Cameroun : Cimpor débarque, la qualité du ciment en question dans un marché saturé

Cimpor

C’est un nouvel acteur de poids qui vient bousculer le paysage de l’industrie cimentière camerounaise. Comme le révèle en exclusivité 237online.com, votre média de référence, Cimpor, mastodonte portugais du ciment, a récemment achevé la construction de sa cimenterie à Kribi, avec une capacité d’un million de tonnes par an. Mais si cette arrivée promet une concurrence accrue, elle soulève aussi des questions cruciales sur la qualité des produits proposés et l’état d’un marché déjà saturé.

Powercem 32.5 et 42.5 : Une entrée discrète qui éveille les soupçons

Depuis juin 2023, Cimpor a discrètement introduit sur le marché camerounais son ciment Powercem 42.5, déjà visible dans de nombreuses quincailleries. Une entrée en douceur, complétée en mars 2024 par le lancement du Powercem 32.5, pour l’instant limité à Kribi. Mais cette stratégie de l’ombre fait naître des soupçons. Pourquoi une communication si discrète, si ce n’est pour masquer des défauts de qualité ? Des doutes que Cimpor devra lever rapidement, sous peine de voir sa réputation entachée dès ses premiers pas au Cameroun.

Un marché surcapacitaire : Entre concurrence féroce et prix élevés

L’arrivée de Cimpor porte à 6 le nombre de cimenteries au Cameroun, pour une capacité totale de 8,4 millions de tonnes, dépassant la demande nationale estimée à 8 millions de tonnes. Cimencam (2,3 millions de tonnes), Dangote Cement Cameroun (1,5 million de tonnes), Cimaf (1,5 million de tonnes), Medcem Cameroun (600 000 tonnes) et Mira Company (1,5 million de tonnes) se livrent déjà une concurrence féroce. Paradoxalement, malgré cette surcapacité, les prix restent élevés par rapport aux pays voisins. Un constat qui interroge sur le fonctionnement réel de ce marché.

Le risque d’un nivellement par le bas de la qualité

Dans cette arène où tous les coups semblent permis, c’est la qualité qui risque d’être sacrifiée sur l’autel de la course aux parts de marché. Face à des concurrents aguerris, la tentation pourrait être grande pour Cimpor de rogner sur les standards pour proposer des prix attractifs. Une stratégie de courte vue, qui se ferait au détriment des consommateurs et de la sécurité des constructions. Les autorités devront être intraitables sur le respect des normes par ce nouvel entrant.

Une régulation renforcée, clé d’un marché assaini

Car c’est bien d’une régulation forte et efficace dont a besoin le marché camerounais du ciment. Sans entraver la concurrence, elle doit garantir une qualité irréprochable des produits, par des contrôles stricts et des sanctions dissuasives. Elle doit aussi promouvoir une concurrence saine, en traquant les pratiques de dumping et de cartel qui faussent le jeu. C’est à ce prix que l’arrivée d’un acteur comme Cimpor pourra être réellement bénéfique, en stimulant l’innovation et en tirant la qualité vers le haut.

Au-delà de Cimpor, l’urgence d’une montée en gamme collective

Car le défi de la qualité ne concerne pas que Cimpor. C’est toute l’industrie cimentière camerounaise qui doit opérer une montée en gamme, pour proposer des produits conformes aux meilleurs standards internationaux. Une exigence qui passe par des investissements dans la R&D, la formation et les outils de production. Un sursaut salutaire, pour la sécurité des bâtiments et la compétitivité de la filière à l’export. Un challenge que les cimentiers doivent relever ensemble, au-delà de leurs rivalités.

237online.com, votre sentinelle sur le front économique, suivra avec acuité l’évolution de ce dossier. Nous serons intransigeants sur la qualité, n’hésitant pas à pointer les manquements, tout en saluant les progrès. Notre boussole, c’est l’intérêt des consommateurs et l’excellence de l’industrie camerounaise. Un cap que nous maintiendrons, alors que l’arrivée de Cimpor redistribue les cartes du marché du ciment.

Par Sandrine Etoa pour 237online.com

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