Cameroun: 10 formations sanitaires clandestines fermées à Maroua

Dispensaire Maroua 1er

C’est à l’issue d’une mission d’inspection effectuée le 17 avril par les autorités administratives, sanitaires et policières locales.

Tchapnga Nang Guy Emmanuel était à la tête d’une forte délégation le 17 avril dernier à Maroua 1er. Elle était constituée entre autres, du Dr Hamadou Nassourou, représentant régional de l’Ordre national des Médecins du Cameroun (Onmc) pour l’Extrême-Nord, d’Ibrahim Zigla, représentant de l’Ordre national des Infirmiers du Cameroun, du Dr Sali Babani, maire de la ville et des responsables de force de l’ordre. L’objectif de cette forte mobilisation que conduisait le premier adjoint préfectoral du Diamaré, représentant le Préfet, était de débusquer toutes les formations sanitaires exerçant en marge de la réglementation dans l’arrondissement de Maroua 1er. Mais aussi curieux que cela puisse paraître, sur les 11 formations sanitaires visitées, seule une, est en règle. Il s’agit de la formation sanitaire du Dr Djakaou, située à Hardé, qui remplit toutes les conditions.

Au vu des observations constatées çà et là, les dix autres formations sont frappées soit par la fermeture provisoire, soit par la fermeture définitive.
À Pitoare par exemple, au cabinet de soins d’un certain Sanda, il a été difficile à l’équipe du Dr Hamadou Nassourou de distinguer la formation sanitaire à un garage des motos. «Nous sommes où là ? Des malades couchés à même les nattes, et une salle d’accueil transformée en un garage de motos.
Le spectacle est tout simplement surréaliste. Comment les gens normaux peuvent-ils s’amuser à ce point avec la santé des populations ? Comment peut-on accueillir un malade dans un cadre aussi inapproprié et insalubre ? Dans la salle dite de prélèvement, le rideau placé à l’entrée, donne la nausée», s’est indigné un policier dans la suite de la délégation. Et ce dernier de conclure : «En tout cas, nous attendons la fin de cette mission pour voir clair dans cette histoire». Au cours de cette visite, l’on a pu observer que 95% des employés de ces structures hospitalières ne portent pas des masques. Un déficit de port de masques de protection grave, dans un contexte où le coronavirus fait parler de lui à travers le monde. Car, non seulement les expose à cette pandémie, mais aussi et surtout, expose les patients qu’ils accueillent.

«Nous avons constaté avec regret que les promoteurs de ces centres de santé sont en grande partie des fonctionnaires qui travaillent ailleurs.
Parfois, ils sont à l’étranger. Ils emploient des infirmiers à la place des médecins et, d’autres sont en train d’être formés sur le tas en violation des pratiques médicales en la matière, mettant de fait les patients en danger. Je pense bien qu’après cette lourde mission, tout le monde sera au pas», a souhaité le Dr Nassourou Hamadou, par ailleurs Directeur de la Clinique du Diamaré, à Maroua.

Cette délégation a achevé la première mission au lieu-dit Pont Vert, où un Centre de santé a été construit uniquement avec des feuilles des tôles.
Séance tenante, instruction a été donnée pour que ledit Centre de santé soit immédiatement fermé en l’absence de son responsable. Selon nos informations, le promoteur de cette structure aurait eu vent de cette descente et a pris soin de la fermer, pour échapper à la répression.
Autre fait troublant révélé par notre source, est que dans cette structure les consultations se font beaucoup plus la nuit, avec pas moins de 100 personnes enregistrées. En attendant la prochaine descente, prévue dans deux semaines dans les arrondissements de Maroua 2 et Maroua 3 qui comptent 11 formations sanitaires, le représentant de l’autorité administrative a exprimé la nécessité de réguler ce secteur qui évolue dans la clandestinité. Et surtout au péril des populations qui n’aspirent qu’à des soins de qualité.

David Wenai

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