Cameroun – Contrats de désendettement et de développement: secteur de l’éducation au rouge

A un an de l’échéance, sur 528 ouvrages ciblés, seulement 130 sont achevés, selon le constat fait par la plate-forme d’information et d’action sur la dette.C’est à l’occasion de la restitution des résultats du suivi indépendant du Contrats de désendettement et de développement (C2D) pour l’année 2014 qui s’est tenue le 18 mars dernier, que la sonnette d’alarme a été appuyée. Rendu à sa sixième édition du suivi indépendant, la plate-forme d’information et d’action sur la dette (Pfiad), a mené son enquête dans cinq principaux secteurs. Notamment celui de l’agriculture, de l’éducation, des infrastructures, du programme national de développement participatif et de la santé. Si de manière générale, le taux de réalisation est inquiétant dans les secteurs considérés, l’amélioration de l’offre scolaire dans la Zone d’éducation prioritaire (Zep) est restée une vue de l’esprit. Tenez par exemple, sur 528 ouvrages ciblés pour la Zep, (soit 247 salles de classe à construire, 163 salles de classe à réhabiliter, 66 blocs latrines à construire, 33 bureaux de direction à construire, 19 forages à construire) et qui, pour la plupart devaient être achevés au 04 février 2015 (initialement débutés le 04 février 2014), seulement 130 sont achevés. Soit un taux de réalisation de 24,6% à la date du 1er décembre 2014, à 2 mois de l’échéance. Parmi les 398 attendus, 259 sont en cours de réalisation, 125 sont non démarrés, et 14 sont en arrêt. Ces deux derniers cas qui font 139 ouvrages restent préoccupants à plus d’un titre. Non seulement, ils indiquent qu’au 04 février 2015, les délais de livraison ne seraient pas respectés, mais surtout que l’année scolaire en cours peut s’achever sans que certains ouvrages ne soient réalisés.
Aussi d’après les résultats remontés du terrain par les enquêteurs de la Pfiad, l’Adamaoua et l’Est font piètre figure. Pour le cas de l’Adamaoua, il ressort que le groupement Ecos/Copres, bénéficiaire d’un lot de 36 salles de classe, 1 bloc direction, 9 blocs latrines dans le département de la Vina et d’un lot de 33 salles de classe, 3 blocs direction, 5 blocs latrines dans le département du Mbéré n’a pas respecté son cahier de charge. Si pour le groupement Ecos/Copres, les experts relèvent un déficit des capacités techniques et financières, les entreprises qui évoluent dans la région de l’Est évoquent le mauvais état des routes qui rend difficile le ravitaillement et l’accès aux carrières. « Nous constatons comme problèmes majeurs que le taux de réalisation est très bas, dans la plupart des cas. Cela est dû à des procédures énormes, des goulets d’étranglement, et au fait que beaucoup d’entreprises du domaine du bâtiment et des travaux publics qui ont été sélectionnées ne sont pas en mesure de produire le travail selon le cahier de charge », explique Jean-Marc Bikoko, le point focal de Dynamique citoyenne, membre de la Pfiad. Avant de préciser qu’il y a des projets qui sont généralement réalisés mais qui parfois ne correspondent pas aux attentes de la population. Face à ces dénonciations Hervé Conan, le directeur de l’Agence française de développement, invite la Pfiad à s’appesantir également sur les réalisations qui ont été bien menées.
Rappelons que la deuxième convention du Contrats de désendettement et de développement baptisée « C2D de 2e génération », pourvue d’un montant de 326 millions d’euros est signée pour une période de cinq ans, de 2011 à 2016. Trois ans après le début de cette deuxième phase, le niveau de réalisation des travaux est alarmant. De l’avis des experts, les problèmes liés à la réalisation, à la pertinence, à la gouvernance, à la viabilité et à la communication persistent à des niveaux divers des projets et programmes des C2D 1 & 2 pour l’ensemble des secteurs et affectent le niveau global d’efficacité. Toutes indications qui sonnent le tocsin, afin que l’esprit de partenariat entre les différents acteurs impliqués dans le processus de lutte contre la pauvreté soit un aiguillon, tout comme le respect des prescriptions de la déclaration de Paris ainsi que l’engagement d’atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement à l’horizon 2015.

Luc Justin Kamguia, 237online.com

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