Après son passage au Cameroun… Un investisseur tance un ministre congolais

Avima Iron Ore Limited

Avima Iron Ore Limited s’oppose aux actions du ministre des mines et de la Géologie de la République du Congo, Pierre Oba, lequel a séjourné à Yaoundé pour négocier avec le régime du Renouveau le transit du minerai de fer de cette entreprise jusqu’au port de Kribi.

Plusieurs centaines de milliards Fcfa engloutis en 10 ans. C’est le montant du gigantesque investissement de la société Avima Iron Ore Limited dans le projet de préparation de la production et de l’exploitation du minerai de fer d’Avima en République du Congo. Rentré dans la phase de commercialisation, l’investisseur a été exproprié de son permis minier. Dans la foulée, le ministre congolais en charge des Mines et de la géologie, flanqué d’une délégation a séjourné au Cameroun dans l’optique de négocier avec le gouvernement camerounais le transit du minerai de fer d’Avima Iron Ore Limited (Avima) à travers le pays jusqu’au port en eau profonde de Kribi.

Cette sortie du membre du gouvernement congolais n’a nullement pas été du goût des responsables d’Avima. Selon un communiqué parvenu à la rédaction centrale du Messager, signé le 28mai 2021, «Avima s’oppose fermement à ces actions, rappelant qu’elle est la seule propriétaire légitime du gisement du minerai de fer Avima en République du Congo». Pour rappel, Avima devait commencer la production et l’exportation de son minerai de fer, de qualité supérieure, en janvier 2021. Le projet a du reste été engagé, il y a 14 ans. Une zone aux sous-sols obscurs, a été littéralement transformée en un gisement de minerai de fer de classe mondiale.

Titre minier

Selon des projections, il était prévu qu’Avima exploite et transporte «5 mtpa du gisement jusqu’à ce que le nouveau réseau ferré et l’extension du port de Kribi soient finalisés, ce qui aurait alors augmenté ses exportations à plus de 50 mtpa» souligne à grands traits le communiqué. Des accords avec le port de Kribi, des sociétés de transport de marchandises, les gouvernements congolais et camerounais avaient été conclus lors de l’étape de la préparation de la production et de l’exploitation du projet. Socrates Vasiliades, représentant d’Avima, ne passe pas par monts et vaux pour fustiger les agissements du ministre congolais en charge des Mines et de la géologie, «Il s’agit d’un pas de plus vers la prise de contrôle illégale des actifs détenus par les investisseurs internationaux. Le comportement du ministre Pierre Oba, n’a aucun sens. Il n’a manifestement pas réfléchi aux conséquences de ces actions illégales. Il est intéressant de noter que, plus tôt cette année, le ministre Oba et d’autres dirigeants congolais ont promis le développement d’une voie ferrée de 1800 km jusqu’à Pointe Noire, laquelle doit être construite en deux ans avec un investissement de 10 milliards de dollars US. Nous le voyons désormais promouvoir l’exportation par le Cameroun, ce qui est non seulement une tentative pour nous spolier de notre titre minier et du fruit de notre dur labeur, mais également une tentative désespérée de reproduire tout ce que nous avons accompli dans cette région difficile».

Millier d’emplois

Avima ne décolère pas. L’entreprise affiche son intention de faire valoir ses intérêts et droits sur le gisement de minerai de fer Avima, dont l’actuelle propriété est illégitime. Et pour cause, Avima explique sans ambages avoir investi massivement dans le projet et en République du Congo. Des centaines de milliards Fcfa sur une longue période, avec les encouragements du gouvernement et de ses dirigeants. Pour le reste, du côté d’Avima les mesures prises par le gouvernement congolais ne sont pas seulement illégales, mais elles sont également préjudiciables à l’ensemble du pays et à son peuple. Dans un contexte de paupérisation des masses congolaises où il faut promouvoir des investissements, jeter les jalons du développement économique et social, créer des gisements d’emplois en milliers. Il est établi que cette entreprise ambitionne de protéger son investissement contre des tentatives d’expropriation illégales de ses actifs et assurer l’avenir du projet ainsi que les milliers d’emplois qui en dépendent.

Sur un tout autre plan, des pertes subies par Avima du fait de l’expropriation du permis minier dépasse une estimation initiale de 27 milliards de dollars US soit près de 15 mille milliards Fcfa. Dans cette bataille juridique qui promet des étincelles, Avima est conseillée par le cabinet d’avocats Clifford Chance et son équipe spécialisée en arbitrage international (Simon Greenberg, Alexis Foucard, Marie Isabelle Delleur, et Alix de Zitter, tous basés à Paris). Selon un des avocats, Me Greenberg, «il est difficile d’imaginer un cas d’expropriation plus flagrant. Notre client a investi des centaines de millions de dollars et plus de dix années de travail sur ce projet. La mine était presque prête pour la commercialisation d’un minerai de fer de très grande pureté». Le gouvernement congolais l’entendra-t-il de cette oreille ?

ALAIN NJIPOU

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