près de 40 ans. Toute une vie. Trouvez l’erreur.

Sylvain Andzongo

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