Cameroun – Ateba Eyene, Pius Ottou, Lapiro…: Quand l’opinion tente d’expliquer les décès en série

Assassinat, sorcellerie, malédiction.., toutes les conjectures y passent, pour expliquer la série de décès que vit actuellement le Cameroun.[pagebreak]Depuis le début du décompte macabre des personnalités publiques au Cameroun, beaucoup de personnes se posent un florilège de questions. «Lapiro a-t-il été assassiné», «Pius Ottou est-il mort de sa belle mort», se demandent certains. D’autres se posent encore la question de savoir si le régime n’a pas finit par avoir le scalp d’une Catherine Abéna et bien d’autres. A toutes ces interrogations, d’aucuns préconisent de garder raison, mieux, d’être rationnel.
Okala Ebode, expert en gouvernance et management public, analyse: « Pour ne rester que sur les noms des dé cujus suivants :Abel Eyinga, Adolphe Papy Ndoumbé, Abanda Kpama, Charles Ateba Eayene, Catherine Abena. Lapiro de Mbanga et Jean Claude Mpaao Kotto, je pense qu’ils sont morts de «mort naturelle».
Okala Ebode poursuit: «Une mort naturelle favorisée pour certains par une dégradation de la qualité de vie. Il s’agit dans ce cas d’Abel Eyinga qui a longtemps souffert de sa maladie dégénérescente et de la stigmatisation du régime de Yaoundé, d’Abanda Kpama à qui les autorités camerounaises ont refusé une aide pour son évacuation, de Charles Ateba Eyene qui n’a également pu bénéficier de la mansuétude d’un régime dont il est l’un des acteurs de la survie aux moments les plus critiques du retour à la démocratie, de Lapiro de Mbanga qui n’a pas eu droit en prison à un suivi médical approprié pour diagnostiquer très tôt le mal qui le rongeait et lui permettre, aussitôt, une meilleure prise en charge».

L’analyse d’Okala rejoint celle de Roland Kouotou, homme politique, qui pense que, «L’on ne pourrait évoquer ici des cause liées à la métaphysique. On pourrait chercher ou trouver autres explication à ces départs en cascade dans notre système de santé qui démontre ses grandes défaillances. Sinon, comment comprendre que tous les internements dans nos centres hospitaliers s’achèvent par le repos des âmes».

Pour Alain Blaise Ngono, ancien président de l’Association pour la défense des droits des étudiants du Cameroun (Addec), «On en parle aujourd’hui plus, peut-être parce qu’il s’agit des visages connus, mais en réalité, combien de Camerounais ordinaires meurent tous les jours parce qu’ils n’ont pas accès aux soins de santé et pire, lorsque ce drame survient dans des installations hospitalières peu préparées à s’occuper efficacement des malades.
Du coup, il me parait raisonnable de prévoir des décès en cascade dans les mois et années à venir au Cameroun. Car, ce ne sera que dans l’ordre normal des choses. Le plus embêtant c’est que l’incurie des croulants coûte de plus en plus la vie à des générations plus jeunes».

CRIMES, PUNITION DIVINE, PEUR…
Okala Ebode relève qu’il ‘y a un dénominateur commun à toutes ces morts: le système de santé dont le dénuement du plateau technique, l’incompétence, l’absence de conscience professionnel et la vénalité de ses médecins, à répondre efficacement aux problèmes de santé des Camerounais en général et quel que soit parfois le rang et la qualité des personnes malades. «C’est pourquoi, conclut-il, on est aussi tenté d’apparenter certaines de ces morts à des crimes».

Sur le terrain du noumène, Kamdem Dieunedort, un pasteur d’une église dite réveillée à Yaoundé prêche la thèse de «l’année du jugement ». Se confiant au site en ligne «yaoundeinfos.com, celui qui se fait appeler «Le General de Dieu» souligne: «N’ai-je pas déclaré aux médias en début d’année que 2014 sera une année de décès en cascade dans les hautes sphères de la société»? Kamdem Dieunedort annonce même que, «dans les 40 jours qui viennent, il y aura une autre série» de morts. Le «Général de Dieu» prédit aussi une troisième série macabre aux mois de juillet et d’août.
Denis Kwebo, journaliste au quotidien privé «Le Jour», pense que le pouvoir en place à Yaoundé installe le peuple entier dans la peur. «On vous appelle de partout pour dire il ne faut plus dire toutes les vérités, regarde ce qui est arrivé à Charles Ateba Yene. Comme si la vérité qui se libère de nos propos grâce au courage et à la critique scientifique de notre société venaient échouer sur les égoïsmes». Il en conclut que, « Ceux qui ne participent pas à la transformation de la société sont pires que les morts».

Source: Repères

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *