Boko Haram – Beltus Kwene: Nous allons défendre le Cameroun jusqu’au bout

Le chef de bataillon de l’opération Alpha parle de ses missions de restauration de la sécurité à Fotokol.[pagebreak]Qu’est-ce qui peut expliquer les multiples assauts de Boko Haram à Fotokol ?
Sociologiquement, de part et d’autres de la frontière, nous avons les mêmes groupes ethniques. L’expansion du groupe terroriste d’un territoire pour un autre est bien possible. En plus, Fotokol constitue l’un des points d’échanges commerciaux entre l’Afrique centrale et l’Afrique de l’Ouest. Cet enjeu fait en sorte que Fotokol soit un lieu important pour la nébuleuse Boko Haram autant que pour les forces de défenses qui sont ici pour défendre l’intégrité du territoire.

Quelles sont vos missions dans cette localité ?
Depuis la fin du mois d’août, l’armée nigériane qui occupait la garnison de Gambaru s’est retirée. Cette localité a été investie par l’ennemi. A partir de Gambaru, des centaines de membres de Boko Haram qui se sont installés, ont tenté plusieurs incursions à Fotokol en vue de conquérir cette position. Ces attaques ont été régulièrement repoussées par les forces de défenses. Puis nous avons été harcelées par des tirs de mortiers et des infiltrations pour poser des engins explosifs improvisés. Nous avons, jusqu’ici, pu stabiliser notre position. Actuellement, l’ennemi a été repoussé de Fotokol grâce à l’apport des amis qui eux ont traversé la frontière. Nous avons un groupement tactique interarmées, c’est-à-dire des hommes d’infanterie essentiellement composés des éléments du Bir, associés des escadrons de blindés, des artilleries de mortiers et des hommes du renseignement humain et du renseignement électronique. Le dispositif mis en place implique un certain nombre d’appuis situés tout au long de la frontière et également au sein des accès de la localité de Fotokol. Les actions quotidienne sont des patrouilles, contrôle des activités dans la ville, intervenir si possible, mener des interpellations à base du renseignement pour la poursuite de nos opérations. Nous pouvons donc vous rassurer que la localité de Fotokol est sous contrôle.

Qu’est-ce qui c’est passé ici le 4 février ?
Le 4 février, nous avons connu une attaque massive de la secte Boko Haram. La veille, les forces amies alliées de l’armée nationale tchadienne ont traversé l’El Beid et ont pu reconquérir la ville de Gambaru. En général, quand deux forces armées travaillent ensemble, il y a des instructions de coordination qui permettent de travailler ensemble ; ces instructions de coordinations ont été effectives entre les forces camerounaises et tchadiennes. Il faut aussi une période de rodage dans la coordination. Nous pensons que les membres de Boko Haram ont profité de ce moment de rodage pour s’intercaler entre les deux positions et créer la surprise sur nos forces qui tenaient le pont El Beid à ce moment-là. Ils ont bousculé notre dispositif et ont pu entrer sur notre territoire, mais nos forces ont réagi promptement. Elles ont pu remplier sur la deuxième ligne et ont pu réorganiser la contre-offensive. L’ennemi a par la suite été refoulé de notre territoire avec l’appui de nos alliés de l’armée nationale tchadienne. Les principaux dégâts ont eu lieu entre la première et la deuxième ligne. La ville est calme, mais nous avons des manifestations de l’ennemi de l’autre côté de la frontière. C’est un ennemi qui est désormais harcelé par l’armée nationale tchadienne qui s’est installée dans la ville de Gambaru.

Quel est le moral des hommes sur le terrain ?
Nous combattons en connaissance de cause. Nous sommes en guerre. Nos vies sont exposées on le sait, nous sommes conscients et fiers de combattre pour notre pays. Nous allons le défendre jusqu’au bout.

La population coopère dans la restauration de la sécurité ?
Pour les capteurs humains, la population nous apporte son aide. Elle nous donne des informations sur les mouvements de l’ennemi. Naturellement, il y a des brebis galeuses qui peuvent avoir des inclinaisons favorables à l’ennemi. Nous en sommes conscients. Notre système de renseignement fonctionne à un certain degré.

Cet article a été publié pour le premiere fois le 20 février 2015 à 14 Heures 13

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