Cameroun : Les délestages se poursuivent dans le Septentrion

Poteaux ENEO

Les régions de l’Adamaoua, Nord et Extrême-Nord s’adaptent tant bien que mal au délestage après la Can Total-Energies 2021. Les petits commerçants et les ménages sont aux abois. Ateliers de soudures, de coutures, menuiseries, poissonneries vides, secrétariats informatique et salons de coiffures fermés.

C’est le quotidien des petits commerçants de la ville de Ngaoundéré depuis le 7 février 2022, date de la reprise des délestages par Eneo. Tous ou presque sont déjà habitués au délestage. Chacun des travailleurs des différents secteurs d’activités victimes des coupures d’électricité ont modifié leurs horaires de travail avec les conséquences qui vont avec. « Nous subissons chaque jour les coupures d’électricité qui durent ici plus de 10 heures par jour. On nous déleste en matinée et le soir nous sommes toujours dans le noir. Mon atelier est fermé. Les activités tournent au ralenti » confie Dewa, un couturier au quartier Bomdjeré à Ngaoundéré. Comme lui, d’autres commerçants en paient le prix chaque jour. Les ménages ne sont pas en reste. « Je fais mon marché au jour le jour. Il est impossible de conserver quoi que ce soit », ajoute, dépitée Hadja Balkissa, une ménagère du même quartier. Dans cette partie de la ville plusieurs activités y sont menées. Ateliers de couture, menuiserie et de soudures. « C’est la souffrance ici. Je ne travaille presque pas. il faut être à l’atelier très tard dans la nuit. Les populations riveraines se plaignent aussi du bruit de la scierie. Je suis presqu’en chômage » explique un menuisier. Pour les commerçants les plus nantis, des groupes électrogènes de fortune sont installés. Ils se comptent au bout des doigts ceux qui ont décidé d’adapter leurs activités. « je me suis procuré un petit générateur parce que j’ai une poissonnerie. C’est la seule activité qui me permet de nourrir ma famille. On ne peut pas compter sur Eneo », confie Moussa, un gérant d’une mini poissonnerie au quartier Djackbol.

Au quartier Mardock et Baladji 2, les délestages durent plusieurs heures de la journée. Ici, malgré les garanties données par les responsables d’Eneo, aucun respect du calendrier de délestage. « on nous coupe la lumière toute la journée et la nuit c’est aussi pareil. On est parfois exposé au vol et agressions dans le quartier », déclare Sophie M, une habitante du quartier Mardock. Dans ce quartier de la ville, chaque soir des cas d’agressions sont signalés à la police. Les appels vers le 117 se sont multipliés par 10 selon les responsables de cette unité d’intervention de la police nationale. Malgré les patrouilles pédestres déployées dans les différents artères de la ville et au-delà, les bandits profitent selon les populations du délestage pour commettre leur forfait. Dans la région de l’Extrême-Nord, les conséquences des délestages sont plus graves pour les industries tel que la Semry. Les capacités de production de cette entreprise sont réduites autier. Idem à la Sodecoton où les centres de production d’huiles fonctionnent au rabais. A côté des grandes entreprises, les petits commerçants et les ménages payent aussi les frais du délestage. Ici, les ménagères ont oublié la notion de conservation d’aliments et autres produits alimentaires périssables. A quelques semaines du mois de ramadan, les populations de la région redoutent le pire. « Nous ne savons pas ce qui va arriver dans quelques semaines avec le mois de ramadan. Cette année c’est en plein mois d’avril que le jeûne intervient. Il faut que le gouvernement trouve une solution », affirme Alhadji Mahmoud, un prédicateur. Comme lui, l’option d’une suspension du délestage pendant le mois du ramadan a été proposée par la communauté musulmane de Maroua.Les populations des régions de l’Extrême-Nord et de l’Adamaoua sont toujours dans l’attente de la mise en service des champs solaires annoncés dans les villes de Maroua, Guider et Ngaoundéré depuis près de 7 mois. Chaque semaine, l’entreprise en charge de la commercialisation de l’énergie électrique au Cameroun publie des programmes de délestage de 5 heures par jour dans les différents quartiers. En attendant, les populations des régions septentrionales s’adaptent tant bien que mal au délestage.

AdolarcLamissia / 237oline.com

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