Cameroun – Banditisme économique: La maffia des grands voyous qui ont enterré la Cofinest :: Cameroon

La plus grosse coopérative d’épargne a été enterrée. Les masques des coupables et des complices actifs commencent à tomber. On les retrouve au sein de la coopérative elle-même, à la Cobac et même au ministère des Finances, l’autorité de tutelle. L’ex-dg, Célestin Kenfack, ex-secrétaire général et Nicolas Kamdem, ex-directeur administratif et financier,ont déjà été mis en détention provisoire au commissariat central numéro 1 de Douala en 2011.
Deux ans après, c’est au tour des autres protagonistes de la maffia autour de Cofinest. Sur une plainte instruite par le collectif de défense du consommateur, la seule instance qui se bat encore pour les victimes de la coopérative, les gestionnaires indélicats et leurs comparses vont devoir rendre gorge.

Il s’agit entre autres de Bikoko Calvin, le premier administrateur provisoire désigné de la structure. Avec lui, François Xavier Zinga, administrateur provisoire et liquidateur de la Cofinest. Pour les épargnants de la coopérative, le Xavier a la tête du diable en personne. C’est lui qui aura eu l’idée, sous sa double casquette illégale d’administrateur provisoire et de liquidateur, de délester les épargnants de leurs livrets pour qu’ils n’aient plus la plus petite chance de retrouver leur argent.

Sur la liste, on retrouve aussi un certain Lucas Désiré Nguimbous, l’homme de main du premier administrateur provisoire cité et directeur des opérations de l’établissement de microfinance, un autre tire-au-flanc nommé Kuate David, chef du service des affaires juridiques et du contentieux, et enfin une non moins certaine Céline Evineba, avocate convertie agent de recouvrement pour le compte de certains de ses amis au sein de la microfinance. Il faut de tout, des femmes aussi, pour faire un monde.

Ils vont tous être poursuivis pour des faits d’abus de confiance aggravé, de faux en écriture privée, de connivence ou de coaction. Et même de filouterie à grande échelle. Tout le monde a puisé à pleines mains dans les deniersde la coopérative, même les avocats.

Une longue chaîne de complicités
En dehors de tous ces protagonistes qui ont connu de près et de l’intérieur le dossier de Cofinest, il faut remonter plus haut encore pour débusquer des complices de cette odieuse maffia. Ils sont au ministère des Finances, l’autorité monétaire au Cameroun, et qui auront agi avec les encouragements d’Essimi Menye, alors ministre des Finances. Chaque fois qu’une coopérative ou une banque commencent à éprouver des difficultés à ses équilibres financiers, elle saisit l’autorité monétaire d’un rapport à transmettre à la Cobac, le gendarme du système bancaire dans la sous-région.

C’est au ministère que le sort de plusieurs institutions de crédit se scelle. Des collaborateurs de Monsieur le ministre font souvent disparaître des pièces essentielles du dossier et la Cobac, qui n’a pas souvent l’intégralité du dossier, décide de la fermeture de la banque ou de la microfinance. Par quelle sorcellerie la Cobac a-t-elle décidé de la fermeture de la Cofinest alors que ses promoteurs avaient toutes les garanties qu’ils étaient en mesure de recapitaliser leur structure et que même des institutions sérieuses de la place, à l’instar d’Afriland Firsbank, étaient disposées à voler au secours avec quelques milliards ?

La Cobac elle-même n’est pas exempte de reproches

Pendant longtemps, le flou a été entretenu sur les missions de ses représentants à la Cofinest. On a trouvé à l’occasion un mot pour bien embrouiller les esprits :
«mandataire». Or, à bien relire les statuts de la Cobac, il n’y est prévu que deux types de mandataires, administrateur provisoire et liquidateur. La confusion voulue et entretenue par la Cobac a permis à certains de ses «mandataires » de se prévaloir d’une double casquette d’administrateur et de liquidateur. Conséquence, François Xavier Zinga en a profité.

L’affaire a largement débordé des frontières du Cameroun et s’est internationalisée. Les dernières plaintes introduites interpellent les ministres des Finances de tous les six pays de la sousrégion Afrique centrale, au Tchad, au Gabon, en Centrafrique, en Guinée équatoriale et même en France.

