AHMAD AHMAD : « La CAF n’a jamais réfléchi à un retrait de la CAN 2019 au Cameroun »

Sa visite était annoncée sur les réseaux sociaux depuis quelques jours.
Mais, au vue des relations extrêmement tendues ces derniers mois avec la Confédération africaine de football (CAF), bien trop peu de gens y croyaient. Et pour- tant, le Malgache Ahmad Ahmad, patron de la CAF a foulé le sol camerounais ce mardi 2 octobre 2018, en compagnie de l’ancien attaquant vedette de la sélection nationa- le, Samuel Eto’o Fils, du président du Comité de normalisation de la Fecafoot Dieudonné Happi et du Congolais Constant Omari, membre du Comité exécutif de la CAF.
Au sortir de l’audience que lui a accordée le chef de l’Etat, Paul Biya, le discours d’Ahmad Ahmad a totalement surpris. Alors qu’il militait pour le retrait de l’organisation de la CAN 2019 au Cameroun avant l’assemblée extraordinaire de l’instance de Sharm El Sheikh les 27 et 28 septembre 2018, il a tenu des propos contraires à ceux dont il a habitué le public. «Je remercie Samuel Eto’o, c’est grâce à lui qu’a été organisée cette visite pour enlever toutes les supputations à gauche, à droite. La CAF n’a pas de plan B. Ce n’est pas la CAF qui organise, c’est le Cameroun qui accueille cette com- pétition. C’est le Cameroun qui nous dira demain on est prêt, ou alors, on n’est pas prêt, donnez– nous le temps», a déclaré le Malgache.
Selon www.prc.cm, le site officielle de la présidence de la République, la rencontre Biya- Ahmad a porté sur trois points essentiels : le développement du football en Afrique, la pro- chaine Coupe d’Afrique des Nations de football au Cameroun et l’avenir du Centre d’excellence de la CAF, située à Mbankomo une banlieue Sud de Yaoundé.
Sur le premier point, M. Ahmad a indiqué que la vision de l’équipe dirigeante de la CAF est de faire du football non plus seulement un jeu mais aussi un instrument au service du développement du continent et du plein épanouisse- ment de la jeunesse africaine. Cela, a-t-il reconnu, passe par le soutien des chefs d’Etat africains.

CAN CAMEROUN 2019
S’agissant de la CAN 2019, le président de la CAF a laissé entendre que sa visite est une occasion de lever tout doute en rapport avec des rumeurs de retrait de cette compétition. «La CAF n’a jamais réfléchi à un retrait de la CAN au Cameroun», a-t-il assuré, expliquant que ce sont des Camerounais qui salissent eux-mêmes l’image de leur pays. Puis, il a indiqué que le Président Paul Biya lui a donné «l’assurance que le Cameroun sera prêt à l’instant T.»
Les discussions ont ensuite porté sur les différents points des préparatifs. Le président de la CAF a présenté au chef de l’Etat l’état actuel d’avance- ment des travaux et ce que pré- voit le cahier de charges de la CAF. «Et ça, a-t-il encore expliqué, ce n’est pas pour compliquer les choses mais pour protéger le sport et les joueurs afin qu’ils évoluent dans un maximum de sérénité.»
Cette visite intervient au lendemain de la troisième inspection des infrastructures devant accueillir la 32ème édition de la Coupe d’Afrique des Nations prévue du 15 juin au 13 juillet 2019. Tournée du 07 au 14 août, au terme de laquelle les membres de la délégation CAF s’étaient dits impression- nés par l’état d’avancement des travaux. «Personne n’enlèvera la CAN au Cameroun», a affirmé le Nigérian Melvis Pinick Amaju, vice-président de la CAF et chef de mission. «Ce que nous avons vu est assez impressionnant. Le gouvernement a mis d’énormes moyens. Nous avons hâte de vivre cette CAN au Cameroun qui va organiser une CAN avec beaucoup d’innovations». L’ex international ghanéen Anthony Baffoe, secrétaire général adjoint de la CAF appréciera quant à lui «l’accueil chaleureux» à eux réservé au Cameroun, «un grand pays de football».
Mais, contre toute attente, Ahmad Ahmad, dans un entre- tien accordé le 28 août 2018 à Kwese Sports, media spécialisé appartenant au groupe de presse américain ISPN, le président de la CAF a de nouveau émis des doutes. Il n’écartait plus la possibilité d’attribuer la compétition à un autre pays.
«Je ne suis pas sûr que le Cameroun soit prêt à organiser la CAN (…) Beaucoup de choses manquent encore, et il reste très peu de temps», a déclaré Ahmad Ahmad, avant d’ajouter: «le Cameroun est toujours confronté à de gros problèmes concernant les infrastructures comme les terrains et mêmes les hôtels (…) il serait dangereux de risquer que les joueurs africains, en particulier les professionnels qui évoluent en Europe et dans d’autres continents jouent dans des conditions difficiles».

