Alerte: Près de 615 000 diabétiques détectés au Cameroun

Dialysé camerounais

Le surpoids représente le plus grand facteur de risque avec un taux de 29,5% suivi de l’insuffisance d’activités physiques 29,3%, et de l’obésité 9,6%.

Fadila Ngono, 18 ans, souffre du diabète. Elève au groupe scolaire Frazatti, dans le troisième arrondissement, elle donne des sueurs froides à
ses parents quand il y a rupture d’insuline dans les formations sanitaires de Yaoundé. « L’accessibilité à l’insuline a souvent posé problème. Les familles reconnaissent en effet que ce médicament incontournable, du fait du prix élevé de l’ampoule, reste hors de portée pour beaucoup de malades », avoue Angèle Etouke, mère de Fadila.

Rien d’alarmant jusqu’ici, sauf que dernièrement, son médecin lui a diagnostiqué une hypertension artérielle. « Au début, je me sentais très mal. J’avais du mal à respirer normalement. Cela était accompagné de maux de tête le matin, sur le sommet et à l’arrière du crâne. Sans oublier des étourdissements et des troubles visuels avec une grosse fatigue », confie la lycéenne qui reconnaît avoir abusé des sodas et des mets riches en calories. « Il m’arrivait souvent de boire un à deux litres d’eau par jour. Sans oublier que j’urine beaucoup », avoue Fadila qui dit qu’elle vit aujourd’hui, grâce à l’insuline.

D’après le Dr. Gaëlle Tenda, le diabète est une maladie causée par une quantité élevée de sucre dans le sang. Selon un médecin du centre de diabétologie de l’Hôpital central de Yaoundé, la quantité normale de sucre dans l’organisme est de 0,60g à 1,1g. « Il faut savoir que le taux de sucre dans le sang est régulé par un organe appelé le pancréas. En cas de diabète chez l’enfant, certaines cellules du pancréas sont détruites et ne peuvent donc plus produire d’insuline. Le corps se retrouve alors en état d’hyperglycémie ». Le diabète de l’enfant (type 1) est encore mal connu au Cameroun. Et pourtant, ce trouble métabolique connaît une progression en Afrique et dans le monde.

Accroissement fulgurant en Afrique

La journée mondiale du diabète 2020 a été célébrée le samedi 14 novembre 2020 sous le thème «Personnel infirmier marque la différence ». Cette
célébration a coïncidé avec des données rendues publiques par la Fédération Internationale du Diabète (Fid). Le nombre de diabétiques est en
augmentation dans le monde. En effet il passe de 425 à 463 millions de personnes selon la 9e édition de cette publication. Soit 38 millions nouveaux cas de diabète. On estime d’ailleurs que ce nombre devrait atteindre 578 millions en 2030, puis 700 millions en 2045. « Le diabète est un problème de santé majeur qui a atteint des niveaux alarmants : aujourd’hui, près d’un demi-milliard de personnes vivent avec le diabète », notent les rédacteurs. 2/3 des personnes affectées sont en zone urbaine et 3/4 en âge de travailler.

Environ 136 millions de plus de 65 ans sont diabétiques et la prévalence au sein de cet âge varie selon les régions. L’accroissement est fulgurant en Afrique où l’on enregistre une augmentation estimée à 143% entre 2019 (19 millions de cas), 2030 (27 millions) et 2045 (47 millions). Le Cameroun n’y échappe pas. 615 000 personnes sont diabétiques. Soit une prévalence de 6% chez les adultes de plus de 20 ans. Selon le premier Rapport mondial sur le diabète, publié en avril 2016, cette maladie est la cinquième cause de mortalité dans le pays. Le diabète est la cinquième maladie qui cause le plus de décès au Cameroun, il tue 2% de la population chaque année. Cette maladie est classée derrière les affections transmissibles, maternelles, périnatales et nutritionnelles (61%), les autres maladies non transmissibles (13%), les maladies cardiovasculaires (11%), et les traumatismes (8%).

Renforcer la riposte

Selon ce rapport, le taux de prévalence a traversé le cap de 5%, sur le territoire national, entre 2000 et 2014. Le surpoids représente le plus grand facteur de risque avec un taux de 29,5% suivi de l’insuffisance d’activités physiques 29,3%, et de l’obésité 9,6%. Fort de ce constat, l’Oms appelle les autorités camerounaises à mettre en œuvre d’un plan d’action opérationnel pour lutter contre le diabète. Il s’agit de la mise en application des critères standards pour faire passer les patients du niveau des soins de santé primaires à un niveau plus élevé, des normes nationales reposant sur des données probantes pour le diabète, des politiques pour réduire la sédentarisation, le surpoids et l’obésité. Il faudrait également renforcer la riposte en veillant à la disponibilité des médicaments, technologies et techniques de base dans les formations médicales publiques. Ce sont notamment, l’insuline, le metformine, la transplantation rénale, le traitement substitutif rénal par dyalise, la photocoagulation rétinienne la mesure du glucose et des cétones par bandelette d’urine, etc.

Elvis Serge NSAA

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