Affaire Kamto et crise anglophone: L’Union européenne interpelle le Cameroun

Les 28 pays membres de l’institution dénoncent l’arrestation et la détention prolongée de plusieurs dirigeants d’un parti de l’opposition, dont son leader Maurice Kamto.

Le secrétaire d’État adjoint des États-Unis chargé des affaires africaines regrette, lui, la réponse du gouvernement à la crise anglophone.

Va-t-on vers des sanctions de l’Union européenne contre le Cameroun ? Depuis hier, dans une déclaration validée par les 28 pays membres de l’institution, insiste une source, et signée de la haute représentante, Federica Mogherini, Bruxelles donne de la voix sur la détérioration de la situation politique et sécuritaire au Cameroun. « L’arrestation et la détention prolongée de plusieurs dirigeants d’un parti de l’opposition, dont son leader Maurice Kamto, et d’un nombre important de manifestants et de sympathisants, ainsi que l’ouverture de procédures disproportionnées à leur encontre devant la justice militaire, accroît le malaise politique au Cameroun. L’état de droit demande une justice équitable et la libération des détenus à desquels des l’encontre preuves probantes ne peuvent être présentées. » Les 28 de l’UE s’inquiètent de « la persistance de la violence et des violations des droits de l’homme dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest du Cameroun » qui, soulignent-ils, « a causé un nombre inacceptable de victimes et un impact lourd en termes humanitaire et économique. »

L’inquiétude de ce partenaire traditionnel et important pour le Cameroun est décuplé par « L’émergence de discours de haine basés sur l’appartenance ethnique, tenus par certains médias et acteurs politiques, dont récemment un membre du gouvernement », insiste la déclaration, se référant en particulier à l’interview honteuse de M. Jean de Dieu Momo, ministre délégué auprès du ministre d’Etat chargé de la Justice sur la chaine publique nationale. L’Union européenne ne ferme cependant aucune porte suggérant même à Yaoundé des pistes de sortie aux crises qui se propagent dans le pays :
« La réponse aux défis importants auxquels le pays est confronté ne pourra que passer par un dialogue politique inclusif et dans un contexte de res-
pect des libertés fondamentales et l’Etat de droit. Ceci constitue également le socle pour le partenariat entre le Cameroun et l’UE, au bénéfice de tous les Camerounais. L’UE soutiendra toute initiative dans ce sens », conclut la déclaration concertée des 28 pays membres. Incontestablement, la détérioration de la situation politique et sécuritaire au Cameroun mobilise la pression internationale sur le gouvernement camerounais. Pour preuve, quelques jours avant une tournée africaine qui est censée se terminer par le Cameroun, Tibor Nagy, le secrétaire d’État adjoint des États-Unis chargé des affaires africaines ne s’encombre pas du discours diplomatique policé, pour regretter la réponse du gouvernement à la crise anglophone. Dans une interview accordée au site de Jeune Afrique le 4 mars, il confirme que les États-Unis viennent de retirer une partie de leur appui militaire au Cameroun en précisant les raisons : « C’est très triste car, par certains aspects, le Cameroun est un très grand partenaire des États-Unis. Notamment dans la coopération anti-terroriste dans le Nord du pays, qui est touché par Boko Haram. Mais nous avons des régulations très strictes sur la coopération militaire. Nous ne pouvons travailler avec des unités qui ont commis ou risquent de commettre des violations de droits humains « . Mais surtout, ajoute Tibor Nagy « il y a aussi eu une réduction globale du niveau d’aide en conséquence de notre inquiétude sur la manière avec laquelle le gouvernement répond à la crise. Soit il ne réalise pas la gravité de la situation, soit il décide de ne pas s’engager totalement dans la résolution de cette crise. C’est particulièrement frustrant car nous pensons qu’il y a des choses que le gouvernement pourrait faire pour faire baisser la tension. »

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *