Cameroun: Boko Haram aux portes de Garoua

Le département du Mayo Louti, dans la région du nord, envahi par des hordes de réfugiés nigérians fuyant les exactions de la secte terroriste désormais aux commandes de la ville de Mubi, frontalière au Cameroun.[pagebreak]Un nouveau front s’ouvre pour la quatrième région militaire interarmées.
Le drapeau de la secte terroriste Boko Haram flotte voici à peine une dizaine de jours à Mubi, dans l’Etat de l’Adamaoua au Nigéria. Depuis, Mubi
subit des exactions de toutes sortes. En effet, la dernière grande ville nigériane avant la localité camerounaise de Doumo est mise à sac. Ses habitants sont victimes de tracasseries parfois innommables. Conséquences immédiates:
une partie de la population de cette ville commerçante se réfugie aujourd’hui dans la région du nord Cameroun, précisément dans le département du Mayo Louti. Les villes camerounaises de Doumo et du Mayo Oulo accueillent le gros des effectifs parmi les fuyards. Selon nos sources, d’autres réfugiés nigérians se sont installés chez leurs parents camerounais à Guider, Figuil Bourha et Koza. Parallèlement, la vie chère a aussi pris ses quartiers à Garoua, Guider, Figuil… Le litre carburant, par exemple, est passé de 500FCFA à 1200FCFA. Les prix sont également passé du simple au triple pour ce qui concerne les denrées alimentaires, les motos et autres produits de première nécessité en provenance de Mubi, la ville nigériane la plus commerçante avec la région du Nord Cameroun.

Casse-tête
supplémentaire pour le Cameroun L’afflux massif des réfugiés nigérians ne laisse pas indifférent les autorités administratives camerounaises. A en croire nos sources, des vérifications d’identité et des contrôles d’usage sont systématiques chez les arrivants. «Afin de s’assurer que les combattants de la secte terroriste ne se confondent pas aux réfugiés». D’ailleurs, nos informateurs reconnaissent que tous les arrivants ne sont pas acceptés sur cette partie du territoire camerounais. La mobilisation au niveau du commandement militaire n’est pas en reste. Selon nos informations, le commandement de la quatrième région militaire interarmées a d’ores et déjà pris des dispositions préventives pour faire face à quelque attaque de la secte terroriste. Pour mémoire, le département du Mayo Louti est le seul département du Nord Cameroun rattaché à la quatrième région militaire interarmées, qui couvre l’ensemble de l’Extrême-nord du pays. Un découpage visionnaire de la part du chef des armées camerounaises. En effet, la présence de Boko Haram à Mubi donne raison à Paul Biya, qui avait inscrit le Mayo Louti comme zone potentielle d’affrontement armé contre Boko Haram.
L’annexion de Mubi (dans l’Etat de l’Adamaoua) est un nouveau développement du conflit qui oppose Boko Haram au Nigéria.
Ce nouveau développement, comme dans l’Etat du Borno, ouvre des perspectives de prolongement sur le territoire camerounais. Après Amchidé, Fotokol et autres localités dans la région Extrême‐nord du Cameroun, il faut s’attendre à de nouveaux affrontements entre l’armée camerounaise et la secte islamiste du côté de la région nord Cameroun. La quatrième région militaire interarmées, qui jusqu’ici contrôle la situation dans l’Extrême‐nord Cameroun, a donc un nouveau front face à Boko Haram. Selon des experts, cela participe de la stratégie de la secte islamique, qui entend ainsi disperser les énergies de l’armée camerounaise.
En rappel, le Cameroun partage plus de 1500 kilomètres de frontière avec le Nigéria. Depuis son entrée en guerre contre Boko Haram, seules les localités camerounaises frontalières au Nigéria dans l’Extrême – nord du pays étaient touchées par les exactions de la secte islamique. Avec la prise de Mubi, Boko Haram opère un repli stratégique vers la partie méridionale du Cameroun. Est‐ce l’amorce de la grande marche vers Yaoundé? Vox Dei.

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