Cameroun: Des malfrats relaxés par le parquet à Bafoussam

Des malfrats

Sept membres d’un groupe de présumés voleurs de véhicules et autres matériels de luxe interpellés dans les villes de Yaoundé, Douala et Bafoussam, ont été libérés quelques heures après leur présentation au Procureur de la République de Bafoussam.

Mauvaise séquence pour la Délégation régionale de la sûreté nationale de l’Ouest (Drsn). Après avoir mené une investigation ayant abouti à l’interpellation d’un gang spécialisé dans le vol de voitures de luxe, matériels informatiques et autres appareils de grande valeur, sur l’ensemble du territoire national. Des présumés malfrats qui ont été présentés à la presse le 17 décembre 2020, à Bafoussam, puis libérés une heure après leur présentation chez le procureur. L’interpellation des présumés malfrats a été effectuée par la Brigade anti-criminalité du commissariat central de Bafoussam. L’opération menée dans la nuit du 2 au 3 décembre a permis de mettre la main sur les deux premiers suspects. Leur exploitation permettra à la police d’interpeller six autres complices de ce réseau qui opérait dans de nombreuses villes du Cameroun. Dans le même temps, un autre présumé malfrat sera interpellé par la gendarmerie.

Un homme de nationalité syrienne qui, selon des sources proches de l’enquête «anime une filière de vol et de revente de matériels divers entre le Cameroun et certains pays de l’Afrique centrale». Mis au parfum, les victimes des vols et cambriolages déposent des plaintes au commissariat central de Bafoussam en date du 3 décembre 2020. Les plaintes déposées par les responsables des établissements Bell K. Auto, Adolphe Ngnigayen Fokou et celui de la société Petroli, Simon Kengne. Des entreprises qui réclament aux présumés cambrioleurs des préjudices évalués à 300 millions de Francs de matériels dérobés ainsi que des coupures de mille 300 Dollars et deux mille Euros dérobés chez l’une des victimes. Des forfaits reconnus par les présumés malfrats qui sont passés aux aveux.

«Méprise des instructions»

Présentés par devant le Procureur de la République, les présumés malfrats sont libérés moins de deux heures après. Des sources proches du cabinet du Procureur de la République près les tribunaux de Grande instance de la Mifi et de Première instance de Bafoussam invoquent «une méprise dans l’application des instructions de la part de certains collaborateurs qui sont allés libérés les personnes interpellées par la Police.» Les mêmes sources soutiennent que le Procureur de la République prés les tribunaux de Grande instance de la Mifi et de Première instance de Bafoussam expliquent que le magistrat Mekok Belinga Emerant Claude, «une fois mis au courant de la méprise a procédé au redéploiement de ses collaborateurs pour récupérer les personnes qui étaient sensées être conduites en prison.» Un collaborateur du magistrat Mekok Belinga Emérant Claude soutient que «Le Procureur a immédiatement fait bouclé la ville mais seulement deux des neufs présumés ont été rattrapés.»

Soupçons de pots-de-vin

L’affaire qui fait des émules dans les milieux des Forces de maintien de l’ordre et judiciaires laisse prospérer des soupçons des pots-de-vin. Interrogé, un collaborateur du magistrat indexé explique que «le Procureur n’a rien reçu de qui que ce soit.» Cette source invoque plutôt des rumeurs de négociations entre les victimes et les présumés malfrats. Qui proposaient à chacune des victimes la somme de 10 millions de Francs Cfa en termes de réparation des préjudices. Des sommes qui auraient été proposées par l’un des présumés malfrats d’origine syrienne. Au moment où nous allions sous presse, des sources policières et judiciaires indiquaient que la traque déclenchée dans l’optique de mettre la main sur les sept présumés en fuite n’a abouti à aucun résultat probant.

Dans le même temps, les experts des procédures judiciaires expliquent que «le Code de procédure pénale ne laisse qu’une option au Procureur : celle d’engager des poursuites par citation directe à la requête du Procureur de la République.» Dans le même temps, les victimes de ce groupe opérant avec des armes à feu ont saisi le président de la Cour d’appel de l’Ouest ainsi que le Procureur général près la Cour d’appel de l’Ouest pour dénoncer certains responsables de la justice dans la région ainsi que certains éléments de la gendarmerie nationale en service à Bafoussam. Des responsables qui, soutiennent les deux présumées écroués à la prison centrale de Bafoussam, ont perçu des sommes d’argent des membres du gang dont près d’une dizaine sont introuvables à ce jour. De même que les victimes dénoncent l’enrôlement de leur affaire, par devant le tribunal de première instance de Bafoussam, à leur insu le 21 décembre 2020. Aussi se demandent-elles «comment le parquet a pu retenir les faits de vol simple pour les faits de l’espèce, plutôt que le vol aggravé prévu et réprimé par l’article 320 du code pénal.» L’audience a été renvoyée au 21 janvier 2021.

Joseph OLINGA N.

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