Cameroun – Dysfonctionnements : La révolte des partenaires de la Régie du PAD

La RTC au bord de la faillite

Il souffle un vent de révolte, depuis l’entrée en service de la Régie sur les bords du Wouri.

Les dysfonctionnements et abus de la Régie du Pad ont concentré la plupart des critiques des organisations professionnelles des chargeurs, importateurs et exportateurs, commissionnaires en douane agréés et transitaires, acconiers, armateurs et consignataires lors de la réunion du Comité national de facilitation des échanges (Conafe), tenue le 21 janvier à Douala. Consacré aux frais d’encombrement pratiqués sur la place portuaire de la métropole économique, ledit conclave a été l’occasion, pour les représentants de ces corps de métier, de fustiger des pratiques proches des embuscades.

Il a ainsi été rappelé que les délais de passage des marchandises conteneurisés à l’importation malgré toutes les initiatives entreprises par toutes les instances, grèvent sérieusement la compétitivité du Port et ternissent l’image du Cameroun au plan du climat des affaires. Pour ces partenaires, et s’agissant des marchandises à l’exportation, y appliquer de nouveaux surcoûts sur l’encombrement «contribuerait à réduire leur compétitivité, ce qui irait à contrecourant de la politique gouvernementale de promotion des exportations La mesure actuelle risque donc, ont-ils soutenu, d’être contreproductive pour les exportations camerounaises. Sans compter que l’application des frais d’encombrement aux marchandises en transit, dans le contexte actuel de fermeture de plusieurs frontières et des lourdeurs pesant encore sur les formalités de transit, est inappropriée en dépit de la pertinence reconnue de ce tarif par la partie tchadienne.

La délégation tchadienne, justement, a particulièrement mis en exergue la complexité actuelle des procédures du transit dont l’un des obstacles majeurs est la formalité de délivrance de la lettre de voiture internationale (Lvi) par le Bureau de gestion du fret terrestre (Bgft), qui constitue un grand goulot d’étranglement. Dans l’impossibilité de faire un enlèvement des marchandises en transit en 15 jours, il apparaît paradoxal, pour les organismes professionnels, d’appliquer les frais d’encombrement auxdites marchandises qui seraient forcement tous assujettis audit paiement.

A leur avis, la franchise de 15 jours, retenue pour l’application des frais d’encombrement, est très courte au vu de la complexité actuelle des procédures de passage portuaire qui ne permettent pas, dans la plupart des cas, d’achever les formalités à temps et d’enlever les marchandises dans les délais prescrits. Pour plusieurs participants à ladite réunion, le Pad et son bras séculier devraient au préalable assainir et simplifier les procédures avant de prendre toute nouvelle mesure répressive à l’encontre des chargeurs. «Par conséquent pour eux, la mesure de la Rtc semble donc ignorer l’état actuel des procédures de passage au Port de Douala et mériterait d’être suspendue jusqu’à l’amélioration de l’environnement des procédures.»

Déclarer aujourd’hui, jugent les professionnels, que les procédures sont plus lourdes, contrairement à la réalité, c’est dénigrer le travail abattu par leurs instances. Le niveau des frais appliqués été jugé très élevé et inapproprié, malgré les explications données par la Rtc pour justifier sa base de calcul. Il apparaît aussi un effet de double peine, pour les chargeurs du fait de ces nouveaux frais venant sanctionner le séjour prolongé des conteneurs, lequel est déjà assujetti aux pénalités de stationnement et aux surestaries. Une pratique proche du braquage, et qui «risque d’entamer sérieusement la compétitivité du Port de Douala, étant donné que l’on n’appliquerait pas des frais similaires dans les ports voisins concurrents».

Selon certains participants à la réunion de Douala, dans plusieurs cas, la Rtc fait «passer les mêmes conteneurs plusieurs fois au scanner du fait de la non disponibilité des images issues des opérations de scanning initiales». Des reprises d’es opérations qui sont aussi des circonstances de perte de temps pour les chargeurs, contraints à attendre leur issue pour déclencher leurs formalités de passage portuaire des marchandises, alors qu’entre-temps le délai de franchise n’est pas suspendu». Dans la même veine, service de facturation de la Rtc se caractérise par le nombre très réduit des agents, au regard du volume des dossiers à traiter, l’arrêt du service de facturation aux heures de pause ou encore les longs délais de réponse aux demandes de facturation en ligne, s’élevant en moyenne à deux jours.

Diane Abada, INFO MATIN

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