Cameroun: Le gouvernement et le FMI ouvrent les discussions

Une mission du Fonds, à Yaoundé depuis hier lundi, veut amener le gouvernement à un programme de redressement par une réduction des dépenses.
Mais pas d’austérité, soutient le ministre de l’Economie. Les deux délégations sont arrivées quasiment simultané dans la salle de réunion du sixième étage du ministère de l’Economie, hier 20 février en fin de matinée. Les visages décrispés, des poignées de main en veux-tu en voilà et des prévenances du maître de céans, Louis Paul Motaze, à l’endroit de ses collaborateurs et de ses hôtes. Puis un mot poli à l’endroit de la presse, invitée à quitter la salle. « Vous savez de quoi il s’agit, nous sommes dans la suite des résolutions du sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la CEMAC de décembre à Yaoundé », glisse-t-il avant que la porte ne se referme. Ainsi s’ouvrent les négociations entre le gouvernement et le Fonds monétaire international pour l’adoption d’un plan triennal de redressement économique. La délégation du Fonds est élargie aux représentants de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement (BAD) et va passer deux semaines à Yaoundé pour parvenir à un accord avec la partie camerounaise. Après le Minepat, la délégation du FMI va rencontrer d’autres acteurs institutionnels et de la société civile. Cette mission, comme l’a relevé le ministre de l’Economie, est la mise en œuvre d’une des résolutions du sommet extraordinaire des chefs d’Etat de la Communauté des Etats de l’Afrique centrale, tenu le 23 décembre au palais de l’Unité. Notamment le point 13 des résolutions indique que les chefs d’Etat ont « décidé d’ouvrir et de conclure à brève échéance, des négociations bilatérales avec le FMI, pour mieux structurer les efforts d’ajustement de leurs Etats, les accompagner vers une sortie de crise et les aider à mettre en place les conditions d’une relance vertueuse et durable de leurs économies. » En tant que pays leader de la sous-région, le Cameroun, à l’image du leadership assuré pour la convocation de ce sommet extraordinaire de crise, veut montrer le chemin, car il revient à chaque pays de parvenir à un accord avec le Fonds pour un redressement des comptes publics. La principale préconisation des émissaires du Fonds est la réduction des dépenses publiques et un accroissement des recettes budgétaires propres pour rétablir les équilibres macroéconomiques. Il s’agit d’identifier les niches fiscales et d’améliorer la qualité de la dépense. En face, ils ont un gouvernement dont la consigne, donnée par le président de la République, est de ne point accepter un plan d’austérité. C’est d’ailleurs la position défendue par le ministre de l’Economie depuis près de huit mois, qui a démontré comment les investissements publics massifs ont soutenu la croissance économique et aidé à développer la résilience de l’économie camerounaise. Pourtant, Louis Paul Motaze concède que la situation actuelle appelle des mesures d’adaptation économique. Dans ses services est en préparation un plan stratégique triennal 2017-2019 dont les idées maîtresses ont été présentées au conseil de cabinet du 27 janvier dernier, et qui vont être soumises aux plénipotentiaires du Fonds. Les grandes lignes du document tiennent en la poursuite et en la finalisation des grands projets de première génération, mais aussi en la réalisation de tous les projets déjà en cours et qui n’ont pas encore démarré à cause de toutes sortes de pesanteurs. Cette période dite transitoire, qui va durer trois ans (2017-2019), sera aussi mise à profit pour définir les projets dits de deuxième génération, les monter et assurer leur maturation afin de leur donner la chance de s’exécuter dans un environnement économique et des conditions plus favorable. Ces actions seront menées en même temps qu’une série de réformes qui vont toucher les procédures de passation des marchés publics considérées comme un des goulots d’étranglement. Le dernier point majeur relevé par le plan interne présenté en conseil de cabinet s’attarde sur le soutien à accorder au secteur privé qui, dans ces moments de redressement économique de l’Etat, doit plus que jamais être encouragé par des appuis divers.

Parfait N. Siki

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