Cameroun – Lutte contre Boko Haram: Le capitaine Matouté décédé au front

Harcelés par quatre armées déterminées à l’éradiquer, les insurgés multiplient des attentats terroristes au moyen d’engins explosifs improvisés (Eei). Deux militaires camerounais tués dont un officier.[pagebreak]Le capitaine Elvis Matouté et son chauffeur, un caporal, tous en service au Bir, ont trouvé la mort hier. Les deux militaires engagés au front ont été victimes d’une bombe sale de Boko Haram. Ils étaient en patrouille sur la route entre Mora et Limani dans le département du Mayo-Sava. Un renseignement leur était parvenu signalant la présence de Boko Haram. Le capitaine, qui est l’un de ceux qui ont formé la compagnie antiterroriste du Bir est tombé dans un traquenard. L’ancien de la promotion Abdoulaye Oumarou Garoua de l’Emia est tombé sur un de ces engins explosifs improvisés que les Boko Haram ont parsemés le long de la frontière. Désespérés de ne pouvoir s’emparer de la ville d’Amchidé malgré plusieurs tentatives très hardies, par des attaques en surnombre ou abrités derrière des tanks, les membres de la secte ont opté pour la perfidie. Ils ont choisi de poser des Eei, sur tous les axes de ravitaillement des troupes aux avant-postes. « Ils en ont tellement posé qu’ils sautent eux-mêmes dessus », commente un militaire au front. Ces derniers ont appris à repérer ces pièges, que les terroristes dissimulent le long des axes fréquentés par les militaires. Elvis Matouté est monté au front pour la première fois il y a une dizaine de jours. La mal hance aidant, la voiture de tête de convoi, à bord de laquelle ce formidable meneur d’hommes se trouvait a été prise au piège et l’explosion qui s’en est suivie a tué les deux hommes sur le champ. Il faut dire que les troupes au front ont redoublé de vigilance depuis une dizaine de jours. Mais, Elvis Matouté, ancien chef de détachement du Bir à Manoka, après être passé au bataillon de surface du Bir faisait pour ainsi dire son baptême de feu face à un ennemi des plus retors dont personne ne sait les ambitions. Boko Haram, pourtant croyait-on, a fort à faire en territoire nigérian ces derniers jours. Les nouvelles qui parviennent des armées nigérianes et tchadiennes disent que les insurgés connaissent de très lourds revers. Ils auraient perdu le contrôle de toutes les localités d’où ils avaient chassé l’armée nigériane et de leur sanctuaire de la forêt de Sambisa. Boko Haram ou l’Etat islamique d’Afrique comme ils prétendaient s’appeler semble être sans territoire. Les compagnons d’Aboubakar Shekau sont devenus des hommes traqués. En désespoir de cause, ils sont revenus à leurs fondamentaux : le terrorisme. Ils veulent désormais se rendre fluides, insaisissables et mobiles tout en commettant des atrocités les plus innommables pour signifier à l’opinion que ces armées qui les combattent ne sont pas capables de garantir la sécurité des populations pour qui elles sont sensées faire la guerre. Boko Haram use de propagande. Il est jugé à ce qu’il promet, les armées le sont, elles, à ce qu’elles font. Mais, les signes de la détresse de Boko Haram sont à voir ailleurs que dans la perte du terrain militaire. « Désormais, les voyageurs qui doivent traverser les zones où certains d’entre eux s’adonnent au pillage comme sur la route Maroua-Kousséri, quand elles transportent du riz ou de la farine, prennent la peine de la distribuer dans des sacs de sel ou d’autres petits sacs qui ne font pas plus de 10 Kg. Autrement les BH affamés repèrent à distance des sacs de 50 kg de nourriture et sont prêts à tout pour les arracher », confie Abdou, un commerçant habitué de cette route.

Aziz Salatou

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