Ferdinand Ngoh Ngoh interpelle les ministres après sa mission présidentielle
Le désenclavement de l’Extrême-Nord semble enfin devenir une priorité nationale. Dans une initiative qui redonne espoir aux populations longuement marginalisées de cette région, Ferdinand Ngoh Ngoh, Secrétaire Général de la Présidence de la République (SGPR), a adressé deux correspondances pressantes aux ministres des Travaux Publics et de l’Habitat et du Développement Urbain. Ces lettres, expédiées au lendemain de sa visite dans la région les 15 et 16 février 2025, exigent des explications sur les retards persistants concernant des infrastructures vitales pour cette partie du pays asphyxiée par l’isolement.
« Urgence particulièrement signalée » – cette mention qui conclut la lettre adressée à Emmanuel Nganou Djoumessi, ministre des Travaux Publics, traduit l’impatience des plus hautes autorités face à la lenteur des chantiers de la route « Mora-Dabanga-Kousseri » et du bitumage de l’axe « Maltam-Fotokol ». Ces projets, maintes fois annoncés et sans cesse reportés, sont pourtant essentiels pour désenclaver une région qui paie un lourd tribut à l’insécurité et qui souffre d’un sous-développement chronique.
Des projets vitaux en attente depuis trop longtemps
Dans sa correspondance, Ferdinand Ngoh Ngoh demande expressément au ministre des Travaux Publics « le point des diligences menées à ce jour, assorti des mesures prises » pour la finalisation de ces projets routiers stratégiques. Une formulation administrative qui cache à peine l’impatience présidentielle face aux retards accumulés.
Parallèlement, Célestine Ketcha Courtès, ministre de l’Habitat et du Développement Urbain, est sommée de fournir des explications sur l’état d’avancement du projet de « reconstruction du pont sur le Mayo-Danay à Yagoua ». Cet ouvrage d’art est crucial pour les échanges commerciaux dans une région où l’agriculture et le commerce transfrontalier constituent les principales activités économiques.
Ces correspondances interviennent dans un contexte particulier, alors que la région de l’Extrême-Nord fait toujours face à des attaques sporadiques de Boko Haram et que le Plan présidentiel de reconstruction peine à produire des résultats tangibles sur le terrain. La visite du SGPR semble donc avoir été l’occasion d’un constat sans appel sur l’état d’avancement des projets d’infrastructure dans cette partie du pays.
Un tournant pour le développement régional ?
Cette intervention directe du Secrétaire Général de la Présidence, agissant sur instruction expresse du Chef de l’État, pourrait marquer un tournant dans l’approche gouvernementale vis-à-vis de l’Extrême-Nord. En effet, ces correspondances suggèrent une prise de conscience au sommet de l’État de l’urgence de désenclaver cette région stratégique, frontalière avec le Tchad et le Nigeria.
Les projets évoqués ne sont pas nouveaux – certains figurent dans les programmes gouvernementaux depuis plus d’une décennie – mais leur mise en œuvre effective a souvent été entravée par des contraintes budgétaires, des lourdeurs administratives ou des considérations sécuritaires. La mention « d’ordre du CHEF DE L’ÉTAT » dans les correspondances suggère cependant une volonté présidentielle de passer enfin des promesses aux actes.
Pour les populations de l’Extrême-Nord, ces infrastructures représentent bien plus que de simples chantiers : elles symbolisent l’espoir d’un désenclavement qui pourrait transformer radicalement leurs conditions de vie. La route Mora-Dabanga-Kousseri est notamment considérée comme l’épine dorsale économique de la région, tandis que l’axe Maltam-Fotokol constitue un maillon essentiel des échanges avec le Nigeria voisin.
Reste à voir si ces correspondances seront suivies d’effets concrets et si les ministres interpellés sauront apporter des réponses satisfaisantes aux questions soulevées par le SGPR. Pour l’heure, cette initiative redonne espoir aux populations de l’Extrême-Nord, trop souvent oubliées des grands projets de développement national.