Cameroun – Crise anglophone : Prélats et chefs traditionnels indexés

Crise anglophone

Après un mois d’une opération militaire baptisée «Kumbo Clean» dans le Bui, deux prélats, un chef traditionnel et certaines élites sont accusés par l’armée d’être de mèche avec les groupes armés séparatistes.

Sur place à Kumbo, les opérations qui se poursuivent encore ont déjà fait un mois. Quatre soldats tués, de nombreux séparatistes neutralisés selon l’armée, mais le bilan côté populations civiles n’est pas encore connu. Selon le général de brigade, Nka Valère, commandant de la cinquième région militaire interarmées, «Kumbo clean est une opération instruite par le général de corps d’armée chef d’État-major des armées». L’objectif de cette opération, ajoute-t-il, est la protection des populations et la pacification du département du Bui devenu épicentre du conflit séparatiste dans la région. « C’est une mission légitime, légale, juste et noble qui consiste à protéger les camerounais, leurs biens et à protéger l’intégrité territoriale de notre cher et beau pays, le Cameroun; rien ne dois nous détourner ou nous distraire dans l’exécution de cette noble mission». «Kumbo clean» lancée depuis le 15 mai 2021 a lieu après deux autres opérations majeures, notamment l’opération «NgokeBui» l’an dernier et Bui I conduit fin février début mars 2021. Selon le colonel Mathian Charles Alain, commandant du 51eme Brim, «en dépit de ces deux opérations majeures, vous avez constaté que le département du Bui reste très pollué et l’évolution sur le plan sécuritaire de ces derniers mois a montré que le Bui est devenu l’épicentre de l’irrédentisme dans la région du Nord-ouest, d’où le choix de cette troisième opération majeure», va-t-il ajouter.

Une opération difficile

Pendant plus de 30 jours, l’armée a engagé plus de 300 hommes pour nettoyer tout autour de la ville de Kumbo, les localités qui abritaient les bases et les repères des forces séparatistes. «Ça a été une opération très difficile parce que longtemps en avance, l’opération a été annoncée et les forces d’opposition se sont bien préparées pour nous attendre ; et le décloisonnement que l’on constate du côté de ces terroristes a favorisé que les renforts sont venus de part et d’autre pour faire la guerre comme il l’ont dit; et même des mercenaires en provenance de certains pays étrangers tel que le Nigeria ont été présents sur le terrain pendant cette opération. Justement à cause du fait que l’opération a été connue longtemps en avance comme vous pouvez le constater, contrairement aux opérations antérieurs où nous avons saisi beaucoup de matériels, les forces d’opposition ont eu le temps de déplacer leurs matériels pour empêcher que nous ne puissions mettre la main dessus », souligne le colonel Mathian Charles Alain.

Prélat, élites et chefs traditionnels indexés

Quelques facteurs militent en faveur de cette réalité. Sur le plan géographique, ajoute le colonel Mathian, «le Bui est au centre de la région du Nord-ouest, et à partir de là, on peut avoir facilement accès dans les autres départements comme le Donga Mountung, le Ngoketunjia, le Boyo et même la Mezan. Ici, la frontière avec le Nigeria n’est pas loin. Autres facteurs, dans ce département sur le plan culturel, l’unicité de la langue fait que les « Banso » se comprennent facilement, les messages circulent aisément, y compris les mots d’ordres qui viennent de l’extérieur ou de l’intérieur. L’autre facteur est topographique. Vous ne pouvez pas faire un kilomètre sans grimper une colline ou sans descendre une autre, ce qui donne aux forces d’opposition un avantage sur les forces de défense et de sécurité qui sont en mouvement tout le temps; ils sont dans leur terroir qu’ils maitrisent parfaitement et comme nous le savons, sur le plan militaire, qui tient le haut tient le bas, et c’est un facteurs que les forces d’opposition utilisent autant que possible à leur avantage.

Il y a le fait que les populations de ce département ont adhéré plus que les autres à l’idéologie du séparatisme. Malheureusement, non seulement la population y a adhéré, mais même certains élites à l’intérieur comme à l’extérieur semblent faire corps avec la population pour résister à l’autorité de l’État. Les prélats y participent, les chefs traditionnels y participent et on ne sent pas l’élite faire un effort pour taire cette tendance. Dans le cadre de cette opération, vous avez certainement appris, il y a un chef traditionnelle qui a abandonné son village et son Palais ; il s’agit du Fon de Nsem dont la connexion avec les forces d’opposition n’est plus à démontrer. Lors de cette opération, il y a aussi deux prélats qui sont indexé pour leurs connexions avec les terroristes ; ce sont là quelques exemple qui font que le Bui est plus que les autres départements une localité qui mérite plus d’attention. Selon nos informations et analyses, les forces d’opposition veulent faire de ce département un exemple, une localité qu’ils voudraient envahir pour s’installer et à partir de là faire tâche d’huile sur les autres départements.». Ces propos, le colonel Mathian Charles les a révélés au général Nka Valère descendu sur le terrain à kumbo ce 15 juin 2021.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *