Cameroun – Affaire CNPS: Pierre Désiré Engo remis en liberté !

L’ex-directeur général de la Cnps a pu enfin bénéficier du décret du chef de l’Etat portant commutations et remises de peines après que le Tribunal criminel spécial ait accédé, hier, 07 mai 2014, à la requête du Ministère public de lever son mandat de détention provisoire dans le cadre de la cinquième affaire ouverte contre lui.[pagebreak]Ceci arrive un peu plus tard, par rapport aux différentes dates de libération des autres détenus ayant bénéficié du même décret, diront certains. Mais, le fait est là, quelle que soit la période, Pierre Désiré Engo, ex Dg de la Caisse nationale de prévoyance sociale (Cnps) peut se considérer comme un homme libre désormais. Au cours d’une première tentative juste au lendemain de la signature du fameux décret par le chef de l’Etat, le 18 février dernier, Pierre Désiré Engo s’était vu refuser la libération à cause de cette affaire de 25 milliards non encore jugée. Pourtant, des 4 affaires qui le maintenaient en prison, tous les jugements étaient devenus définitifs. Pour son premier procès en justice, portant sur les chèques sans provision à la Cnps d’une valeur de 04 millions Fcfa, il avait été condamné à 06 mois de prison devant le Tpi du Mfoundi.
C’était le 15 février 2002. Par la suite, le Tgi du Mfoundi le condamnait à 10 ans d’emprisonnement pour détournement de deniers publics d’un montant de 92 millions Fcfa dans le cadre de l’affaire Henri Dipah, dont il était le co-accusé en novembre 2002. En troisième lieu, c’est le 23 juin 2006, dans le cadre de l’affaire Dovin Cps Douala représentant 825 millions 355 mille Fcfa qu’il a été condamné à 15 ans et enfin, le 19 mars 2012, toujours devant le Tgi, il avait été condamné à 20 ans dans le cadre de l’affaire de gestion des immeubles de la Cnps pour complicité de détournement de deniers publics avec Atangana Bengono.

Pour toutes ces affaires, il lui restait au total près de 22 ans de prison à purger : soit 04 ans pour l’affaire Dovin et 18 ans, pour l’affaire de gestion des immeubles de la Cnps. Mais, il peut remercier le ciel, car à l’audience d’hier 07 mai 2014, le Tribunal criminel spéciale (Tcs) a rendu une décision : il a accédé à la requête du parquet dans le cadre de cette affaire l’opposant à l’Etat du Cameroun et au ministère public pour détournement de la somme de 25 milliards Fcfa. Yap Abdou, président du Tcs, a déclaré que la demande du ministère public est pertinente et qu’il y a lieu de l’accueillir. Que par ailleurs, il fallait désigner un Juge d’instruction qui aura pour mission dans le cadre de ce complément d’information, de renseigner davantage le Tribunal sur le compte 174721H, les modalités d’ouverture de ce compte, l’ensemble des opérations qui y ont été menées, l’origine des fonds et toute autre information utile au Tribunal. À la fin de sa mission, il dressera un rapport qu’il communiquera au président du Tcs.

Interdiction de quitter le pays

Au sujet de la main levée du mandat de dépôt du 15 août 2005, « il y a lieu de les agréer et ordonner main levée du mandat de dépôt, mais assortie d’une interdiction de quitter le territoire national. Ainsi qu’il dérogera à toute convocation du tribunal et du juge d’instruction chargé de la nouvelle affaire », poursuit le président du Tcs. C’est sur ces entrefaites que l’audience débutée à 12h15 a été suspendue à 12h33. Une suspension de la procédure avec reprise fixée après l’exécution de l’arrêté du tribunal.

Après lecture de la décision du tribunal, le Tcs est en effervescence. Alors que la majorité croit encore que l’ex-Dg de la Cnps retournera à Kondengui où il terminera de purger les peines écopées dans le cadre d’autres affaires, il se dit, d’abord de manière officieuse, que les choses sont en train de s’activer dans le sens de la libération immédiate de ce dernier. Car, désormais, plus rien ne l’empêche de bénéficier du décret du 18 février 2014 du chef de l’Etat.

Quelques minutes plus tard, l’information est désormais officielle : l’ordre du Tribunal de signer la main levée du mandat de dépôt, est vivement en train d’être exécuté par une équipe, sous la supervision du procureur général Nsoga en personne pour, a-t-on appris, que « ceci soit établi dans les bref délais ».
Moins d’une heure d’horloge plus tard, la question est réglée. Pierre Désiré Engo et ses geôliers regagnent la prison centrale de Kondengui. Plus rien ne s’oppose désormais à la sortie de prison de ce dernier. Si oui, la signature du bulletin de levée d’écrou qui doit être établi par le régisseur de la prison. Au moment où nous mettions sous presse, le sieur Engo était encore en attente du précieux document, même si les interrogations continuent à se faire sur ce qui bloquerait la signature dudit document.

Me Pierre-Alexis Bayebec: «Il y a lieu de se satisfaire de cette décision»
Me Pierre-Alexis Bayebec, l’un des conseils de l’ex-Dg de la Cnps Pierre Désiré Engo, s’étend sur la question de sa libération après le rendu de la décision du tribunal.
Pouvons-nous avoir de votre point de vue un bref résumé des décisions rendues à l’audience de ce jour ?

À l’audience de ce jour, le Tribunal a fait droit à la demande du parquet, qui demandait un complément d’information, et que comme cela allait mettre long, il fallait qu’il ordonne la mainlevée du mandat de dépôt (c’est l’ancienne appellation, parce que maintenant ça s’appelle mandat de détention). Le tribunal a donc fait droit. Le tribunal ayant circonscrit cette mise en liberté dans les limites du territoire camerounais. Autrement dit, qu’il soit libre, mais qu’il ne puisse pas aller au-delà du Cameroun. Il y a lieu de se satisfaire de cette décision, même s’il ne sortira pas du pays. Et puis comme disait Foucault, « la prison n’est pas qu’une privation de la liberté, mais c’est également une peine dans la peine ». Il faut mettre un terme à tout cela, en respirant le vent de la liberté. C’est pour nous ce qu’il y a de mieux.

Les versions sont plus que diverses sur ce qui est en train d’être fait actuellement, sur ce qui se prépare et sur la suite à donner à cette décision du Tribunal. Qu’en est-il exactement ?

Actuellement, il y a l’ordre de mise en liberté qui est en train d’être établi et qui va être acheminé à la prison pour que notre client recouvre la liberté. Donc, il n’est pas exclu, que Engo soit libéré aujourd’hui ou demain au plus tard. Dès que le régisseur recevra ce document, il n’y a pas de raison pour qu’il puisse retarder pour procéder à la levée d’écrou.

Finalement comment peut-on expliquer cette libération, lorsqu’on sait qu’il y a plusieurs autres affaires qui en principe le maintiennent en prison ?

Non, la décision est claire. La dernière décision qui a été rendue est de donner mainlevée du mandat de dépôt. Donc il est question d’exécuter cette décision du tribunal. C’était le seul obstacle qui restait pour qu’Engo bénéficie du décret du chef de l’Etat à notre avis. Donc pour nous ce serait ça qui pourrait justifier cette sortie de prison.

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