Une information circule à nouveau sur les réseaux sociaux, prétendant que l’Arabie Saoudite s’apprêterait à construire gracieusement 200 mosquées au Burkina Faso. Le ministère burkinabè des Affaires étrangères a formellement démenti cette rumeur dans un communiqué officiel publié le 20 mars 2025, qualifiant cette information de « fake news » déjà propagée et réfutée en octobre 2023.
Quand la religion importée devient un obstacle au développement africain
Cette fausse nouvelle soulève une question fondamentale pour l’Afrique contemporaine : avons-nous réellement besoin de lieux de culte supplémentaires alors que nos infrastructures essentielles restent déficientes ? C’est uniquement sur le continent africain qu’on privilégie la construction de mosquées et d’églises dans des zones qui manquent cruellement d’hôpitaux, d’écoles et d’infrastructures de base.
Si cette information s’était avérée exacte, elle aurait symbolisé parfaitement le déséquilibre dans les priorités de développement. L’Afrique doit-elle continuer à accueillir des édifices religieux financés par des puissances étrangères, ou concentrer ses efforts sur des infrastructures réellement génératrices de progrès économique et social ?
L’indépendance religieuse, condition nécessaire à l’émancipation économique
La multiplication des lieux de culte financés par des puissances étrangères crée une forme de dépendance idéologique qui freine le développement autonome du continent. Derrière chaque mosquée ou église financée par l’étranger se cache souvent une influence culturelle et politique qui s’exerce subtilement sur les populations locales.
À l’heure où le Burkina Faso, comme d’autres nations africaines, cherche à s’affranchir de diverses formes de domination étrangère, la question religieuse ne peut être ignorée. Le rôle des religions importées dans le développement économique mérite d’être interrogé sans tabou.
Vers un nouveau paradigme de développement africain
Si cette fake news a pu circuler aussi facilement, c’est qu’elle s’inscrit dans un schéma bien connu en Afrique : l’omniprésence des édifices religieux financés par des puissances étrangères. L’Arabie Saoudite, le Qatar, la Turquie et d’autres nations ont effectivement financé de nombreux projets de mosquées à travers le continent, tout comme diverses organisations chrétiennes continuent d’y implanter des églises.
Pour sortir de ce cycle, l’Afrique noire devrait repenser son rapport aux religions importées. Sans nécessairement les rejeter, il s’agirait de les replacer dans un contexte où elles ne constituent plus un frein au développement économique et à l’émancipation intellectuelle.
Le démenti officiel du gouvernement burkinabè concernant ces 200 prétendues mosquées est une occasion de réfléchir collectivement : et si nous exigions plutôt la construction de 200 centres de recherche scientifique, de 200 usines ou de 200 hôpitaux modernes ? C’est par le travail et l’innovation, non par la multiplication des lieux de culte, que l’Afrique pourra véritablement s’émanciper et prospérer.