Cameroun – Coronavirus: Les transporteurs sur le pied de guerre

Agence de voyage

Le ministre des Transports, rappelle aux acteurs du secteur des transports urbains ; interurbains ; péri-urbains et rural, que dans le cadre du prolongement des mesures gouvernementales de prévention et de lutte contre le coronavirus (Covid-19), que les mesures restrictives doivent être observées.

« Si on veut véritablement lutter contre la surcharge dans les taxis, on doit augmenter le tarif du transport par taxi comme actuellement au Gabon. Au lieu de 250 Fcfa, on fixe le tari à 500 Fcfa. A défaut, réduire le prix du carburant à la pompe. Sans ces deux mesures, nous courons dans le sac », a suggéré Martin Mvogo au gouvernement. Quant à Alain Kenné, il propose à l’Etat du Cameroun de jouer sur ces deux leviers pour limiter la surcharge dans les taxis. « Le gouvernement doit réduire le prix du carburant à la pompe en prenant de l’argent dans nos réserves qui sont logées à la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac), et il doit injecter cet argent dans le budget sur forme de subvention aux carburants, là le prix à la pompe revient à 300Fcfa. Si les bus de la société Stecy et les hommes en treillis paient le carburant à 300Fcfa, pourquoi pas les autres camerounais ? Surtout en ce temps de crise sanitaire. C’est une question de volonté politique. Les gens sont nommés pour prendre des initiatives, mais ils ont peur », avoue-t-il. Mais Médard Zang, estime que l’Etat du Cameroun traverse une crise sécuritaire depuis 2012, qu’il est impossible pour le gouvernement de vendre des mesures pour soutenir ses populations. « Les camerounais doivent faire preuve de solidarité. Chaque camerounais doit apporter sa modeste contribution à l’Etat pour combattre la crise, comme lors de la guerre contre BokoHaram », propose-il.

Une proposition qui est battue en brèche par Patrick Tchatchouang, communicateur. « Nous devons copier les exemples des autres pays. L’Etat du Sénégal promet 1000 milliards de Fcfa, après avoir décrété l’Etat d’urgence ; le président de la Côte d’ivoire a dit que, plus de 200 milliards seront décaissés. Mais, au Cameroun, rien ! Rien ! Rien », lance-t-il. Voilàquelques morceaux choisis des discussions qui ont pignon sur rue depuis la publication de la circulaire de Jean Ernest Ngallè Bibéhè, ministre des Transports. Cette lettre circulaire est consacrée au prolongement des mesures gouvernementales de prévention et de lutte contre le coronavirus (covid-19) édictées par Paul Biya, président de la République du Cameroun, et rendues publiques par Joseph Dion Ngute, premier Ministre chef du gouvernement. A cet effet, le ministre des Mintransports, rappelle aux acteurs du secteur des transports urbain ; interurbains ; péri-urbains et rural, ainsi qu’à l’opinion publique nationale et internationale que les déplacements des personnes ne doivent s’effectuer qu’en cas d’extrême nécessité.

Ramassage des passagers

Au cas où ils s’avèreraient nécessaires, les mesures restrictives ci-après doivent être observées : « Transport par moto-taxi : limiter le nombre de places à deux (2), y compris celle du conducteur. Transport urbain par taxi : limiter le nombre de places à quatre (4), y compris celle du masse : limiter le nombre de place à 50 pour les bus de plus 70 places ; limiter le nombre de place à 20 pour les bus de plus de 35 places. Transport périurbain et rural : limiter le nombre de place à 20 pour les bus de 30 places ; limiter le nombre de place à 15 pour les bus de plus de 22 places ; limiter le nombre de pace à 12 pour les bus de 19 places ; limiter le nombre de place à 10 pour les bus de plus de 25 places. Transport inter-urbain des personnes : compagnies de voyage : limiter le nombre de place à 50 pour les bus de 70 places ; limiter le nombre de places à 20 pour les bus de plus de 30 ; 32 places ; Encourager la prise de température à l’aide des thermoflash ; interdire le ramassage des passagers en cours de route ; effectuer exclusivement les chargements et déchargements dans les terminaux de voyage ; organiser la fluidité des débarquements et embarquements afin d’éviter les regroupements de plus de 50 personnes dans les halls d’embarquement ; interdire le transport du bétail dans les véhicules de transport interurbain de personnes. Les gares routières : Veiller à l’encadrement, par les autorités municipaux, des accès aux gares routières : limiter le nombre de personne à 30, pour les bus de 50 places ; limiter le nombre de personnes à 20 pour les bus de 30 ; 32 et 35 places », peut-on lire dans le communiqué, signé le lundi 23 mars 2020, par le Mintransports.

