Cameroun: Les entreprises locales sont un frein pour l’émergence 2035

Les entreprises locales manquent de capacité technique, humaine et financière. Même le management fait défaut dans certaines structures.
5800 kilomètres de route, soit la moitié du réseau national destiné à l’entretien est actuellement « pris en otage », selon le ministre des Travaux publics, par des PME locales disposant de contrats d’entretien dont l’exécution a largement dépassé les délais contractuels initiaux. Certains courent depuis sept ans, regrette le ministre Emmanuel Nganou Djoumessi, qui a réuni en début de semaine dernière à Yaoundé, 30 entreprises adjudicataires des contrats d’entretien routier à problèmes. La rencontre avait pour objectif d’examiner les modalités de clôture de certains de ces contrats et permettre au ministère de lancer des appels d’offres en vue du recrutement de prestataires capables d’effectuer les travaux. Ça, c’était la semaine dernière. Quelques mois plutôt, notamment en octobre 2015, le ministre délégué à la présidence chargé des Marchés publics (Minmap) était lui-aussi monté au créneau. Abba Sadou menaçait de suspendre 146 PME du système des marchés publics, leur reprochant « des taux de consommation des délais se situant parfois au-delà de 500% ; des projets complètement à l’arrêt ; des chantiers purement abandonnés et des marchés n’ayant jamais connu un commencement d’exécution ». Des évaluations faites, tant au niveau du MINMAP qu’au MINTP, les problèmes sont les mêmes. D’abord, l’absence de capacité technique et humaine. Il a été observé que bon nombre de PME locales font de fausses déclarations lors de la constitution des dossiers d’appel d’offres. Ils disent notamment disposer de suffisamment d’engins et d’ingénieurs qualifiés, alors qu’il n’en est rien. Toutes choses qui ont récemment fait dire au MINTP que « les entreprises qui seront retenues pour la prochaine fois feront l’objet d’une inspection. Il ne sera plus question de se contenter des documents produits. 237online;com Et s’il s’avère que ces entreprises ont fait des déclarations mensongères, les autorités judiciaires seront saisies ». Un autre problème, c’est le manque de capacité financière. Très souvent, en effet, les entreprises adjudicataires financent les marchés et se font rembourser par la suite. « Faute de ressources pour le préfinancement, on est obligé d’attendre que le Trésor public mette les fonds à disposition », regrette le responsable d’une PME locale. La question de gestion de ces entreprises n’est pas en reste. Pierre Célestin Ntep, représentant d’une des entreprises convoquées à Yaoundé par le MINTP fait remarquer que sa structure a eu un problème interne de gestion. « Nous avons perdu notre promoteur. Le temps de nous remettre en place, le retard était accusé », explique-t-il. Sauf qu’« une PME engagée dans les marchés publics ne doit pas fonctionner comme une entreprises familiale où le décès du chef est préjudiciable aux marchés contractés », lui a-t-on rétorqué au MINTP.

Félicité BAHANE N.

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