Cameroun: chantage et collusion maffieuse entre le DG de SOSUCAM et le sommet de l’Etat

Ferdinang Ngo Ngo et le président Paul BIYA





La décision gouvernementale d’interdire des importations du sucre et du ciment fait jaser dans les milieux du patronat. Les opérateurs économiques y voient un complot qui peut avoir des effets boomerang dévastateurs dans les prochains jours.[pagebreak]Selon des sources introduites à la Présidence de la République, les pouvoirs publics viennent de céder au «sempiternel chantage» de la Société sucrière du Cameroun (Sosucam). Dans une correspondance adressée au Secrétaire général des services du Premier Ministre, et dont l’objet est relatif à la «suspension des autorisations d’importation », le Ministre, Secrétaire Général de la Présidence de la République Ferdinand Ngoh Ngoh indique qu’«En exécution des très hautes directives du Chef de l’Etat, j’ai l’honneur de vous faire connaître qu’il demande au Premier ministre, Chef du Gouvernement, de bien vouloir instruire les ministres respectivement en charge des Finances et du Commerce de suspendre, jusqu’à nouvel ordre, la délivrance des autorisations d’importation de sucre raffiné et ciment».

Une interdiction qu’à aussitôt relayé les médias gouvernementaux, notamment la Crtv Radio et Télé dans leurs éditions des journaux du 23 septembre 2014. Cette instruction qui a eu l’effet d’un couperet au niveau des divers chefs de départements ministériels concernés, alimente les commentaires et suscite, à juste titre, des réactions dans les milieux d’affaires.

Car, comment comprendre que le chef de l’Etat dont on connaît la ferme volonté à soutenir les investisseurs nationaux et l’attachement à la paix sociale peut-il, du jour au lendemain, bafouer des mesures qu’il a pourtant ordonnées, au risque des remous sociaux aux conséquences imprévisibles et inappréciables ? Qu’est-ce qui peut justifier ce retournement du président de la République, au moment où il multiplie des initiatives visant à tenir les promesses qu’il a faites aux populations, relativement à l’amélioration de leur niveau de vie ? Pis encore, au moment où les deux chambres parlementaires ont adopté la loi autorisant au Président de la République de signer les Ape.

Qui promeut la libre importation et exportation des produits de consommation. Et qu’on dit ouvrir à la compétitivité afin de booster les producteurs locaux à une concurrence qui les contraint à se conformer aux normes et aux standards. Toutes choses qui laissent croire que c’est une manoeuvre commanditée par un groupuscule d’individus qui, pour des intérêts inavoués, tenterait de vouloir discréditer toutes les initiatives gouvernementales et notamment celles relatives au déficit de la production nationale du sucre ? Ce d’autant plus que la Sosucam observe un arrêt technique dans ses usines de Nkoteng et de Mbandjock depuis ce mois de septembre et cela jusqu’en décembre 2014. Ce qui exigerait un besoin accru de la demande de ravitaillement du marché local que n’a jamais pu couvrir la Sosucam.

Surtout en cette période où les ressortissant des régions du Grand-Nord sont plus que jamais demandeurs. Après la fête du ramadan, la communauté musulmane prépare les fêtes de fin d’année et surtout de la Tabaski (ou fête du mouton). Et il est de notoriété que la Sosucam, elle-même procédé traditionnellement aux importations pour rester présent sur le marché.

Une source au Ministère du Commerce, qui s’étonne de cette décision en ce moment où le Cameroun a pratiquement signé les accords finaux des Ape, fait en outre remarquer que depuis plusieurs années, la Sosucam a toujours adressé des requêtes restées sans suite au gouvernement afin de suspendre toutes les autorisations d’importations accordées aux opérateurs économiques, qui concourent à satisfaire la demande nationale qui est d’environ 300 000 tonnes par an. Pourtant, il est de notoriété que la Sosucam produit seulement la moitié de cette demande du marché, soit 150 000 tonnes. Ce qui représente un gap de 150 000 tonnes à couvrir.

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