Cameroun – Crise centrafricaine: La communication du gouverneur en panne :: Cameroon

L’atonie des services régionaux a coïncidé avec l’arrivée de Samuel Dieudonné Ivaha Diboua.
Pourtant, la nomination en 2012 de cet administrateur civil principal avait cristallisé beaucoup d’espoir dans le milieu du journalisme à l’Est. Et pour cause, comme l’avait relevé Louis Marie Begne, le délégué régional de la Communication, lors de la célébration de la journée internationale de la liberté de la presse à Bertoua, « de là où vous venez, les échos nous parviennent qui vous présentent comme un blanc, un ami de la presse ». Et les dispositions communicationnelles héritées de son prédécesseur étaient un terreau favorable à l’expression de la liberté de la presse et à l’épanouissement de la profession de journaliste. L’interview, sous forme de bilan de l’année 2012, accordée au Réseau des journalistes de l’Est Cameroun (Rejec) le 5 janvier 2013 devait marquer un tournant dans les relations entre Samuel Dieudonné Ivaha Diboua et les Hommes de médias à l’aune d’une année charnière dans la région de l’Est. La couverture médiatique des évènements tels que la pose de la première pierre de la construction du barrage de Lom Pangar et l’inauguration de la route Ayos-Bonis se présentaient alors comme des expériences à vivre pour les journalistes « bénis d’avoir un tel gouverneur » comme nous disait encore un confrère de l’Ouest où M. Ivaha Diboua avait précédemment servi.

Les prémices d’un divorce d’avec les journalistes allaient pourtant se révéler au cours des multiples descentes pour préparer le terrain à Lom Pangar. Et l’arrivée d’autorités de Yaoundé avait dilué ce qui s’expose aujourd’hui au grand jour : une aversion de Samuel Dieudonné Ivaha Diboua envers la presse, surtout privée, qui avait dû user de tous les subterfuges pour obtenir des informations autour de ce projet. Un coup d’œil sur le site internet http://www.est-region.com/ créé par Adolphe Lélé Lafrique, son prédécesseur, n’apporte plus rien tant les informations publiées sont frappées de caducité. Pis encore, ce centre de ressources sur l’Est a totalement disparu de la toile. Conséquence, l’homme devenait la « seule » source d’information« fiable » pour tous les confrères.

Insécurité transfrontalière
Malheureusement, se plaint-on même dans les médias étrangers, « ce gouverneur a des réactions d’urticaire ». En effet, les multiples sollicitations des journalistes pour avoir la version officielle d’évènements à l’Est se sont souvent soldées par des menaces. « Lorsque je l’ai appelé au sujet de la dernière attaque des Centrafricains à Gbitti, il a exigé que je lui dise d’abord qui m’avait remis son numéro puis que je vienne le rencontrer à Bertoua et a raccroché brutalement », souligne, très amusée, une consoeur d’un média étranger. Même son de cloche d’autres correspondants de radios internationales telles que Rfi et Bbc Afrique. Au sujet de la même attaque, les journalistes exerçant sur place à Bertoua pour « Le Messager », « L’Actu » et « Mutations » ont été rabroués par Dieudonné Ivaha Diboua. Ce dernier, dans une cacophonie communicationnelle en déphasage totale (il avait été désavoué par les populations locales, Ndlr) avec la réalité sur le terrain, avait nuitamment appelé les médias publics pour s’exprimer sur une situation qu’il n’avait jamais touché du doigt, l’hélicoptère à bord duquel il était ayant plutôt atterri à Ketté, soit à 50 km de l’épicentre de l’attaque.

Les raisons de cette aphonie du gouverneur de la région de l’Est sur des évènements qui engagent la vie de la nation ne s’expliquent même pas dans son entourage immédiat. Ici, une source indique que « nous ne comprenons pas cette attitude alors que nous faisons tout pour mettre des informations à sa disposition en lui indiquant celles qu’il peut rendre publiques parce que nous sommes quand même à l’heure de la communication tous azimuts ». Une autre source proche de lui parle de« stigmatisation de son état-major avec lequel il est presque coupé, leurs relations ne se limitant qu’aux réunions hebdomadaires de sécurité du lundi ».

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