Tidjaddine Sakariaou : Une « bibliothèque » au camp des réfugiés de Lolo

PAM au Cameroun

Agé de 102 ans, le patriarche est considéré comme dépositaire de la sagesse par ses compatriotes centrafricains. Il a reçu le prix de la longévité le 21 juin dernier.

Le proverbe africain selon lequel un vieillard est une bibliothèque trouve tout son sens auprès de Tidjaddine Sakariaou. Agé de 102 ans, le vieillard est une source de sagesse pour ses compatriotes réfugiés. Son chevet ne désemplit pas. Tout au long de la journée, il prodigue des conseils. Il est le plus vieux des refugiés du site aménagé à Bilé pour des fugitifs de la crise centrafricaine. Ses compatriotes lui témoignent beaucoup de respect. Originaire de Popoto à Berberati en République Centrafricaine, l’homme a quitté la terre de ses ancêtres au début des atrocités qu’a connu le pays. « Lorsque les problèmes ont commencé, je n’avais pas l’intention de partir. Mais, lorsque mes quatre épouses ont été tuées, j’ai pris la décision de me sauver avec quelques membres de ma famille », indique avec beaucoup de peine le vieillard.

Pour sauver sa peau, le vieil homme s’était jeté dans la forêt afin de rallier le Cameroun. « Nous avons fait cinq jours dans la forêt. Au cours de notre exode, un de mes arrières petits-enfants est mort. Il avait à peine deux ans. C’est d’abord les soldats Camerounais qui nous ont récupérés dans la forêt et nous ont mis à la disposition du Hcr à Kenzou. Après, ils sont venus nous installer ici à Bilé », raconte le vieux Tidjaddine. Il écrase une larme avant d’ajouter : « j’avais beaucoup de bétail, quatre épouses et 22 enfants, des arrières petits-enfants, et arrières-arrières petits-enfants. Bref, j’avais une très grande famille et malheureusement tous sont morts. Ma famille est aujourd’hui réduite à neuf personnes soit trois enfants (deux filles, un garçon, quatre petits-enfants et moi-même, nous sommes tous ici au Camp », confie le patriarche.

Musulman pratiquant, il ne se sépare pas de son chapelet et récite les versets coraniques en longueur de journée. L’homme bénéficie non seulement de l’encadrement du Hcr, mais aussi de l’attention du personnel humanitaire dans toute sa diversité dans le site ainsi que celle de ses compatriotes qui le consultent pour toutes les situations. Malgré cet encadrement, le patriarche ambitionne rentrer dans son Berberati natal afin d’être inhumé auprès de ses épouses et rejoindre ses ancêtres. « Nous prions Dieu pour que les conditions de retour dans notre pays se fassent dans la dignité et le respect de nos droits. Nous voulons partir, c’est notre souhait. Nous devons nous pardonner, quel que soit le tort que quelqu’un nous a causé, il faut pardonner. Que tous les fils et filles de la Centrafrique se mettent ensemble et regardent dans la même direction pour que le pays aille de l’avant. Voilà l’enseignement que je ne cesse de donner aux réfugiés ici, le pardon est très important dans la vie. Moi de manière particulière, j’aimerais rejoindre mes ancêtres auprès de mes épouses sous la terre qui m’a vu naître à Berberati. Aux responsables du Hcr, et au peuple Camerounais nous disons merci pour leur encadrement et leur soutien », formule le patriache.

Le vieux Tidjaddine Sakariaou a reçu le prix de la longévité, lors de la célébration de la journée mondiale des réfugiés à Lolo, une localité située à environ 90 km de Batouri, chef-lieu du département de la Kadey, dans la région de l’Est Cameroun.

Charles Mahop

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