Afrique : Lucien Embom fustige les coups d’États dans son roman « La jungle »

Lucien Embom

Dans l’ouvrage de 128 pages qu’il a publié le 21 octobre 2022 aux Éditions Muse, le journaliste camerounais revient sur l’instabilité qui secoue le continent. 

Coup d’Etat le matin. Coup d’Etat à midi. Coup d’Etat le soir. Dès qu’un président africain lève la tête, les grandes puissances le renversent. En Afrique francophone, la plupart de militaires qui chassent les présidents ont fait Saint Cyr. Constate François Okibé, l’un des personnages de ‘’La jungle’’. « J’ai le sentiment qu’on ne forme que des spécialistes de coups d’Etats dans cette école. Chaque fois qu’un régime tombe, c’est le même scenario.  Les ministres sont appréhendés. Les frontières fermées. Les prisonniers sont libérés. L’assemblée nationale est dissoute. La constitution aussi. Un conseil national de transition se forme. La charte de la transition est rédigée. Le dialogue national inclusif est convoqué. Les médias diabolisent le chef d’Etat déchu. Le peuple crie victoire. Il descend dans la rue. Des témoignages accablant le régime déchu tournent en boucle sur les médias, » grogne Okibé.  

Selon lui, les puissances étrangères sont pour beaucoup dans les troubles en Afrique. Celles-ci sont hypocrites. Quand un régime africain est renversé, les Occidentaux font croire qu’ils sont contre les putschistes. Ils condamnent le renversement, prononcent des sanctions et exigent un retour rapide à l’Etat de droit. Puis subitement, c’est la paix avec les nouvelles autorités. Au bout d’une période, des élections sont organisées. C’est une marionnette occidentale qui en sort vainqueur. Le plus souvent c’est un proche du président qui est propulsé. « Où est le changement ? Dès que les intérêts occidentaux sont menacés, on assiste à un autre putsch. Les Occidentaux sont malveillants, » s’exclame François Okibé. 

Alexandre Nimana, le personnage central du roman ‘’La jungle’’ ne partage pas cet avis. Il trouve que les dirigeants exagèrent. « Pourquoi un homme peut-il rester des années au pouvoir ? Rester toute une vie ? » S’interroge-t-il. Nimana pense qu’il faille imposer la démocratie en Afrique. Après l’allocution de François Mitterrand à La Baule, on a observé un certain changement sur le continent. Le vent dit de l’est s’est mis à souffler. Des dinosaures comme Matthieu Kérékou sont tombés. Certains à l’instar de Paul Biya sont restés debout. Après l’euphorie des années 1990, le processus démocratique a pris un coup en Afrique. Jacques Chirac a estimé que la démocratie est un luxe pour les Africains. Cette prise de position a ressuscité les vieux démons. 

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