Cameroun : Décentralisation sous assistance respiratoire à Douala 1er

Mboutou benjamin et Lengue Malapa

Une décision du maire de Douala 1er de suspendre les cours par suspicion de la propagation du Covid-19 dans les écoles maternelles municipales, a étalé au grand jour la situation préoccupante de la décentralisation dans le Littoral.

Le 1er mars, le maire de la commune de Douala 1er constate une dégradation de la santé de certains élèves dans les écoles maternelles municipales de sa circonscription. Il prend des mesures conservatoires en suspendant les cours pour une semaine. La note de service de Lenguè Malapa, qui croyait si bien agir à bon droit, déchaîne une volée de bois verts à son encontre venant d’abord du préfet et du président du conseil régional du Littoral. Cette situation confuse créée par la gestion du Covid-19, montre à suffisance que l’application de la décentralisation au Cameroun n’est pas encore sortie de l’auberge depuis les élections de février et de décembre de l’année derrière.

Le code sur les Collectivités territoriales décentralisées semble devenir une bible où chacun lit et interprète à sa manière, en fonction des humeurs et des circonstances. Voici la note de service de l’édile de Douala 1er rédigée le 1er mars: « le maire de la commune d’arrondissement de Douala 1er porte à la connaissance des parents d’élèves et du public qu’après avoir constaté une certaine dégradation de la santé de certains enfants dans les écoles maternelles municipales de Douala 1er, la commune d’arrondissement de Douala 1er , a décidé de suspendre momentanément les cours afin de procéder à la désinfection des sept (7) écoles maternelles municipales du 1er au 7 mars 2021 ».

Il convient de relever qu’il en a fait ampliation au préfet, au sous-préfet de Douala 1er entre autres. Par son contenu, on peut au regard de l’article 161 du Code haut cité, affirmer que Lenguè Malapa est dans ses droits. « Les compétences suivantes sont transférées aux communes : la création, conformément à la carte scolaire, la gestion, l’équipement, l’entretien et la maintenance des écoles maternelles et primaires et des établissements préscolaires de la commune », précise entre autres cet article. Il était loin de se douter que non seulement le préfet mais aussi le président du Conseil régional étaient en route pour invalider sa décision.

La décentraliser piégée par les textes ?

Le préfet est l’autorité de tutelle des communes. On comprend donc toute la hargne avec laquelle le préfet du département du Wouri, Mboutou Benjamin, motive de « rapporter » la décision du maire. « La note de service N°004/Ns/2021/Cad 1er/Cab portant fermeture de écoles maternelles communales de Douala 1er est rapporté pour atteinte à la cohésion sociale nationale et incompétence de son auteur ».« Cohésion sociale et incompétence du maire », lit-on de la décision préfectorale. Le préfet s’appuie sur les dispositions pertinentes portant sur l’organisation et le fonctionnement des collectivités territoriales. L’article 39 (3), sur lequel s’est appuyé le représentant de l’Etat, prescrit : « en cas de violation par une Collectivité Territoriale des dispositions de l’alinéa 1. Ci-dessus, la nullité absolue de la délibération ou de l’acte incriminé est constatée par arrêté du représentant de l’Etat, sans préjudice de toutes autres sanctions prévues par la législation et la réglementation en vigueur ». Il y a donc comme une inadéquation entre les compétences transférées aux communes et l’organisation, le fonctionnement de ces communes face au représentant de l’Etat.

Tout un chapitre pour précipiter la décentralisation dans l’immobilisme. Sur ce constat, le représentant de l’Etat appelle le sous-préfet de l’arrondissement de Douala 1er, le maire de la commune d’arrondissement de Douala 1er, le Délégué département de l’Education de base du Wouri, l’Inspecteur d’arrondissement de l’éducation de base de Douala 1er, sont chargés de mettre à exécution, chacun en ce qui le concerne, la note de service préfectorale. Dans cette lancée pour mettre un terme à la volonté d’affirmation, d’émancipation de Douala 1er, il y a aussi la sortie du président du Conseil régional. « Monsieur le Maire de la commune de Douala 1er a pris les notes de service si dessus référencées pour fermer certaines écoles dites maternelles de de l’arrondissement de Douala 1er qu’il qualifie d’écoles communales. Y faisant suite, j’ai l’honneur de vous demander de procéder dès ce jour à l’ouverture des dites écoles…Je précise pour le déplorer que la mesure prise par Mr le maire de la commune de Douala 1er a été hâtive, non concertée et inappropriée », tance pour sa part, le président du bureau exécutif de la région, une collectivité décentralisée, comme pour mettre davantage en exergue les turpitudes du maire Lenguè Malapa. On attend dès lors les doses de vaccin du ministre de la Décentralisation et du développement local pour sauver la décentralisation d’une mort certaine.

Léopold DASSI NDJIDJOU

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