Cameroun – Les bâtiments coloniaux de la ville de Bertoua: Un héritage négligé

Des bâtiments coloniaux servent aujourd’hui de bureaux à l’administration camerounaise.A travers les rues de Bertoua, chef-lieu de la région de l’Est, l’attention du visiteur est attirée par de nombreux bâtiments. Leur architecture est particulière. Là, au quartier Kpoklotta notamment, le mausolée de la défunte épouse d’un commandant de l’époque coloniale française. Egalement dans le même secteur, la résidence du préfet du Lom et Djerem, qui est également une construction coloniale. Plus loin, la prison centrale de la ville.
Il y a entre autres le bâtiment où sont logés les services du gouverneur. Cette bâtisse était initialement un hôtel. En effet, « l’hôtel de Suarez » était un espace de transit entre Yaoundé et le nord du pays. Elle traîne de nos jours, la réputation de ne pas être un espace adéquat pour lesdits services. A côté de celui-ci, des services de délégations ministérielles régionales, à l’instar de celle des affaires sociales, sont abritées dans pareilles constructions.
«Les colons n’avaient à aucun moment envisagé quitter le Cameroun, ni que le pays accèderait à l’indépendance. C’est pour cette raison qu’ils bâtissaient des constructions solides, dans le but d’avoir un cadre de vie agréable», explique Gilbert Dogoua Keman, chef traditionnel de 3e degré de Bertoua, chef-lieu de la région de l’Est.
Historiquement, ces constructions sont nées à la suite du détachement de Bertoua du poste de contrôle administratif de Ndeng-Ndeng, qui était une unité administrative selon la planification allemande. Bertoua s’émancipe donc et devient à son tour une subdivision administrative. C’est ainsi qu’il devient important pour les colons de créer des infrastructures de services et des structures d’accueil dans cette nouvelle cité. Forts d’une main d’œuvre pénale et ouvrière, ils vont se lancer dans la production des briques de terre cuite qui serviront à la construction de ces différents bâtiments. Qui étaient destinés à accueillir entre autres, les logements du chef de subdivision et des fonctionnaires de sa suite.

Délabrement avancé
Toutefois, bien que ces bâtiments de par leur solidité, résistent au temps, il est à noter que leur entretien reste négligé. Tous les commerces qui jalonnent aujourd’hui les allées du marché historique de Bertoua, se trouvent dans un état de délabrement avancé. Certains tombent en décrépitude.
Cependant, des sources à la communauté urbaine de Bertoua affirment : « ces reliques des périodes coloniales, grâce au financement de contrat de désendettement et de développement (C2d), seront rénovées dans le cadre de la construction du marché central de Bertoua et conservées comme vestiges de la colonisation.» Par contre, les historiens originaires de la région du soleil levant regrettent l’usage qui est fait de cet héritage. Selon Gilbert Dogoua Keman : «ces vestiges auraient mieux fait d’être restauré et transformé en centres culturels qui pourraient être visités, de sorte que les générations futures puissent être renseignés sur le passé et l’évolution de la ville».

Naily Noufélé

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