Depuis les berges du Mézam jusqu’aux côtes du Mémé, le Cameroun est plongé dans une crise humanitaire tragique, où les civils se retrouvent coincés entre les feux croisés du conflit armé au Noso. Malheureusement, ce drame passe souvent inaperçu dans les grands titres internationaux.
Une vingtaine de victimes en deux semaines
Au cours des deux dernières semaines, le Nord-Ouest et le Sud-Ouest du Cameroun, également appelés Noso, ont été le théâtre d’exécutions sommaires et extrajudiciaires ayant coûté la vie à plus de vingt personnes, militaires et civils. Parmi ces victimes figurent des personnes vulnérables comme un sourd-muet, une mère allaitante et des femmes qui se sont retrouvées pris dans ce conflit incessant.
Big Babanki : Un village sous tension
Dans l’arrondissement de Tubah, département de la Mézam, le village de Big Babanki est particulièrement touché. Dans cette région anglophone, le bilan humain depuis le début de l’année est lourd, avec plus de 16 morts. Malgré l’intervention de l’armée pour sécuriser la région, la situation demeure tendue. Les militaires y sont perçus non pas comme des sauveurs, mais comme une source d’insécurité et de violence.
La vie en temps de conflit
Les habitants de Big Babanki sont confrontés à une multitude de défis. D’une part, ils sont soumis à des taxes imposées par les groupes sécessionnistes, ce qui a conduit à des actes de résistance, notamment de la part des femmes. D’autre part, ils vivent dans la crainte constante des violences et exécutions extrajudiciaires.
Exécutions extrajudiciaires : Violation des droits de l’homme
Ces exécutions sommaires constituent une violation flagrante des droits de l’homme, et sont un symptôme alarmant de l’escalade de la violence dans les régions anglophones du Cameroun. Selon Hilaire Kamga, expert en droit international des droits de l’Homme, ce type d’exécutions est devenu monnaie courante dans ces régions. Malheureusement, l’Etat du Cameroun semble peu enclin à prendre des mesures concrètes pour remédier à cette situation.
Le cri d’alarme des défenseurs des droits de l’homme
Les défenseurs des droits de l’homme, dont Me Julio Koagne, avocat au barreau du Cameroun, insistent sur l’urgence de la situation et appellent à une action concrète. Ils soulignent la nécessité de respecter les Principes relatifs à la prévention efficace des exécutions extrajudiciaires, arbitraires et sommaires, tels qu’énoncés par le Conseil Économique et Social de l’ONU.
Le chemin vers la justice et la paix
Le chemin vers la justice et la paix est long et difficile. La résolution de ce conflit nécessitera non seulement un engagement en faveur de la justice pour les victimes d’exécutions extrajudiciaires, mais aussi un effort concerté pour mettre fin à la violence et parvenir à une solution politique durable.
L’avenir du Cameroun dépend de l’engagement de tous : les dirigeants, les communautés et chaque citoyen camerounais. Si le monde doit apprendre quelque chose du drame en cours, c’est que le silence est aussi destructeur que la violence elle-même. Il est grand temps que le monde tourne ses yeux vers le Cameroun et se rallie pour mettre fin à cette spirale de violence.