« La cigale ayant chanté tout l’été se trouva fort dépourvue quand la brise fut venue ».
Cette phrase de la fable de La Fontaine, « la cigale et la fourmi » peut s’appliquer à l’ancien administrateur directeur général de la société anonyme des Brasseries du Cameroun (Sabc) André Siaka. En effet, d’après un audit commandé voici 3 mois pas la nouvelle direction, il s’avère aujourd’hui que l’ex-patron de la Sabc a gaspillé le confortable héritage légué par son prédécesseur. Ceux qui le pensent au regard de ce rapport d’audit se sont frottés les yeux en découvrant qu’André Siaka et ses affidés à travers des sociétés écrans, ont, prétendent certaines indiscrétions, obéré les caisses de la société brassicole à hauteur de 8 milliards de FCFA, sur 5 ans seulement.
Du coup, l’on en vient à se demander qu’adviendrait-il si on étendait cet audit sur le total des 36 ans passés à la tête de la Sabc ?
La Météo a appris que tout ceci serait en réalité, soutiennent des sources crédibles, la résultante des nombreux contrôles et autres inventaires, à nul autre pareil, opérés dans les différentes usines et agences des Brasseries sur toute l’étendue du territoire national. Il est cependant évident que des signes trahissaient déjà le mauvais vent qui allait souffler à la direction des Brasseries du Cameroun.
Somme toute, un tas de petits faits, apparemment sans importance, laissaient d’ailleurs subodorer le départ de l’ingénieur polytechnicien, malgré la moue sereine qu’il affichait en annonçant son départ.
« Chers collaborateurs après 36 années à la tête de notre entreprise, je me prépare à quitter mes fonctions de directeur général courant janvier 2014. Dans les prochains jours, j’aurai l’occasion de vous présenter celui qui est appelé à me succéder, Monsieur Francis Batista précédemment directeur général de la Brasserie Star à Madagascar. Je saisis cette opportunité pour remercier chacun d’entre vous pour tout le soutien dont j’ai bénéficié pendant toutes ces années et qui a permis de placer notre entreprise à la place qu’elle occupe aujourd’hui. Faire des Brasseries du Cameroun une entreprise de référence en Afrique noire, tel aura été notre combat au quotidien ces dernières années : Nous ne sommes pas si loin du but ! Nous devons maintenir le cap. Bien cordialement », avait-il laissé entendre dans une note à ses collaborateurs, le 10 septembre 2013. Et lorsque, le 14 novembre 2013, à l’issue du conseil d’administration, le français Francis Batista prit les commandes, tout le monde comprit que les choses allaient changer…
Activisme
Fraîchement venu de Madagascar, et alors qu’il ne s’est pas encore familiarisé au décor de la nouvelle société, il annonce un vaste mouvement de contrôle qui semble qui semble confirmer aujourd’hui l’inclination d’André Siaka à la prévarication et au népotisme. Ses affidés de leur côté ne s’alarmant nullement.
Au contraire, leur activisme débordant va les pousser à la porter plutôt en triomphe, comme ce fut le cas le 15 janvier dernier au Castel Hall de Douala, à l’occasion de la cérémonie d’au revoir.
« Aujourd’hui qu’on se hasarde à faire un bilan, il est normal que l’affaire fasse autant de bruits chez les feals de l’ex- dg qui ont amassé un important trésor de guerre sur le dos des employés. Les signes ostentatoires de richesse qu’ils affichent sont aujourd’hui sujet à caution. Ces dinosaures qui ont causé une saignée financière ont en réalité mis à mal l’ambiance au sein de l’entreprise au point où les subalternes ne supportaient plus de voir leur supérieur passer un temps record du statut de minable à celui de milliardaire » lance un employé. En vrac, les marginalisés dénoncent les modes de recrutement d’André Siaka, à fort relent tribal. Sa générosité financière doublée d’un nombrilisme débordant à l’endroit des siens se passaient de commentaires, évoquent ses détracteurs. En plus, « s’il est vrai que la longévité peut bloquer le sens des innovations, d’où le risque de stagnation sous ouverture à de nouvelles perspectives. Le départ d’André Siaka peut également y trouver son origine », commente un cadre de la Sabc sous anonymat.
Pour notre interlocuteur, les dizaines d’années à trôner à la tête de cette société brassicole, mérite un Awards au mieux, de figurer dans livre de records.
André Siaka peut ainsi se vanter d’avoir eu ainsi ce privilège, au point où les langues qui se délient suffisamment ne se posent plus des questions s’il gardait encore ses réflexes de l’ingénieur polytechnicien qu’il aime tant.
Pour reprendre d’autres langues fourchues, les efforts des français pour doter les employés des conditions de vie et de travail à la hauteur des attentes ne suffisaient plus pour assouvir leur goût très prononcé à l’argent.
Et quand les murs d’un édifice commencent à se fissurer, il faut s’assurer que les fondations sont encore solides. L’arrivée d’un nouveau patron à la tête de la Sabc semble donc répondre à ce constat. Dans tous les cas, l’affaire Siaka n’a pas fini de cracher ses secrets. Et d’étonner.