Entre constructions anarchiques et environnement précaire, les bidonvilles continuent à proliférer au c??ur des grandes villes.Dimanche matin, un incendie s??est déclaré à Kondengui, dévastant entièrement un studio d??habitation. En cause, des branchements électriques anarchiques, qui ont causé « la masse » à l??origine du feu. A quelques kilomètres de là, une petite enclave rebaptisée « petit Tam-Tam », a fort à faire avec le retour des pluies, ces derniers jours. Située aux confins des quartiers Nsimeyong et Damase, le relief déjà désavantageux sur lequel sont construites la plupart des habitations, se conjugue désormais
aux multiples patinoires boueuses et flaques d??eau souillées qui en balisent presque tous les sentiers, faisant des différentes voies d??accès des parcours d??obstacles. Au quartier Oyom-Abang, la réfection d??une partie du réseau routier central n??a pas changé certaines tristes réalités. Dans plusieurs recoins visités, les habitants font la queue devant des puits à l??ancienne, ou à quelques sources naturelles aménagées par des particuliers, uniques points de ravitaillement en eau. Les toilettes sont plus souvent des fosses artisanales entourées de tôles mal aménagées. Malheureusement insuffisant pour éviter une envolée rapide des effluves malodorantes. « Nous vivons ici comme au village », commente Paul Hjob, riverain. Si des lieux comme « Meyong-Meyeme » à la périphérie de la Cité-Verte regorgent de quelques villas cossues, elles offrent aussi le spectacle parfois préoccupant d??habitations construites sur des pentes de collines abruptes ou en dessous de talus instables. De la même façon, la Briqueterie et sa promiscuité, Tongolo et ses maisons en matériaux provisoires, Obili et ses tréfonds insalubres, sont autant de clichés que l??on peut multiplier à l??envi pour illustrer une réalité que les villes du Cameroun connaissent : les bidonvilles.Selon une étude menée par l??Ong « Move on » à Yaoundé et à Douala, ces zones de résidences précaires, communément appelées « sous-quartiers », comptent pourtant pour près de 70% de l??ensemble de la surface urbanisée. Le plus souvent, ces bidonvilles sont le fruit de l??exode et de l??explosion démographique dans les grandes villes, qui entraînent la naissance et l??extension de quartiers spontanés, alors que les services de bases installés par les pouvoirs publics (électricité, eau, canalisations d??évacuations, décharges, etc.) desservent uniquement des zones préalablement aménagées. Du coup, les branchements électriques sont faits de manière sauvage et les constructions au mépris des normes. Si par la force des choses les municipalités intègrent comme elles peuvent ces « sous-quartiers » dans leur plan de campagne, le problème tarde encore à trouver une solution d??ensemble.Eric ELOUGA, CT