Cameroun – Titres fonciers: Un véritable parcours du combattant

Titre foncier

Les usagers éprouvent beaucoup de difficultés pour obtenir ces documents-clés de l’investissement. Paul N., enseignant à Belabo, a acquis en 2015, un terrain de 375 m2 à Bertoua.
Aussitôt, il a déclenché le processus d’obtention du titre foncier. «J’ai rencontré le sous-préfet, qui est le président de la commission locale. Après avoir déboursé 140 000 F, cette commission est descendue sur le terrain pour le constat d’usage. Seulement, quelques agents véreux de la commission m’ont vu après, pour me demander 50 000 F pour diligenter le dossier. Le dossier a ensuite été transmis au cadastre départemental de Bertoua. Pour la topographie, j’ai donné les 200 000F exigés. Mais depuis, plus rien. On m’a plutôt informé de ce que la délivrance des titres fonciers a été suspendue», explique l’aspirant. A la  délégation  départementale  des Domaines, on lui suggère d’adresser une demande au ministre, pour continuer le processus engagé. « Cette demande est faite depuis avril 2017. J’attends toujours la réponse», déclare-t-il. Rigobert Nguetio a, quant à lui, obtenu de haute lutte son titre foncier en 2013, pour une parcelle de 604 m2, à  Bertoua. S’il se réjouit  que cela lui ait pris quatre mois, il avoue néanmoins que le parcours a été parsemé d’embûches. Rigobert Nguetio dit avoir déboursé près de 500 000 F en pots de vin, pour obtenir le précieux document. Hamidou Wamalam, de son côté, a acheté un terrain de 400 m2 qui était  déjà titré, appartenant à une personne qui avait obtenu ce document pour 5ha. « Aux services départementaux des domaines, des cadastres et des affaires foncières, on m’a proposé, avec l’aide d’un  notaire, le morcellement qui doit être fait avant toute opération y relative. C’est ce que j’attends pour introduire un dossier de titre foncier en mon nom », raconte ce citoyen. S’agissant du permis de construire, le chemin de  croix n’est pas aussi long que celui qui mène au titre foncier. Sur un terrain de 420 m2, Alexis F. a introduit son dossier à Mandjou en 2015, et en moins d’un an, tout était prêt. Il a dépensé en tout 300 000 F. Cependant, selon Alain Boyomo, chef de bureau  de l’architecture et de l’habitat à la Communauté urbaine de Bertoua la principale difficulté est liée au manque d’information de la part des usagers. D’après cet informateur, si un particulier se présente, il est normalement servi avec  diligence. Sauf que les uns et les autres, rencontrés dans le cadre de cette enquête, sont d’accord sur le fait qu’il y a peu de vulgarisation et de sensibilisation à ce sujet. Il faut relever que dans le Lom-et-Djérem, le processus d’obtention du titre foncier est davantage devenu compliqué depuis que le Mindcaf y a suspendu, le 13 mai 2016, toutes transactions foncières. Kora Mbele, le délégué départemental, confirme qu’il faut une autorisation spéciale du ministre pour avoir ce documentclé. Ceci après une demande  qui prend généralement de l’argent et du temps. Conséquence, à l’en croire, depuis cette suspension, seulement environ une trentaine de titres fonciers ont été délivrés dans ce département.

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