Cameroun – Remise des épaulettes: Paul Biya dans la peau de chef de guerre

Emia

Le chef de l’Etat a réaffirmé son soutien à l’armée vendredi dernier à Yaoundé. [pagebreak]Le président de la République, Paul Biya a saisi l’occasion de la cérémonie de remise des épaulettes aux élèves des 33ème et 34ème promotions de l’Ecole militaire interarmées (Emia) pour rendre à sa manière, un hommage aux soldats et compatriotes abattus au front. Il a prié l’assistance de se «lever pour observer une minute de silence à la mémoire de nos vaillants soldats, morts pour la patrie, à la mémoire de nos compatriotes, victimes des atrocités de la secte Boko Haram». Dans son discours de circonstance, Paul Biya a pris véritablement la posture d’un véritable le chef supérieur des armées qui connait les nouvelles du front.
Il s’est montré attentionné et parfois proches des soldats postés derrières les lignes ennemies à l’Extrême-Nord : «Cette année, s’y mêlera naturellement un sentiment de gravité à la pensée de ceux tombés au champ d’honneur ou blessés dans les combats », a-t-il déclaré. Le choix des maux et des expressions étaient bien adaptés au contexte sécuritaire actuel et au moral des troupes. M. Biya avait bien cette objectif de remobiliser ses soldats et de les galvaniser davantage. Il a, a plusieurs reprises rendu hommage aux soldats. Il a bien mis en scène l’émotion. Il fallait également démontrer au monde entier qu’il dispose d’une armée «républicaine», dont «l’action est adossée aux valeurs fondamentales librement choisies par le peuple, est capable de tels hauts faits». Une armée qui «fait mieux que se défendre et nous défendre». Ses soldats «infligent à l’ennemi des pertes considérables et l’ont obligé d’évacuer notre territoire […] La Nation leur sera éternellement reconnaissante».

Scénario
D’un autre côté, il était question d’éveiller le courage et l’admiration du métier des armes aux nouveaux officiers qui ont opté pour «une carrière certes exigeante, mais qui n’en est pas moins exaltante». Le chef supérieur des armées les a immédiatement plongé dans le contexte de la guerre : «Ne l’oublions pas un seul instant, c’est une véritable guerre à laquelle participent nos valeureux soldats […] Nous devions donc nous défendre contre des agressions de nature diverse. C’est là, la première mission de nos forces armées : défendre la Nation.» Le ton est presque martial à ce moment-là. Il fallait donner de l’assurance au «peuple qui s’est massivement mobilisé, et se mobilise encore, dans l’enthousiasme et la spontanéité, pour apporter, dans un bel élan de solidarité, une contribution généreuse à l’effort de guerre».
Le chef de l’Etat démontré aux uns et aux autres que c’est bien lui qui est au commandement des opérations dans la guerre. Il a orchestré tout un scénario d’échanges et de concertations avec son ministre délégué à la Défense, en présence de son chef d’Etat major des armées, du secrétaire d’Etat chargé de la gendarmerie, le secrétaire d’Etat chargé des anciens combattants et des victimes de guerre. Vu sa posture et l’usage des ses doigts, tout porte à croire qu’il donnait des directives, des consignes à son «équipe». Biya s’est aussi montré proche des généraux et des autres officiers de l’armée. Depuis qu’il a déclaré la guerre à Boko Haram le 17 mai 2014, le président de la République ne s’est pas encore rendu au front à l’Extrême-Nord. Il n’a pas non plus rendu visite aux familles endeuillées. Il n’est pas également allé rendre visite aux soldats internés à l’hôpital militaire à Yaoundé. Son absence à la levée de corps des soldats morts aux combats en mars dernier avait suscité des interrogations.

Ibin Hassan

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