Cameroun – Complot: Le Mindef et l’armée dans le viseur des réseaux

Beti Assomo dans une caserne

Le décès de Samuel Wazizi est annoncé 10 mois après sa mort et aussitôt reconnue par l’Armée dans un communiqué le 5 juin dernier.

Juste après cette sortie, les faits combinés à d’autres antérieurement incitent à se demander s’il n’existe pas en arrière-plan une intelligence contre la Grande muette. La première surprise liée à l’affaire Wazizi est venue de la présidence de la République tout juste quelques heures après le communiqué du chef de Division de la communication (Divcom) du ministère de la Défense (Mindef). En effet, c’est l’ambassadeur de France au Cameroun, Christophe Guilhou, qui a mis le feu à la mèche. A sa sortie d’audience avec Paul Biya, il a annoncé sur le perron du Palais de l’unité que Paul Biya lui a promis qu’il prescrira l’ouverture d’une enquête pour élucider les circonstances de la mort du journaliste Wazizi.

Une curiosité quand on sait que le même jour, le Divcom publiait un communiqué explicitant de manière chronologique les différents services de sécurité par lesquels le journaliste était passé au cours de son exploitation jusqu’à sa mort à l’hôpital le 17 août 2019 à 2 heures et 13 minutes à l’hôpital militaire de Yaoundé. Question ! Christophe Guilhou est-il au courant que le Mindef a déjà communiqué sur la question ? Ou par contre, est-il informé mais demeure sceptique à la version des faits de la Grande muette ? Par ailleurs, l’actualité montre que la communication de l’équipe gouvernementale au Cameroun est en situation.

Aujourd’hui, à l’heure où les réseaux sociaux prêtent le flanc à la prolifération de toutes les rumeurs, l’opinion désabusée est désormais sur le qui-vive et scrute au peigne fin les différentes sorties des acteurs politiques. A bien regarder, tout se passe exactement comme si les uns et les autres jouaient au jeu de se savonner mutuellement le plancher. Dans cette partie dont l’enjeu n’est pas encore dévoilé, le cas du Mindef est significatif dans la mesure où plusieurs fois, il a été porté au-devant de la scène par ce jeu au couperet.

Trois faits majeurs peuvent être convoqués pour illustrer cet état des choses. Il y a eu l’affaire Ngarbuh. Alors que le Mindef avait déjà communiqué avec des chiffres à l’appui, la présidence de la République a commis une enquête sur le terrain. De ce rapport, la communication des faits par la Défense sera désavouée et en prime, le rapport ne sera pas lu comme on pourrait s’attendre par le Porte-parole du gouvernement.

Réseaux sociaux

L’autre fait sur lequel le Mindef se trouve en situation, va venir de la communication du thème lors du défilé du 20 mai. A deux jours d’intervalle, alors que Beti Assomo avait communiqué à ses différents services le thème consacré, certainement avec l’accord de la présidence de la République, le défilé sera annulé pour limiter la propagation de la Covid-19. Une situation qui a fait grand bruit à la mi-mai, jetant l’opinion dans les supputations les plus folles. Il faut dire aussi que cette pratique à l’emporte-pièce, tranche avec les us et coutumes du pouvoir qui a toujours évité soigneusement la précipitation dans sa démarche ou son action.

Par ailleurs, il faut indiquer plus que jamais, tout se passe exactement comme si une intelligence était à l’œuvre pour saper le moral de cette Armée. Il y a eu ce braquage à Lomé au Togo, copieusement relayé sur la toile. Un extrait du journal d’une chaîne de télévision togolaise en l’occurrence, impliquant deux soldats déserteurs, comme précisera plus tard l’armée a fait mouche de toute évidence au sein de l’opinion dans la perception de l’image de l’Armée. Toujours sur les réseaux sociaux, il y a eu également une photo de vol de chèvres prétendument par deux soldats de l’Armée camerounaise, dit-on dans le Mbam et Inoubou. De même, la semaine dernière, une vidéo montrant un officier et son subalterne en pleine rixe pour un partage de l’argent extorqué aux usagers de la route qui aurait mal tourné fait du Buzz. Toute cette conjonction des faits semblent avoir pour effet de jeter le discrédit sur l’Armée du Cameroun et donc de la fragiliser.

Léopold DASSI NDJIDJOU

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