Cameroun – Bangou: Le Sous-préfet interdit les obsèques du chef supérieur

Finalement c’est qui qui enterre le Roi en pays Bamiléké ? Ce sont les notables ? La famille royale ? Ou le vice-président de l’Assemblée Nationale qui n’est ni notable ni membre de la famille royale ? Cas d’étude à Bangou.

Des mésententes sur le processus divisent l’honorable Datouo, le Professeur Prince Patriarche Nana Sinkam Samuel, les notabilités locales et l’autorité administrative.
Fait inédit dans la région de l’Ouest Cameroun. Dans une correspondance signée du 18 janvier 2019, le sous-préfet de Bangou interdit l’organisation des obsèques du chef supérieur de cette localité. La décision de l’autorité administrative est motivée par les affrontements auxquels se livrent les différents camps, prétendant à la succession du défunt chef supérieur Bangou décédé le 16 novembre 2018. La décision en réponse à l’honorable Théodore Datouo que la décision d’interdire lesdites obsèques est également liée au décès de l’ancien préfet du département des Hauts-plateaux décédé le 13 janvier 2019. En outre, indique la correspondance du Sous-Préfet Manou Diguir, la résolution de cette crise dépend désormais de la décision de la « haute hiérarchie » saisie par les deux camps.
Une posture qui découle de la détermination du 4em vice-président de l’Assemblée nationale, l’Honorable Théodore Datouo d’organiser les obsèques du défunt chef de groupement Bangou. Une ambition qui fait dire à l’autorité administrative que «Organiser les obsèques officielles du chef de groupement Bangou est de nature à imposer à l’Etat que nous incarnons dans nos unités respectives, un rythme de vie, chose intolérable et inadmissible.» Une correspondance qui intervient à la suite d’une note de service signée le 28 novembre 2018. Note interdisant toute manifestation publique à la chefferie de groupement Bangou.

L’interdiction d’organiser les obsèques du défunt chef supérieur Bangou par le Sous-préfet de Bangou intervient à la suite d’une rencontre de concertation et de réconciliation regroupant les membres de la «Grande famille royale du groupement Bangou». Un regroupement porté par les principaux représentants des souches royales Bangou. Réunion au terme de laquelle les différents princes Bangou sont convenus de surseoir à l’organisation des obsèques du défunt roi Bangou «afin de créer les conditions de paix et d’unité au sein de la chefferie Bangou et partant, de l’ensemble du village.». Le rapport plumitif de cette concertation dont Le Messager a obtenu copie indique aussi que «La famille royale a désigné, à l’unanimité, le Prince Patriarche Nana Sinkam Samuel comme son représentant et porte-parole auprès des notables ( les 9 et les 7) et autres dignitaires du village.»

Obsèques collectives

Les relations tendues entre l’Honorable Théodore Datouo et le Professeur Sinkam en rajoute à l’ambiance conflictuelle qui caractérise la communauté Bangou depuis quelques mois. Dans un communiqué rendu public le 21 janvier 2019, le vice-président de l’Assemblée nationale, l’Honorable Théodore Datouo, se présentant en qualité de co-président du comité de coordination des obsèques du dernier régent Kezembou Marcel alias Tayo Marcel «porte à la connaissance de la communauté Bangou du Cameroun et de la diaspora, que la date du 28 janvier 2019 est définitivement arrêtée pour l’organisation des desdites obsèques.»
Une posture en contradiction avec celle du Sous-Préfet de Bangou qui rappelle que « C’est le Préfet du département des Hauts-plateaux qui procède aux consultations des notabilités coutumières en vue de désigner un tel chef. » En sus, souligne l’autorité administrative « Aux pays Bamilékés, «l’arrestation d’un nouveau chef» et la présentation de celui-ci à l’autorité investis de pouvoir vaut consultation.» Une posture partagée par la famille royale et les cercles de notables locaux. Porte-parole de la famille royale, le Prince Patriarche Samuel Nana Sinkam martèle que «C’est aux gardiens de nos traditions qu’il appartient d’organiser les rites traditionnels préalables à l’ouverture du deuil à la chefferie Bangou.» En clair, indique le représentant de la famille royale, celle-ci entend procéder à la désignation du nouveau chef au terme de la résolution des problèmes que connaissent les différentes successions à la chefferie supérieure Bangou depuis 50 ans. Un processus qui prévoit l’organisation des obsèques collectives deux Rois mort en exil qu’a connu cette communauté.

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