Les entreprises locales évoluant dans le secteur du bâtiment et les travaux publics (BTP) peinent à convaincre.
A tel point que le gouvernement travaille actuellement à la catégorisation des prestataires de BTP et activités connexes. « Ce texte en cours d’appréciation par le Premier ministre, promet cinq catégories – A, B, C, D et E. Ce qui fera qu’à l’avenir, les appels d’offres soient restreints à une catégorie d’entreprises données. La catégorisation va permettre à chaque PME de soumissionner dans le lot où elle aura été classée », confiait il y a quelques jours à CT, Issofa Moumbain Matapit, secrétaire permanent du Conseil national de la route (CONAROUTE), à la sortie des travaux de la 19e session de cette instance à Yaoundé. La catégorisation des PME dans le secteur des BTP devrait donc limiter l’accès d’un bon nombre d’entreprises jugées incompétentes à la commande publique. C’est que, jusqu’ici, le domaine des infrastructures routières en général et celui de l’entretien routier en particulier est victime du manque de professionnalisme des entreprises retenues pour l’exécution de travaux divers. Le ministère des Travaux publics (MINTP) a recensé dernièrement 100 contrats d’entretien routier passés il y a sept ans dans certains cas, et qui demeurent à ce jour en cours d’exécution. Le problème, c’est qu’il ne se passe rien sur le terrain. Résultat, 5800 km de route, soit la moitié du réseau destiné à l’entretien, restent fortement dégradés, mettant à mal le déplacement des populations et des biens dans les zones concernées. Avant cette sortie du MINTP, il y a eu, en octobre 2015, la menace d’exclusion de 146 entreprises par le ministère des Marchés publics (Minmap) pour retard, arrêt et abandon de chantiers. Ceux-ci concernaient des marchés publics passés entre 2013 et 2014 pour la construction de salles de classe, de centres de santé, l’aménagement ou la réhabilitation de routes rurales entre autres. Des travaux non encore livrés par les prestataires. La défaillance des PME locales a un impact sur l’avancement des chantiers de la CAN féminine que le Cameroun accueille en novembre prochain. A Buea et à Limbe dans le Sud-Ouest, le 14 janvier dernier, une délégation interministérielle a fait le triste constat du retard pris par les entreprises par rapport aux délais fixés. En fait, à cette date-là, moins de 30% des travaux étaient exécutés contre 40% des délais consommés. Mais, c’est davantage la révélation du gouverneur qui fait froid dans le dos. D’après Bernard Okalia Bilaï, rien n’a changé sur les différents sites depuis le 8 décembre 2015, date du dernier passage de la délégation. Ceci en dépit des recommandations formulées. 237online.com Si ces entreprises donnent toutes les garanties du bon déroulement des travaux sur le papier, sur le terrain, il n’en est rien. Les employés ne sont pas mobilisés et les contrôleurs, eux, invisibles. Les concertations ouvertes au MINTP du 18 au 22 janvier dernier avec la trentaine d’entreprises indexées dans les retards de travaux d’entretien routier ont permis, dans la démarche d’assainissement en cours, de comprendre ce qui fait problème. Du côté des promoteurs de ces structures, chacun y est allé d’un argumentaire tendant à se dédouaner de toute culpabilité. Le non-paiement des décomptes à temps, le manque d’engouement des banques locales à financer leurs activités, les difficultés d’accès aux équipements et matériaux requis, les lenteurs et lourdeurs administratives, la pluviométrie, etc. sont ainsi évoqués par les entrepreneurs. Toutefois, reconnaîtront certains, des difficultés en interne, au sein de l’organisation même desdites entreprises sont aussi en cause. Puisque, comme le révèlera l’un des représentants d’une entreprise, c’est le décès du promoteur qui a retardé un chantier. Le genre de justificatif qui passe mal, dans un environnement où le professionnalisme doit plus que par le passé, être la qualité première des entreprises de ce secteur. Surtout dans un contexte où l’organisation par le Cameroun des Coupes d’Afrique des Nations 2016 et 2019 offre une opportunité en « or » pour les entreprises locales du BTP. Au vu notamment des nombreuses infrastructures (stades, hôtels, etc.) de qualité, répondant aux standards en vigueur qui doivent être réalisées. Tous sont unanimes sur un fait : seul le professionnalisme fera la différence. Qu’est-ce qui fait réellement problème ? Comment ces entreprises sont-elles recrutées ? Qu’est-ce qui pourrait être fait pour professionnaliser ce secteur ? Autant de questions sur lesquels ce dossier s’est penché
Josiane TCHAKOUNTE