Cameroun – Crise Anglophone : Restriction de visas américains aux va-t-en-guerre

Antony J. Blinken

La nouvelle est publiée ce 7 juin 2021 sur le site du Département d’Etat et signée par Antony J. Blinken, le patron de la diplomatie américaine. Un tournant décisif dans le règlement de la crise ?

« Annonce de restrictions de visa pour ceux qui compromettent la résolution pacifique de la crise dans les régions anglophones du Cameroun », est le titre donné au communiqué de presse par la diplomatie américaine. Les ciblés ici, faut-il le préciser, peuvent se recruter autant dans le camp gouvernemental qu’au sein de l’armée, tout comme au sein des bandes armées qui commettent des crimes et des exactions dans les deux régions. Antony J. Blinken précise dans sa sortie, qu’il s’agit des « personnes soupçonnées d’être responsables ou complices de l’entrave à la résolution pacifique de la crise dans les régions anglophones du Cameroun ». Il faut donc avouer que le spectre des personnes visées peut être vraiment large.

Il suffit d’être soupçonné actif sur le terrain de guerre, d’être dans le circuit de la guerre ou de manifester ou faire la promotion de la guerre dans les deux régions, pour tomber sous le coup de la sanction américaine. Cette réalité est déjà actée car il s’agit de la nouvelle politique américaine mise en place par le nouveau patron de la diplomatie de ce pays. « Cette décision reflète notre engagement à faire avancer un dialogue pour résoudre pacifiquement la crise anglophone et soutenir le respect des droits humains. Les États-Unis soutiennent fermement le peuple camerounais et nous restons déterminés à travailler ensemble pour faire progresser la démocratie et la prospérité mutuelle pour nos deux pays », lit-on dans la suite de ce communiqué de presse.

La diaspora, un acteur légitimé

La grande nouveauté de ce communiqué vient de l’invitation des Américains à convier à la table des discussions la Diaspora. Elle a toujours été taxée par Yaoundé comme la main criminelle ou terroriste qui finance la guerre dans les deux régions du pays. « Nous exhortons toutes les parties prenantes concernées au Cameroun et dans la diaspora à s’engager de manière constructive et à rechercher une résolution pacifique de la crise », lit-on in extenso. Comment accueille-t-on cette nouvelle à Yaoundé ? Un habitué des couloirs de la diplomatie camerounaise annonce à ce sujet que le Cameroun ne néglige aucune option pour faire la paix.

La lettre des 20 femmes leaders du Cameroun envoyée aux Nations Unies aura-t-elle été pour quelque chose ? C’est difficile de le dire, mais de par son contenu et la virulence de son ton, on peut penser que la diplomatie américaine a reçu favorablement le cri de cœur de ces femmes. Le pays de l’Oncle Sam est monté d’un cran dans sa stratégie de contraindre les parties à s’asseoir autour d’une table. Dans la gradation des sanctions usuelles en vigueur au sein de la diplomatie américaine en pareille circonstance, figure en bonne place le gel des avoirs à coté de cette interdiction de fouler le sol américain. Comme on le voit, les Etats-Unis sont entrés dans une sorte de bras de fer avec les acteurs de la crise anglophone. Pour autant, précise le communiqué, Antony J. Blinken continue d’appeler le gouvernement camerounais et les groupes armés séparatistes à mettre fin à la violence et à engager un dialogue sans conditions préalables pour résoudre pacifiquement la crise. « Nous condamnons ceux qui sapent la paix en se livrant ou en incitant à la violence, aux violations et abus des droits humains et aux menaces contre les défenseurs de la paix ou les travailleurs humanitaires », a ajouté sentencieusement la diplomatie américaine.

Léopold DASSI NDJIDJOU

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