Cameroun – Commune de Bangangté : pourquoi l’élection du maire à encore été reportée? (Le film des évènements)

Hotel de ville de Bangangté

Le scrutin n’a pas pu se tenir ce jeudi 6 mai 2021, malgré la présence cette fois de tous les conseillers municipaux.

Prévue pour démarrer à 11h, la deuxième session extraordinaire du conseil municipal de Bangangté a commencé avec 1h36mn de retard. Dans une ambiance lourde, comme si les mages avaient prédit une mauvaise saison. Lors de la vérification du quorum, il apparait que 38 des 40 conseillers municipaux sont physiquement présents tandis que 2 ont envoyé des procurations. Passées l’étape protocolaire, le préfet demande à tous ceux qui ne sont pas conseillers municipaux de sortir, pour une concertation à huis clos. Les journalistes ont beau brandir la loi sur le caractère public des réunions du conseil municipal, plus personne ne sera admis en salle, en dehors de son état-major et quelques privilégiés, mandés par Yaoundé. C’est donc eux les conseillers, tous issus du parti au pouvoir, qui vont conduire des travaux qui vont aboutir à un nouveau report.

Plusieurs prises de parole sont enregistrées et avec le désistement de Jean Lambert Tchoumi, challenger le dimanche d’avant d’Eric Niat, l’on croit être parvenu à un consensus. Mais à la suite du mandataire du comité central, Lamare Njankouo, le président du groupe communal de cette municipalité, appelé à lire le procès-verbal de leur conclave pré-électoral, au cours duquel un candidat avait été retenu par vote (21 contre 19), va jeter un pavé dans la mare. Léopold Yimga va surprendre les non avertis en annonçant qu’après leurs travaux, il a reçu des requêtes qu’il a déjà partagées avec la hiérarchie du parti. Elles concernent notamment la présence aux hauts postes de gestion des ressortissants du groupement Bangangté d’où la nécessité de confier la mairie aux autres villages et l’équilibre genre.

C’est ainsi que le dévolu a été jeté plutôt sur Mme Evelyne Nana (à ne pas confondre avec l’épouse du chef supérieur Batchingou). Directrice d’école maternelle et présidente du réseau des femmes du Ndé, elle est originaire de Bamena comme le défunt maire Kouamouo. Protestations dans le camp Eric Niat. « Auriez-vous entrepris la même démarche si les résultats des primaires de dimanche avaient été différents ? » s’enquiert quelqu’un dans la salle. Les voix montent. Certains rappellent que personne n’avait rien dit lorsque deux Bangangté se battaient avant. L’actuel premier adjoint au maire, M. Nyangang, demande une suspension de séance pour rechercher la candidature unique. Le conclave intra-Rdpc va durer deux heures. Mais de retour dans la salle, Eric Niat n’est toujours pas présenté comme candidat unique. Nouvelles querelles, demande d’un nouveau report. Le doyen d’âge arrête les travaux et les renvoie à une date ultérieure.

Le parti contre la république

Une situation inédite et embarrassante à la fois, qui pourrait conduire à la suspension pour deux mois du conseil municipal par le Ministre de la Décentralisation ou à sa dissolution pure et simple par le Président de la République si les tensions persistent, au sens des articles 186 et 192 du code général des collectivités territoriales décentralisées. Au sortir de la salle des délibérations, peu après 16h, ce sont des populations en furie que le préfet et les conseillers vont croiser. « Nous voulons notre maire aujourd’hui. Respectez la discipline du parti », clament les uns.
« Paul Biya, nous te sommes fidèles. Sauve Bangangté », crient d’autres. Ces cris sont interprétés dans l’un et l’autre camp, comme un désaveu de l’adversaire. Contre qui on souhaite voir tomber des sanctions.

Lundi dernier, 3 mai 2021, 24 des 40 conseillers de cette commune n’avaient pas pris part à la première session extraordinaire convoquée par l’autorité de tutelle pour pourvoir au poste vacant de maire. Enfermés dans un lieu secret, ils ont obligé le bureau d’âge constitué pour la circonstance à constater l’impossibilité légale de la tenue du scrutin. « Cette affaire dépasse l’élection du pape. Vivement la fumée blanche », raille un confrère. Peut-être l’élection municipale la plus suivie ces deux dernières années.

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