Les producteurs sont menacés par les autorités administratives et les responsables de la société de développement du coton (Sodecoton) sur le choix de leur représentant dans les organisations des producteurs de coton.
La tension est vive entre les producteurs de coton des secteurs de Hina, Bibemi, Dogba, Touboro, Mokong. Cette grogne fait suite à l’immixtion dans le processus de renouvellement des bureaux des organisations des producteurs par certains dirigeants de la société de développement du coton (Sodecoton). Selon les producteurs de coton, dans les secteurs cotonniers cités plus haut, Oumarou Bouba, le directeur de la production agricole est à la manœuvre pour torpiller le processus engagé par la confédération nationale des producteurs de coton (Cnpc) avec l’aval du ministère de l’agriculture et du développement rural (Minader). Engagé le 1er décembre 2021, ce processus doit s’achever le 23 décembre prochain pour permettre à la Cnpc de s’arrimer aux normes de l’OHADA, qui régissent le fonctionnement des sociétés coopératives. Seulement sur le terrain, l’opération est torpillée par certains responsables de la Sodecoton avec la complicité des chefs traditionnels et autorités administratives qui y voient leurs intérêts menacés dans les choix opérés par les producteurs de coton à la base. L’objectif est d’avoir le contrôle sur le déroulement des opérations afin de placer des hommes à leur solde.
Les élections reportées par trois fois à Mokong
Dans le secteur de Mokong, le chef du village s’est opposé à la réélection du candidat sortant. Il reproche à Youssoufa son insoumission vis-à-vis de la Sodecoton, alors que ce dernier est le choix des producteurs de coton. Par trois fois, les élections ont été reportées dans cette localité. Le Lawane de Mokong Bello Bissadou a envoyé ses sbires semer le trouble et a fait appel aux gendarmes pour disperser les producteurs réuni pour l’élection. L’autorité traditionnelle fait savoir à qui veut l’entendre qu’elle fera tout pour que son candidat adoubé soit élu. Malgré la tentative des producteurs aidés par les responsables de la Cnpc de délocaliser les élections dans un autre village, c’est le sous-prefet de Mokong qui va intervenir pour annuler la tenue de cette consultation sous le prétexte que la sodecoton n’est pas au courant du déroulement de ces activités des producteurs. Les responsables de la Cnpc présenteront en vain la correspondance du Minader sans succès.
Dogba, le lamido ne veut pas de son frère
A Dogba, c’est le lamido, qui est par ailleurs le maire sortant de Maroua 2ème qui ne veut pas voir son frère à la tête de l’organisation des producteurs de coton. Selon diverses sources, le lamido de Dogba en froid avec son frère ne veut de celui-ci à la tête de l’organisation des producteurs de Dogba. Du côté deTouboro, ce sont les électeurs qui sont intimidés par les responsables de la sodecoton. Ils reçoivent chaque jour des appels téléphoniques. « J’ai été appelé plusieurs fois par le chef secteur pour me dire que notre candidat n’est pas aimé par la direction générale de la sodecoton. Et que ce processus est illégal », explique Sadjo Luc, un producteur de coton. D’autres comme lui, reçoivent des menaces à travers des convocations à la gendarmerie ou à la Faadah du Lamidat de Rey-Bouba.
Sodecoton pourrait perdre jusqu’à 100.000 tonnes
Dans l’arrondissement de Bibemi, le maire et le sous-prefet sont décidés à en découdre avec tout candidat qui ne serait pas de leur bord. « Jusqu’à ce jour, nous rencontrons des difficultés pour tenir ces élections qui sont soient troublées par les hommes de main des chefs traditionnels ou alors interdites par les autorités administratives sous la demande des responsables de la Sodecoton », regrette un responsable de la Cnpc. Selon plusieurs sources à la Sodecoton, cette crise que tente de créer certains responsables de l’entreprise risque coûter gros à l’entreprise. Ce responsable estime les pertes à plus de 100.000 tonnes dans les régions concernées si la situation n’est pas résolue.
Joint au téléphone par Le Jour, le directeur général de la Sodecoton s’est refusé à tout commentaire. Mohamadou Bayero a dit ne pas être courant de l’immixtion des responsables de son entreprise dans le processus électoral en cours. Il s’est désolidarisé de son directeur de la production agricole et du chef de la division de la professionnalisation à la Sodecoton qui sont sur le banc des accusés de la Cnpc. Dans sa correspondance en date du 27 novembre 2021, le ministre de l’agriculture et du développement rural, Gabriel Mbairobé s’est voulu clair. Il a instruit les responsables de la Cnpc de mener le processus de renouvellement des organisations paysannes de producteurs de coton qui est à sa phase de mutation depuis quelques années pour se conformer aux dispositions du droit OHADA, est une structure autonome des cotonculteurs des régions septentrionales. Pour cela, le Minader a donné à la Cnpc la date du 31 décembre 2021 pour boucler l’opération.