Une arrestation musclée secoue le paysage politique tchadien ! L’ancien Premier ministre et leader de l’opposition, Succès Masra, a été interpellé sans ménagement à son domicile de N’Djamena ce vendredi 16 mai 2025 à 5h56 précises. Des vidéos de surveillance montrent l’opposant emmené par des hommes en uniforme militaire, sans présentation d’un mandat légal. Quelles sont les véritables motivations de cette opération survenue dans un contexte de tensions croissantes ?
Crise politique Tchad : les dessous d’une arrestation qui soulève de nombreuses questions
Si les autorités tchadiennes n’ont pas encore communiqué officiellement sur cette interpellation, plusieurs éléments contextuels permettent d’éclairer les possibles raisons de cette action spectaculaire contre le président des Transformateurs.
Des sources proches du dossier évoquent un lien probable avec les récents affrontements communautaires survenus à Mandakao, près de Béïnamar, dans la province du Logone-Occidental. Ces violences ont fait au moins 41 morts le 14 mai, provoquant une vague d’arrestations dans le cadre de l’enquête officielle.
«Enlevé manu militari ce jour 16 mai 2025 à 5:56mn», affirme le parti Les Transformateurs dans un message publié sur sa page Facebook, accompagné d’images de vidéosurveillance montrant leur leader encerclé par des militaires armés.
Selon les témoignages recueillis auprès de ses proches par RFI, « les gardiens n’ont eu d’autres choix que de laisser entrer » les forces de sécurité qui « ont ensuite forcé les portes de la maison » située dans le quartier Gassi du VIIe arrondissement de N’Djamena.
Le timing de cette interpellation intervient également dans un contexte politique chargé. Succès Masra, arrivé deuxième à la dernière élection présidentielle, avait récemment intensifié ses critiques contre le pouvoir en place.
En avril, l’ancien économiste avait lancé un appel direct au président Mahamat Idriss Déby Itno, exigeant l’application effective de l’accord signé entre les deux parties en 2023 à Kinshasa. Cet accord prévoyait d’importantes réformes concernant les forces de sécurité, la gouvernance et l’ouverture politique.
D’après des analystes politiques, cette arrestation pourrait également s’inscrire dans une stratégie d’intimidation des voix critiques, alors que Masra reprochait régulièrement au régime son « manque de progrès vers une transition démocratique ».
Le fait qu’aucune base légale ni mandat d’arrêt n’ait été présenté lors de l’opération, comme l’affirme Ndolembai Sade Njesada, vice-président des Transformateurs, renforce les inquiétudes concernant l’État de droit dans le pays.
Masra, qui avait brièvement occupé le poste de Premier ministre de transition en 2024 avant de démissionner en dénonçant des irrégularités électorales, est désormais emmené « vers une destination encore inconnue« , selon les membres de son parti.
Cette arrestation spectaculaire suscite de vives préoccupations internationales quant au respect des libertés fondamentales et au traitement des opposants politiques au Tchad. Les organisations des droits humains et la communauté internationale réagiront-elles avec la fermeté que requiert cette situation préoccupante ?