Ramadan à Foumban : Vers un apaisement politique dans le Noun?

Ramadan à Foumban

Um Donacien a rompu la tradition de guéguerre à la fête du Ramadan pour se rendre à Njinka le 13 mai dernier en compagnie du sous-préfet de Foumban.

« Depuis la nuit des temps, cette cour (Njinka place) a toujours rassemblé les Bamoun. Monsieur le préfet du Noun, je vous dirai que nous sommes très ravis car grâce à vous, nous reconnaissons que l’autorité est à Foumban. C’est pour cela que je vous dis que j’ai un cœur bondé de joie», ainsi se réjouissait sous les youyous, le représentant des fidèles musulmans tout juste à la fin de la prière d’Eid Al-Fitr marquant la clôture du saint mois de jeûne. Ce jeudi 13 mai 2021 est à n’en point douter à marquer d’une pierre blanche, car depuis l’avènement de la démocratie, un représentant de l’État est venu à Njinka avec de nobles intentions, celle de communier avec les populations de son unité administrative comme on le voit partout à travers la République en pareille circonstance. Un acte isolé ou le début d’une ère nouvelle qui augure d’une neutralité de l’administration de s’immiscer à ciel ouvert dans les affaires politiques partisanes? Toujours est-il que dans la grande cour de Njinka qui s’est révélée étroite pour contenir les fidèles musulmans, l’étonnement était à son comble et se lisait sur les visages de compter le préfet au nombre des leurs.

Accueilli par Patricia Tomaïno Ndam Njoya et le chef de la famille Njimonkouop, le préfet Um Donacien accompagné du sous-préfet de Foumban, n’est pas sans ignorer que par son acte, il prend véritablement le contrôle sur un pan important de la population non pas seulement de Foumban mais aussi de tout le Noun. Cette dimension a toujours échappé à son prédécesseur Boyomo Donatien, englué dans une relation orageuse avec la famille politique du l’Union démocratique du Cameroun (Udc). C’est précisément là tout le sens du représentant des fidèles musulmans qui s’écrie que par la venue du préfet à Njinka, il reconnaît que l’autorité est à Foumban.

Une nouvelle ère de liberté et de la responsabilité

« Monsieur le préfet, le bonheur de la grande famille Bantou Sounchefit qui vous accueille ce jour est à son comble. En effet votre présence augure à n’en point douter, « la nouvelle ère annoncée par le Dr Adamou Ndam Njoya peu avant son rappel à Dieu et qui va être notre fil conducteur pendant les cinq années à venir. L’ère de la liberté, de la responsabilité, de la contribution de tous », a pour sa part indiqué le maire de Foumban. En toile de fond, on comprend toute la détermination de l’édile de la cité des arts d’indiquer qu’une véritable ère nouvelle s’incarne dans le respect des libertés individuelles et collectives, du respect de la loi républicaine, de la responsabilité des uns et des autres dans les actes posés, d’en assumer entièrement et totalement la comptabilité. Autant dire qu’il s’agit en filigrane des universités de la famille Udc pour les cinq prochaines années. Monsieur le préfet a-t-il trouvé ces modules digestes? Bien entendu qu’il ne saurait en être autrement du moment où, ce jeudi 13 mai, il est venu au campus de cette université, en bonne intelligence. « Njnka place », aux dires de la présidente de l’Udc, est chargé de plus de 200 ans d’histoire des Bamoun, « ce à travers la famille Njimonkouop, parmi celles des familles-piliers de la circonscription administrative dont vous avez la charge », a-t-elle assuré le préfet.

Njinka n’est donc pas un haut lieu de la contestation, mais la matrice pour la survie de la dynastie. On sait aussi que c’est en 1992 que le Dr Adamou Ndam Njoya a pris le relais de la succession à Njinka, comme chef de la famille Njimonkouop. Ce rappel historique aura affiné la sensibilité de Um Donatien sur les subtilités de la vie politique dans le Noun. Il aura certainement appréhendé dans toute sa globalité les bisbilles qu’il y a lieu lors de son installation le 12 janvier dernier, au cours d’une cérémonie présidée par le gouverneur de l’Ouest. Il doit aussi mieux cerner le jeu et les enjeux autour de la Porte d’entrée de la ville de Foumban. La grosse et brûlante question qui demeure est de savoir s’il aura les coudées franches pour déblayer le chemin qui mène au Capitole de la République. A ce niveau, le plus dur aura été de commencer à faire les choses autrement, de rompre avec les postures belligérantes et partisanes.

Léopold DASSI NDJIDJOU

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