DÉLOCALISATION
Pour le Malgache, «le Cameroun serait le meilleur pays pour accueillir la CAN à cause de son histoire de football, mais il y a encore des questions quant à sa disponibilité à accueillir un tournoi réussi». Dans cet entretien, le président de la CAF a évoqué pour la première fois en filigrane, une possibilité de délocalisation de la compétition. «La Guinée équatoriale, a-t- il dit, est intervenue au dernier moment pour accueillir la CAN 2015 et cela peut encore arriver.»

Ce n’était pas la première fois que le Malgache s’attaquait au Cameroun. Le 05 août 2017, il déclarait: «Même pour une CAN à quatre équipes, le Cameroun n’est pas prêt». Obligeant le président de la République à prendre position. «D’autres aventures sportives se profilent à l’horizon, d’autres conquêtes sportives vous attendent; la CAN 2019, c’est déjà demain; vous avez rendez-vous avec l’Afrique sportive ici même au Cameroun. Et le Cameroun sera prêt le jour dit, j’en prends l’engagement», a déclaré Paul Biya à Yaoundé, le 10 août 2017, lors de la réception au palais de l’Unité des médaillés des compétitions internationales.
Jusque-là réservé malgré les menaces émises par le patron de la CAF, Roger Milla, l’ancien attaquant vedette des Lions indomptables, la sélection nationale du Cameroun, meilleur joueur africain du siècle selon le quotidien sportif l’équipe en 2001, est sorti de son silence dimanche. Ayant visité à Garoua dans le Nord les quatre stades d’entraîne- ment et les hôtels dont l’entre- prise américaine Prime Potomac a la charge, ainsi que le stade Roumde-Adjia remis à neuf par l’entreprise portugaise Mota-Engil Africa, l’ambassadeur itinérant a apprécié: «Les choses sont en train d’avancer. Le gouvernement camerounais s’est donné les moyens de construire d’autres stades alors qu’aucun autre pays ne l’a jamais fait. Je suis satisfait des avancées des chantiers. A Yaoundé, c’est presque terminé. A Japoma, c’est presque terminé».
Constat qui amène l’ex numéro 9 des Lions indomptables, champions d’Afrique en 1984 en Côte d’Ivoire et en 1988 au Maroc, à critiquer l’attitude d’Ahmad Ahmad, qui veut à tout prix humilier le Cameroun. «Si le président de la CAF pense qu’il est l’homme le plus puissant d’Afrique, il se trompe. Les autres pays ne sont pas d’accord. Le Cameroun a organisé la meilleure CAN féminine. Je suis amer. Le président de la CAN n’a pas le droit de parler comme ça contre un pays».
Cette sortie de Roger Milla est intervenue au lendemain de la tenue, dans la ville de Sharm El Sheikh, en Egypte, les 27 et 28 septembre 2018, du Comité exécutif de la CAF. Réunion au cours de laquelle «la vidéo projetée a permis de constater un retard important dans la réalisation des infrastructures». Ce que Ahmad Ahmad semble aujourd’hui nier. En attendant la prochaine visite des émissaires de la CAF et des experts du cabinet d’au- dit Roland Berger.

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