Gabon: La France en flagrant délit d’ingérence

Gouvernement français

Entre 2014 et 2016, l’Hexagone a multiplié des actes de provocation contre le régime de Libreville.
Entre commentaires tendancieux et défavorables, arrestation de collaborateur du président, doute sur la filiation, le parrain d’hier digère mal les méthodes de gestion d’Ali Bongo Ondimba. Jusqu’au bout, la France sera restée manipulatrice. 237online.com Alors que les Gabonais attendent le résultat de l’élection présidentielle, le Parti socialiste (PS) au pouvoir en France prend les devants pour se féliciter de la victoire supposée acquise de Jean Ping. «Le Parti socialiste sera d’une extrême vigilance sur les résultats de l’élection présidentielle au Gabon. Alors que les premières estimations indiquent que le président sortant Ali Bongo serait battu au profit de Jean Ping, la sérénité doit présider à l’issue du scrutin», rapporte le site d’information gabonreview.com lundi 29 août. D’autres personnalités comme le député Jean-Marie Bockel de Les Républicains seront même plus sentencieux. «Jean Ping a gagné l’élection présidentielle au Gabon. Cette alternance démocratique est historique au Gabon et une transition pacifique et apaisée ne pourra que renforcer un pays en pleine mutation». Rien de surprenant pour ceux qui observent les rapports récents entre la France et le Gabon. Il y a eu la question de la «gabonité» d’Ali Bongo. Sur le chemin de l’élection présidentielle, l’opposition et même des anciens membres du Parti démocratique gabonais (PDG) ont fait de la filiation d’Ali Bongo Ondimba à son défunt père, un fait important. A l’origine du ramdam, la sortie en octobre 2014 du livre de Pierre Péan, journaliste et écrivain français. L’auteur de «Nouvelles affaires africaines-Mensonges et pillages au Gabon», dans son livre, donne une information qui rythmera la vie politique gabonaise pendant des mois. Selon Pierre Péan, Ali Bongo ne serait pas le fils biologique d’Omar Bongo Ondimba. L’information déchaîne les passions, aussi bien chez les opposants que dans la famille du président de la République. Une chasse à l’acte de naissance du président de la République sera lancée, des procès dans les tribunaux et l’opposition va construire l’essentiel de sa campagne et de son programme politique autour de cette affaire. Si le livre de l’écrivain français semblait déjà mettre en branle l’environnement politique, une sortie de Manuel Valls, sans avoir eu la même intensité d’effet, n’est pas passée inaperçue. En effet, le 16 janvier 2016, invité à «On n’est pas couché», une émission de France 2, le Premier ministre français laisse échapper quelques mots qui feront mal à Libreville. Répondant aux questions de l’humoriste Jérémy Ferrari, Manuel Valls affirme qu’Ali Bongo Ondimba n’avait pas été démocratiquement élu, «pas comme on l’entend», en 2009. Libreville est surpris, menace de rappeler son ambassadeur. Certains se demandent s’il s’agit d’un lapsus de la part du chef du gouvernement français. Mais plusieurs n’y croient pas. Ils s’appuient sur le fait que l’émission n’est pas diffusée en direct. Elle a été enregistrée deux jours avant d’être montée pour obtenir la copie finale qui a été diffusée par France 2. Le Premier ministre a donc eu tout le temps pour repréciser sa pensée et faire supprimer l’extrait qui fâche. Mais il ne le fera pas. Pour les observateurs, Manuel Valls a simplement exprimé la pensée de la classe dirigeante française. L’entourage de Manuel Valls tente de rattraper en annonçant une visite du Premier ministre français au Gabon dans les semaines qui suivent. On pense à une occasion de réparer le tort causé. Mais il n’en sera rien. Manuel Valls viendra bien sur le continent pour une tournée. Mais, il évite le Gabon. Aucune explication n’est donnée. Toujours en 2016, une autre personnalité publique française qui s’est dressée contre Ali Bongo est Robert Bourgi. En avril, sur France 24, il laisse entendre que les réseaux de la Françafrique avaient déjà adoubé Ali Bongo Ondimba, avant même l’élection anticipée
de 2009. Cette sortie crée une certaine ambiguïté sur le choix de ce dernier par le peuple. L’avocat français ira jusqu’à comparer le régime d’Ali Bongo Ondimba à une dictature qui fonctionne sur le tout répressif. manuel valls Avant le livre de Pierre Péan et la sortie de Manuel Valls, Ali Bongo Ondimba a eu à gérer l’arrestation, encore en France, de son directeur de cabinet. Début août 2015, Maxient Accrombessi, en séjour, est interpellé à l’aéroport de Roissy par la police et gardé à vue pour «corruption d’agent public étranger». La justice française soupçonne le directeur de cabinet d’Ali Bongo d’avoir «perçu de l’argent de la société Marck», une entreprise française spécialisée dans la fabrication d’uniformes militaires. 237online.com Le palais présidentiel envoie très vite un ordre de mission à Maxient Accrombessi, et il sera libéré quelques heures plus tard pour regagner le Gabon. Libreville dénonce un acte d’humiliation. «La justice française aurait pu émettre une convocation en bonne et due forme, et M. Accrombessi se serait présenté […]. Mais aller l’arrêter devant tout le monde à l’aéroport, cela ressemble à de la justice spectacle […]. Audelà de la personne et de la fonction, c’est le pays qu’on cherche à humilier», affirme-t-on au Palais du bord de mer. Visiblement, le premier septennat d’Ali Bongo n’aura pas été un fleuve tranquille dans les relations entre le Gabon et la France.

Rodrigue Nganzi

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