Cameroun – Accès aux grandes écoles: L’équilibre régional à géométrie variable

université de Maroua

C’était de l’inédit au Cameroun. Lorsqu’en 2008, alors que l’École normale supérieure de Maroua dans la Région de l’Extrême-Nord du Cameroun vient à peine de voir le jour, un concours d’entrée dans cette grande école donnant à accès à la Fonction publique y est organisé par le ministère de l’Enseignement supérieur.

Quoi de plus normal. Mais contre toute attente, suite à des revendications venant de cette partie du pays, le président de la république, Paul Biya, va l’autoriser l’admission de tous les fils originaires des régions septentrionales ayant concouru pour l’accès à cette grande école nationale. Et, la politique de l’équilibre régional consacré depuis le Décret N° 75/496 du 3 juillet 1975, et son additif N°82/407 du 7 septembre 1982, qui consacrent une politique publique de quotas à l’entrée dans les grandes écoles est complètement foulée au pied sans ménagement. Autre cas, les récurrentes polémiques autour des différents concours d’accès l’École Africaine des Métiers de l’Architecture et de l’Urbanisme (EAMAU) de Lomé, au Togo qui, cette année encore, fait des gorges chaudes.

En 2018-2019, pour ne citer que cet exemple, la liste publiée d’admission dans cette école pour le compte du Cameroun comportait 30 noms dont quatre seulement n’étaient pas portés par des ressortissants de la région l’Ouest du Cameroun. Ce qui avait suscité une polémique dans l’opinion publique, d’autant plus alimentée du fait de la récurrence des actes de corruption dans les concours officiels. On accusait par exemple le ministre Jean Claude Mbwentchou, alors ministre du Cadastre et du Développement Urbain de l’époque de népotisme et d’avoir dissimulé l’annonce du lancement des recrutements pour l’édition 2018 du concours de l’EAMAU. Ce dernier expliquera que ces résultats reflétaient la tendance des candidats ayant postulé pour l’entrée dans cette école continentale. Les candidats ici auraient été en majorité ressortissants d’une même région.

Aux mêmes maux, les mêmes remèdes, la même explication est vite placardée par l’actuel ministre de l’Habitat et du Développement Urbain, Célestine Ketcha Courtes, qu’on accuse également d’avoir fait preuve de manque d’objectivité dans la gestion dudit concours, édition 2020. Elle se défendra en expliquant que «l’avis du concours est envoyé aux ministres africains de l’urbanisme en même temps. Une fois reçu, la phase de diffusion de l’avis se fait.

Au Cameroun, le MINHDU, se charge d’une large communication, puis, suit une série de diffusion au sein des plateformes déconcentrées du ministère, sa page officielle Facebook, les grandes écoles et les universités, afin de toucher le plus grand nombre de personnes. De plus, les dossiers de candidatures sont déposés à la Direction de l’architecture les jours ouvrables, et envoyés via Dhl après dépôt et date fixée par l’EAMAU. Les épreuves écrites sont quant à elles, acheminées sous pli fermé et scellé aux États-membres. Au Cameroun, les épreuves en question sont descellées par les forces de l’ordre en salle d’examen, pour des principes de transparence dans le processus».

Bref, l’équilibre régional n’est pas la chose la mieux partagée ici. De tels exemples peuvent être recensés à l’infini dans différents concours de l’École Polytechnique. Comme pour dire que l’application de l’équilibre régional dans les concours d’accès aux grandes écoles au Cameroun, reste à géométrie variable.

Blaise Nnang

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