Le ton monte à l’approche de l’élection présidentielle de 2025 au Cameroun. Dans une tribune libre publiée le 1er mai 2024, le député Jean Michel Nintcheu, figure de proue de l’opposition et coordonnateur de l’Alliance pour le Changement (APC) qui soutient la candidature de Maurice Kamto, s’en est violemment pris à deux icônes de la société civile : Edith Kah Walla et Maximilienne Ngo Mbe. Il les accuse ni plus ni moins d’être des « alliées objectives » du président Paul Biya. Une attaque frontale qui suscite de vives réactions et questionne sur la stratégie de l’opposition.
Kah Walla et Ngo Mbe dans le viseur de Nintcheu
Au cœur de la polémique, des prises de position des deux activistes sur les réseaux sociaux qui, selon Nintcheu, tenteraient de démobiliser les Camerounais dans leur élan d’inscription massive sur les listes électorales. « Les dernières sorties des dames Édith Kah Walla et Maximilienne Ngo Mbe m’ont énormément surpris et déçu du fait que je les considérais jusqu’ici comme des acteurs majeurs de la lutte pour l’avènement de la démocratie et de l’État de droit dans notre pays », a-t-il fustigé, comme le rapporte 237online.com.
Inscription sur les listes et mobilisation, un faux débat pour Nintcheu
Pour le député, opposer l’inscription sur les listes électorales à la résolution de la crise anglophone ou à la nécessité de manifester pacifiquement pour faire tomber le régime Biya est une « alchimie » incompréhensible. « Ceux qui, pour une raison ou une autre, s’engagent dans une opération de démobilisation des camerounais – qui ont répondu favorablement à l’appel de l’APC de s’inscrire sur les listes électorales ainsi qu’aux multiples appels des artistes et des hommes d’église- sont des ALLIÉS OBJECTIFS de M. BIYA et de son régime« , a-t-il martelé.
Biya fait-il appel à la cinquième colonne ?
Nintcheu va plus loin, insinuant que face à la « soif perceptible et irrésistible de Camerounais laminés par une sévère misère et décidé de le punir dans les urnes », le régime Biya ferait appel à une « cinquième colonne » pour tenter d’échapper à sa « défaite cuisante en 2025 ». Des mots durs qui résonnent comme une mise en garde à Kah Walla et Ngo Mbe : « Que dames Édith KAH Walla et Maximilienne Ngo Mbe et les organisations qu’elles représentent se ressaisissent vite avant que le peuple ne les classe définitivement parmi leurs adversaires ».
L’opposition peut-elle se permettre ces divisions ?
Mais cette stratégie de mettre au pilori tous ceux qui ont une opinion contraire est-elle judicieuse ? Pour de nombreux observateurs, ces querelles intestines font surtout le jeu du pouvoir en place. À un an d’une élection cruciale, où l’opposition espère enfin tourner la page Biya après 40 ans de règne, les divisions apparaissent comme un luxe que les forces du changement ne peuvent se permettre.
Un appel à la mobilisation tous azimuts
Malgré ces dissensions, Nintcheu reste confiant dans la victoire en 2025. « L’APC battra M. BIYA dans les urnes, comme en 1992 et en 2018, et contrairement à ces deux précédentes fois, défendra avec acharnement sa victoire. Pour cela elle a déjà un allié de poids, un peuple désormais conscient et debout, pressé d’en découdre avec ses bourreaux« , a-t-il assuré. Il a appelé les Camerounais de l’intérieur et de la diaspora à « braver tous obstacles dressés sur leur chemin par Monsieur Érick ESSOUSSE et ELECAM pour se ruer devant les différents points d’inscription, à aller massivement voter pour le Changement et l’Alternence le moment venu, et à défendre jusqu’à leur dernier souffle leurs votes, leur dignité de citoyens ».
Cette passe d’armes entre figures de l’opposition et de la société civile reflète les tensions et les enjeux colossaux à l’approche de l’échéance de 2025. Mais au-delà des invectives, c’est bien la capacité des forces du changement à rester unies et mobilisées qui déterminera l’issue du scrutin. Un défi de taille face à un pouvoir qui, après quatre décennies, ne compte pas lâcher les rênes si facilement.