Décision unilatérale

Une décision unilatérale que, les transporteurs et les syndicalistes qualifient de provocation de trop. En ce qui concerne les transporteurs par taxi, la situation est plus compliquée. « A Yaoundé, 70% des passagers paient le taxi à 100F cfa, c’est pourquoi, nous surchargeons, pour essayer de rentrer dans nos frais. Si maintenant, le gouvernement demande aux taximen de transporter deux passagers en arrière et un devant, c’est une provocation de mauvais goût. On va se seulement garer les taxis comme en 2008. Je ne peux pas mettre le carburant dans ma voiture et travailler toute la journée et être incapable de rationner chez moi. Entre temps aucun impôt sur le taxi n’a baissé ; la tracasserie policière continue. Pour le moment, nous attendons la décision du syndicat, pour entrer en grève si rien n’ai fait, pour accompagner les taximen », s’offusque Appolinaire Téné, chauffeur de taxi à Yaoundé. Le Cameroun n’a pas besoin de ça, quand nous prenez vos décision, pensez aux pauvres.

Le gouvernement doit se ressaisir et prendre une décision chirurgicale qui arrange, et les transporteurs et le gouvernement. « Certes, il y a certains passagers qui paient les trois places arrières, mais, combiens de camerounais peuvent le faire ? Cette mesure est impraticable dans le contexte camerounais. Pour les cargos qui font la ligne entre Mendong-poste centrale ; Damas-poste centrale, etc. Ce n’est pas croyable. Un car qui réduit de 10 passagers, qui fait 5 tours par jours en raison de 200F Cfa ça fait combien de perdu par jour ? Si nous prenons le transport inter-urbain c’est plus grave. Yaoundé – Bafoussam, c’est 5000F cfa. Dans un bus de 70 places, il faut soustraire 20 places ; faites 20 places fois 5000F cfa allé et retour, vous voyez ce que ça donne. Le gouvernement doit revoir le prix du carburant à la pompe, si non les camerounais mon mourir de faim au lieu du coronavirus », confie-t-il. Chez les syndicalistes, le constat est clair, le Mintransports prépare un soulèvement. « Actuellement, les élèves sont confinés à la maison ; les étudiants qui sont dans les centres de formations et des grandes écoles y sont également, donc il y a systématiquement une baisse de la clientèle. Les taximen avaient déjà du mal à avoir les recettes journalières, qui s’élèvent entre 10 000 ; 12000 et 13000Ffa. Je ne peux pas vous dire combien de fois, j’ai eu à séparer les bagarres entre les chauffeurs de taxis et les propriétaires de taxis. Ç’est une décision unilatérale, nous n’avons pas été concerté, alors que c’est nous qui représentons le petit peuple », explique Thomas Ondoua, coordonnateur national du Syndicat national des conducteurs des transports urbains, interurbain et routière du Cameroun (Synactuircam). Entre temps le carburant à la pompe n’a pas changé, il coûte 656Fcfa. Le gouvernement joue au chat et à la sourire. Il doit faire quelques choses, pour aider les pauvres.

Elvis Serge NSAA

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