Système financier : Le FCFA, une monnaie inappropriée à l’émergence du Cameroun en 2035

port autonome de Douala

Economistes, banquiers et assureurs camerounais évaluent le rôle de la monnaie coloniale au confluent des autres monnaies.

Au moment où l’année 2019 jette ses dernières lueurs sur le continent africain, le FCFA (Franc des colonies françaises d’Afrique à sa création en 1945, puis Franc de la communauté financière en Afrique) est en voie d’être soustrait du vocabulaire des huit pays de la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) pour laisser place à l’Eco en 2020. Ces pays sont : le Benin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée Bisau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo regroupés au sein de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest africaine). Et dans la Zone Franc, il n’y aura plus que six pays de l’Afrique centrale regroupés au sein de la Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale), qui vont continuer à utiliser le FCFA. Ces pays sont : le Cameroun, la Centrafrique, le Congo, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Tchad.

Mais comme pour secouer le cocotier afin que tombent les noix, la Fondation Elessa Lothin-Sen (créée le 19 octobre 2017), en collaboration avec ses partenaires constitués au sein de Lothe Consulting Assurances (LCA), dans le cadre de ses activités annuelles, notamment le Forum économique dénommé « Rencontres professionnelles LCA/Professionnals Meeting », a tenu une table ronde dans un hôtel de Yaoundé. C’était samedi 28 septembre 2019, sous le thème « Le Franc Cfa peut-il accompagner l’émergence du Cameroun en 2035 ? Quelles réformes pour le système banquier et financier ? » Les experts : Dr Roger Mbassa Ndine, sénateur ; Dominique Mahend, directeur général UBA Cameroun ; Absakal Mahamat, directeur général BGFI Cameroun ; et Louis Deschamps Lothin Elessa, président de la Fondation Elessa Lothin-Sen, ont fourni les clés pour comprendre la situation économique peu reluisante du Cameroun dans un système bancaire et financier régi par la monnaie coloniale.

Roger Mbassa Ndine, qui est une des personnes à avoir travaillé sur le Document de Stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE), dont la première phase (2010-2019) d’implémentation arrivera à échéance en décembre prochain, a montré les forces et les faiblesses de cet instrument censé booster le développement du Cameroun vers son émergence. Même si l’ancien cadre du ministère de l’Economie, de la planification et de l’aménagement du territoire (Minepat) justifie qu’il y a eu des avancées significatives, il ressort surtout que le DSCE a échoué dans sa majeure partie. C’est la raison pour laquelle la deuxième phase dudit document est déjà en élaboration pour entrer en implémentation dès janvier 2020.

Les Camerounais, source du problème

Si les banques trainent encore à jouer le rôle indéniable dans l’émergence du Cameroun, c’est fort bien à cause d’un environnement financier et économique malsain. Défendant sa chapelle, Dominique Mvogo nuance : « Les opérateurs économiques doivent être conscients de leur pays. Les solutions sont en train d’être prises pour qu’un environnement économique sain revienne au Cameroun, pour que tous les acteurs économiques se retrouvent et continuent leurs business dans de très bonnes conditions ». Et Roger Mabassa Ndine de revenir à la charge : « Il est certain qu’il faut une révolution du FCFA mais je il faut une révolution dans les incitations banques pour financer l’activité de production de manière à ce que le Cameroun produise ce qu’il consomme. Or, aujourd’hui, le système fonctionne de manière à favoriser plutôt les importations. Il faut que les méthodes changent : comment notre monnaie se comporte par rapport aux autres monnaies ? Est-ce qu’il restera arrimé à l’Euro ou pourra-t-elle être arrimée à un panier de monnaies pour le rendre un peu plus flexible et pour qu’elle puisse mieux enregistrer l’évolution du commerce extérieur ? », s’interroge-t-il.

Si Louis Deschamps Lothin Elessa enfonce le clou en indiquant que le FCFA est une monnaie inappropriée pour l’atteinte de l’émergence du Cameroun en 2035, Fritz Dikosso-Seme, un des participants, impute la responsabilité de la décrépitude de l’économie camerounaise à sa population. « Depuis de nombreuses années, il y a polémique sur le rôle que peut jouer le FCFA dans l’émergence du Cameroun. Plusieurs personnes se plaignent que la banque centrale ne puisse pas avoir assez de flexibilités pour pouvoir financer l’économie. Le vrai problème n’est pas forcément le FCFA, mais la productivité au niveau du Cameroun ; l’amélioration de la gouvernance ; le fait que le Cameroun puisse prendre conscience que nous sommes les propres moteurs de notre développement.

Et si nous produisons suffisamment, le FCFA ne sera qu’un problème qui va trouver la solution de lui-même. Pour l’heure, concentrons-nous d’abord sur l’amélioration de la gouvernance, la compétitive, la productivité, notamment produire camerounais ». Rendez-vous a été pris pour le 16 novembre prochain, à Douala, pour un autre forum économique sur la fiscalité cette fois-là.

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