La fin de la plus grosse coopérative d’épargne
Comment et pourquoi la Cofinest était-elle l’objet d’autant de convoitises malsaines ? Il y a eu au départ les erreurs de gestion des promoteurs de la coopérative.
Des rapports indiquent que le plus gros actionnaire historique avait ainsi ouvert des comptes à l’étranger, approvisionnés avec l’argent des
épargnants au Cameroun, au mépris de la législation en matière de gestion bancaire. Il y a eu aussi les crédits de complaisance à de petits copains, ils sont connus et ne se cachent pas, qui ont eu raison de la mise restante des épargnants. Avec un portefeuille d’épargnants (ou d’adhérents) de 75 mille clients, un réseau de 27 agences, la Cofinest avait fini par faire des jaloux. Il est des banques au Cameroun qui ne font guère mieux et pour cela la microfinance serait à payer le prix fort pour avoir un tel portefeuille et un tel réseau d’agences.

Il se passe avec les banques dans un marché étroit comme il se passe ailleurs : un convive de moins, ça fait une portion de plus. La Cofinest a été forcée hors du marché, Amity Bank a connu le même sort au profit de banque Atlantique. L’entrée par effraction de la banque Atlantique sur le marché camerounais a été préparée à un très haut niveau de collusion politique et de maffia politique. Cette banque d’Afrique de l’Ouest arrive au Cameroun au moment où la mise de départ pour ouvrir une banque est revue à 10 milliards. Les promoteurs de la banque ont des problèmes et ont besoin d’un coup de pouce.

Ils vont inviter Charles Metouck au tour de table, lequel va sonner à son tour Essimi Menye et une belle brochette de princes bamilékés.Il suffit de se rendre sur le site de la Béac pour avoir l’identité de ces mystérieux actionnaires. On ne fera qu’une bouchée des promoteurs d’Amity banque, ils multiplient les procès gagnés, mais la cause est entendue.

La cause pourrait tout aussi bien être entendue pour les épargnants de la Cofinest. Ils peuvent déjà commencer à désespérer de leur argent. Les administrateurs provisoires désignés avaient d’autres visées pour la coopérative qu’ils étaient chargés de sauver : ils voulaient s’approprier du portefeuille et créer par la suite une autre coopérative qui serait cette fois à eux tous seuls. En plus du portefeuille qui ne les intéresserait plus, ils en avaient aussi après les quinze milliards des épargnants.

François Xavier Xinga est loin d’être un enfant de choeur.
Lorsqu’il décide de se faire remettre tous les livrets d’épargne détenus par les membres de la coopérative en échange de cartes d’identité bancaires, c’était tout à dessein. Non seulement les épargnants n’ont plus les moyens de prouver l’existence réelle de leur épargne, mais en plus ils ne peuvent plus rien prouver. Selon les textes en vigueur depuis l’adhésion du Cameroun à l’Ohada, un créancier qui se retrouve dans l’impossibilité de produire sa créance dans un délai de trente jours après une injonction du liquidateur perd son argent…

L’astuce est vieille comme le Cameroun et a déjà été éprouvée, par exemple avec les comptes d’épargne postaux. La Banque mondiale a commis un auditeur chargé de faire le point, il a usé de la même astuce qui consistait à reprendre les livrets des épargnants. Une fois en possession des livrets, il en établissait de nouveaux au profit de bénéficiaires qui n’avaient jamais ouvert le moindre compte dans la structure.Les heureux élus se retrouvaient ainsi du jour au lendemain avec cinquante ou quatre-vingt millions sur le livret et étaient payés en priorité.

Electrochoc
Qui viendra écraser une larme sur le sort de ces épargnants malheureux de la Cofinest ?
L’Etat a essayé et a consenti à ne payer que les clients dont les versements en compte variaient entre cent et cinq cent mille. L’opération a aussi été étendue aux épargnants qui avaient entreun franc et 99 mille francs. A bien évaluer, ils auront été spoliés de 14 milliards au moins. Ils devront prier que les pouvoirs publics et la justice camerounaise se saisissent du dossier. Les coupables de ce hold-up sont pourtant connus, mais au Cameroun, on ne peut jurer de rien. Les avocats du collectif de défense des épargnants n’en démordent cependant pas et sont décidés à aller jusqu’au bout.

François Xavier Zinga, qui est déjà pris sur le fait d’une tentative de hold-up, devra restituer sur l’assignation de référé d’heure en heure les dizaines de milliers de livrets d’épargne qu’il a eu la mauvaise idée de reprendre à «ses» épargnants dans un délai de trente jours. Au cas contraire, il devra payer cinquante millions par jour de retard. Mais une question demeure. Est-on sûr qu’on retrouvera lesdits livrets en état et dans leur totalité ? Rien n’est plus improbable.

Le drame de la Cofinest aura tout juste servi d’électrochoc, avec la décision prise par le ministère des Finances de ne plus organiser des enterrements dans le système bancaire camerounais. Mais il faudra pour cela affiner et resserrer les contrôles périodiques et mettre en place des
mécanismes de sauvetage de toutes les banques en difficulté.

Source: Les Nouvelles du Pays

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